La quadrature des prix

21/09/2024 mis à jour: 15:30
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L’évolution des prix sur les marchés est, pour le simple citoyen, une véritable énigme, en plus d’être une épreuve de tous les jours. La situation est si irrationnelle que les commerçants partagent souvent la peine et l’indignation de leurs clients, exhibant volontiers les factures pour attester de leur modeste marge bénéficiaire. 

Pour les pouvoirs publics, c’est la quadrature du cercle. Aucune solution n’a été esquissée pour être mise en œuvre durablement. Des déclarations fortes avaient été faites, avant l’été, au sujet d’un fruit d’importation largement distribué, et dont le prix sur les étals ne devait pas dépasser les 200 DA. Il en vaut plus du double aujourd’hui dans la plupart des magasins et autres marchands. 

C’est le prix d’un légume de large consommation qui a suscité une mémorable réaction d’un ancien ministre de l’Agriculture, conseillant de «changer de quartier» un journaliste l’ayant interpellé sur la hausse touchant ce produit de base. Le constat d’échec continue de planer, et les citoyens sont parfois les seuls à l’établir quand ils sont confrontés à des hausses injustifiées, notamment lorsque cela concerne des productions annoncées abondantes, à l’image des raisins et autres fruits cultivés avec succès au niveau national. 

Dans la communication des services du commerce, on est encore «scotché» aux fournitures scolaires. Le contrôle a été resserré sur ces articles qui vont encombrer les tables des écoliers et alourdir leurs cartables. Il est utile de rappeler que l’alimentation équilibrée conditionne prioritairement le renforcement des fonctions cognitives. Les parents peuvent, en effet, se référer au conseil de l’ancien ministre et se rendre dans des villes où la pratique commerciale est mieux enracinée, et bénéficiant de la proximité des producteurs, pour acquérir des fruits et des légumes à moindre prix. Mais la solution véritable est d’harmoniser les marchés à travers toutes les localités avec une adaptation des systèmes de distribution et de couverture par les services en charge de la lutte contre la spéculation.


Les réponses préconisées pour stabiliser les marchés peuvent s’avérer probantes mais soulèvent parfois des questionnements autour d’autres aspects encore plus névralgiques, comme celui relatif à la santé publique. Une très forte attention a été portée ces dernières semaines au créneau des grandes surfaces, soulignant leur rôle dans la régulation des approvisionnements et des prix. Il ne faut toutefois pas oublier des programmes d’une très haute importance mis en place précédemment par les autorités sanitaires du pays, et liés à la prévention des fléaux affectant la santé publique, comme l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires. 

Les grands rayonnages, dominés par les produits transformés, connaissent une expansion accélérée, tandis que la sensibilisation autour des additifs dits alimentaires n’est pas encore enclenchée. Il y a de lancinantes attentes et des lacunes à combler en matière d’informations sur le monde encore abscons de l’agroalimentaire, comme l’usage intensif de certaines huiles végétales, ayant déjà dénaturé nombre de produits autrefois prisés, les fromages en l’occurrence, et qui entrent avec le sucre dans d’autres préparations avec effet dommageable sur les vaisseaux sanguins en cas de consommation immodérée. L’exigence de régulation des prix doit aller de pair avec celle de la protection de la santé publique. 

Ces démarches distinctes mais complémentaires s’inscrivent dans le même objectif d’amélioration du niveau et de la qualité de vie des citoyens, et requièrent la mobilisation des autorités ainsi que de la société civile, les associations de défense des consommateurs et les collectifs scientifiques et universitaires. 

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