Si les relations politiques entre les deux pays étaient toujours denses, les échanges commerciaux n’ont pas suivi. Selon l’ambassade de l’Inde en Algérie, les échanges entre les deux pays ont atteint un pic de 2,9 milliards de dollars en 2018, avant de chuter à 1,5 milliard de dollars en 2021.
La présidente de l’Inde, Mme Droupadi Murmu, arrivera, aujourd’hui à Alger, dans le cadre d’une visite d’Etat de deux jours, à l’invitation du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. C’est ce qu’a annoncé le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué, précisant que Mme Droupadi Murmu a entamé une tournée en Afrique qui la conduira aussi en Mauritanie et au Malawi.
Selon la même source, la présidente indienne devra s’entretenir avec le président, Abdelmadjid Tebboune, ainsi que les présidents des deux Chambres du Parlement, Salah Goudjil et Brahim Boughali. Elle devra aussi, ajoute le communiqué, prononcer «un discours devant les participants au Forum économique Inde-Algérie», avant de se rendre au pôle scientifique et technologique de Sidi Abdellah et inaugurera l’India Corner au Hamma Garden du Jardin d’essai.
Première du genre pour un président de la République de l’Inde, cette visite devra être une occasion pour les deux pays de lever tous les malentendus, survenus, notamment, suite au rejet de la demande d’adhésion de l’Algérie au club des BRICS. L’Inde serait l’un des pays ayant opposé leur veto à l’intégration de l’Algérie à cette entité économique, suite à un lobbying des Emirats arabes unis. Cette affaire sera sans doute abordée par les présidents des deux pays.
En outre, selon le communiqué du ministère indien, cette visite «devrait permettre de renforcer davantage les liens bilatéraux entre l’Inde et l’Algérie», rappelant que «les deux pays coopèrent déjà dans plusieurs domaines, particulièrement stratégiques comme le pétrole et le gaz, la défense et la coopération spatiale».
Des liens historiques
Excepté le couac des BRICS, les liens politiques entre Algérie et l’Inde ont toujours été solides. Historiques. En effet, les relations diplomatiques entre les deux pays ont été établies en juillet 1962, soit durant la première année de l’indépendance de l’Algérie. L’Inde figure aussi parmi les pays ayant soutenu le mouvement de libération algérien, avec l’ouverture des bureaux du Front de libération nationale (FLN) dans ce pays à la fin des années 1950 et au début des années 1960.
Après l’indépendance, les deux pays ont fait partie du Mouvement des non-alignés (MNA) et ont, tous les deux, soutenu les pays en développement. De plus, les deux pays se soutiennent mutuellement sur des questions au niveau bilatéral et multilatéral. Les dirigeants des deux pays ont échangé aussi des visites de haut niveau. Le premier président algérien à se rendre en Inde était Chadli Bendjedid en 1982, 1983 et 1987.
Pour sa part, le président Abdelaziz Bouteflika avait été invité à la célébration de la fête de la République de l’Inde qui a eu lieu du 24 au 29 janvier 2001. Plusieurs hauts responsables indiens ont effectué également des visites en Algérie, dont les vice-présidents Zakir Hussain (1964), Mohammad Hidayatullah (1979) et Shri Hamid Ansari (2016). La Première ministre indienne, Indira Gandhi, avait participé aussi au sommet du Mouvement des pays non alignés qui avait eu lieu en septembre 1973 à Alger.
Accélérer les échanges commerciaux
Si les relations politiques entre les deux pays ont toujours été denses, les échanges commerciaux n’ont pas suivi. Selon l’ambassade de l’Inde en Algérie, les échanges entre les deux pays ont atteint un pic de 2,9 milliards de dollars en 2018, avant de chuter à 1,5 milliard de dollars en 2021 «en raison de l’impact de la Covid-19 et des stratégies de restriction sur les importations adoptées par l’Algérie». Selon la même source, le commerce a rebondi de 24% en 2022 pour atteindre les 2,1 milliards de dollars. L’Inde exporte vers l’Algérie en 2023-2024 l’équivalent 848,16 millions de dollars.
Ces exportations sont constituées principalement de riz, de produits pharmaceutiques, de polyéthylène téréphtalate, de granit et de viande. L’Inde importe à partir de l’Algérie l’équivalent de 885,54 millions de dollars (2023-2024) en huiles de pétrole, en GNL, en phosphates de calcium naturel et en méthanol saturé.
En matière d’investissement, plusieurs entreprises indiennes activent en Algérie dans les secteurs public et privé. Elles participent, notamment, dans la réalisation des projets de logement, la construction des hôpitaux, le chemin de fer et les services numériques.
L’Inde, une puissance avec un PIB en hausse
Le PIB indien a augmenté de 6,7% lors du premier trimestre de l’année fiscale 2024-2025 (avril-juin) par rapport à la même période de l’année précédente. Ce taux – inférieur aux différentes prévisions, la Banque centrale indienne tablait sur une croissance de 7,1% – est le signe d’un ralentissement de la croissance économique en Inde, selon Les Echos.
C’est le taux de croissance trimestriel du PIB le plus bas en quinze mois. Et sur le trimestre précédent (janvier-mars), la croissance avait atteint 7,8%. Les différents experts interrogés sur la situation économique avaient anticipé ce ralentissement, à cause notamment du marathon des élections de mai-juin qui ont reconduit le Premier ministre, Narendra Modi, au pouvoir, mais en raison aussi de la vague de chaleur intense qui a accablé le nord du pays à la même période, fait remarquer la même source.
Pour les autorités de New Delhi, il n’y a pas de raison de s’inquiéter, relève le périodique. «L’Inde a été l’économie majeure la plus dynamique lors de ce trimestre», s’est félicité V. Anantha Nageswaran. «Malgré le ralentissement, les données sont positives, avec une augmentation notable de la consommation privée et une légère hausse des investissements», a appuyé Sujan Hajra, économiste en chef chez le courtier Anand Rathi, cité par Les Echos. R. N.