La migration estivale

16/07/2022 mis à jour: 02:31
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Le 5 juillet, jour de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse, devant la stèle commémorative «Jalon de la liberté» qu’ils viennent d’inaugurer à Sidi Fredj, là où a débarqué l’envahisseur français en 1830, le président Abdelmadjid Tebboune et son invité pour les festivités de la commémoration, le président tunisien, Kaïs Saïed, annoncent conjointement la réouverture, le 15 juillet, de la frontière tunisienne, fermée depuis le 17 mars 2020, et de libérer le passage aux millions de vacanciers très attendus dans le pays du Jasmin. Surprise générale. Bonne ou mauvaise nouvelle, nul ne s’y attendait.

Avant cette date, en ne parlant que des vacanciers, ceux qui peuvent se permettre de bouger en été, bon nombre d’entre eux avaient déjà fait leur projet de vacances et presque bouclé leurs valises pour l’étranger, rouvert avec la reprise de vols en juin 2021. La Turquie, notamment pour les facilités de visas. D’autres préfèrent ou se contentent de vacances chez nous dans les établissements hôteliers ou en location chez l’habitant. On n’attendait plus que passe l’Aïd et les résultats du bac pour se décider du lieu et de la durée du séjour.

L’ouverture de la frontière terrestre avec la Tunisie, qui recevait le plus gros contingent de vacanciers algériens, qu’on a du reste mal estimé de ce côté comme de l’autre de la frontière algéro-tunisienne, a tardé, bien que réclamée à cor et à cri depuis la décrue de la pandémie en mars 2022. La Tunisie a donc été écartée des projets des vacances de 2022.

Les tour-opérateurs et agences de voyages restés aux aguets le premier semestre de l’année et attentifs aux échos provenant du voisin de l’Est où, à différentes reprises, on a annoncé quasi officiellement des préparatifs pour recevoir 3 millions d’Algériens, ont fini par se résigner à la fin de l’année scolaire et se sont tournés vers d’autres horizons. Les autres catégories de vacanciers, les plus nombreux, véhiculés plus indépendant pour le gîte et le couvert ont fini par se lasser des supputations de part et d’autre sur la réouverture de la frontière terrestre.

C’est donc à la surprise générale que le 5 juillet, en Tunisie comme en Algérie, on apprend que la frontière rouvre dans 10 jours. C’est aussitôt la liesse en Tunisie, mais des sentiments mitigés en Algérie. Il y a comme toujours les pour et les contre, très minoritaires mais incisifs sur les réseaux sociaux, pour ouvrir la Tunisie à nos compatriotes. D’autres ont montré des appréhensions craignant une raréfaction, donc une hausse des prix, des produits de large consommation avec la contrebande qui ne va pas manquer de repartir de plus belle.

On s’interroge toujours sur les circonstances de cette décision très tardive et impromptue. Nul n’en a eu vent même dans les hautes sphères des deux pays et pas une seule fumée qui s’est échappée des services concernés, ce qui suppose que le secret, s’il en est, a été bien gardé.

Cependant, cette hypothèse est battue en brèche lorsque l’on apprend que les services de la DGSN et des Douanes algériennes ont travaillé d’arrache-pied et sous pressions pour préparer dans les meilleures conditions la réouverture qui a eu lieu hier à 00h00 précises dans les 9 postes frontaliers retenus.

De l’autre côté de la frontière, l’opinion penche plutôt pour une demande pressante du président tunisien, Kaïs Saïed, pour desserrer l’étau sur la population aux abois et par la même occasion sur sa personne.

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