En crise et lourdement impactée par les retombées de la pandémie, la filière ciment, dont la consommation a fortement chuté ces deux dernières années avec le recul de la commande publique, a tenté de se redresser en redéployant les efforts sur le marché international.
Le cap a en effet été mis du côté des entreprises de la filière sur la multiplication des opérations d’exportation. C’est le cas pour les groupes GICA, Lafarge, Amouda et celui de Biskra, notamment au moment où les petites unités tentent de survivre à cette crise. Cependant, les projections en matière d’exportation risquent d’être chamboulées.
La grève entamée depuis une semaine des chauffeurs transporteurs de clinker s’annonce lourde de conséquences sur ces exportations. Les entreprises concernées ne manquent pas d’afficher leurs craintes.
Après avoir mis tous les moyens humains et financiers pour développer leurs exportations et réussir à réaliser de bonnes performances pour le clinker, dont les exportations ont connu une évolution importante durant les trois dernières années, passant de 1,6 million de tonnes en 2019 à 6,2 millions de tonnes en 2021, les résultats risquent de repartir à la baisse avec cette grève. La filière pourrait en pâtir.
«C’est l’avenir des exportations de notre pays qui est mis en jeu du fait que les partenaires étrangers, très mécontents de cette situation, se redirigent rapidement vers d’autres producteurs voisins concurrents, qui seront ravis de les récupérer et leur offrir un bien meilleur service», indique un communiqué parvenu à notre rédaction, document signé par GICA, Lafarge, Amouda et le groupe de Biskra.
Ces entreprises se disent convaincues des efforts de l’Etat algérien pour la diversification des exportations hors hydrocarbures, mais s’interrogent sur les raisons de ce blocage. Et ce d’autant, affirment-ils, que les revendications des protestataires ont été prises en charge.
Mouvements de protestation
En effet, depuis le début du mois de février et suite à la décision des autorités algériennes de l’application stricte de la loi relative à la surcharge des camions, des mouvements de protestation et de fermeture des routes se sont rapidement mis en place sur l’ensemble des trajets menant aux ports. C’est le cas essentiellement à l’est du pays. Les transporteurs réclament une augmentation des prix d’acheminement du clinker vers les ports.
Une revendication que les entreprises exportatrices ont annoncé avoir pris en charge. «Après négociation avec les transporteurs de clinker destiné à l’exportation et compte tenu de la baisse de charge parfois inférieure à la carte grise du véhicule, nous avons répondu favorablement à ces demandes en augmentant le prix du transport pour compenser proportionnellement la baisse de charge», indique le communiqué à ce sujet.
Et de préciser que les différentes réunions tenues avec les représentants des transporteurs se sont soldées par «une acceptation et une satisfaction totale de leur part». Une réponse qui ne s’est pas concrétisée sur le terrain, selon la même source.
«Aujourd’hui, nous constatons malheureusement que des blocages de routes persistent, accompagnés de menaces, d’intimidation et de violence à l’égard des chauffeurs qui souhaitent reprendre leur activité, et que les efforts mis en place par nos entreprises sont restés vains», souligne le communiqué.
Réagissant à cette situation, le ministre des Transports, Aïssa Bekkaï, a appelé les responsables des entreprises et sociétés de transport ainsi que les entreprises portuaires à assurer les moyens et les équipements nécessaires pour faciliter l’exportation.
Il s’agit aussi d’œuvrer, en coordination avec les producteurs de ciment et de clinker, à l’élaboration d’une feuille de route commune en vue de développer cette activité, selon un communiqué du ministère. Et ce, à l’issue d’une rencontre à laquelle ont pris part, notamment, les représentants de producteurs de ciment à travers le pays (Groupe industriel des ciments d’Algérie - GICA).