Les essais nucléaires français en Algérie continuent d’enregistrer des conséquences désastreuses sur la population locale. A In Ekker, à quelque 150 kilomètres au nord de Tamanrasset, et aussi à Reggane, on enregistre encore des naissances d’enfant avec des malformations liées directement aux retombées radioactives.
C’est le constat établi par le Dr Elias Akhamoukh, chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Tamanrasset. Intervenant hier sur les ondes de la Radio Chaîne 3, le spécialiste en maladies infectieuses confirme ce diagnostic en évoquant des enfants qui naissent avec des maladies rares, comme les enfants de la lune, et ceux ayant des malformations congénitales. Des maladies qui nécessitent aujourd’hui des équipements spéciaux et une prise en charge particulière.
Sans donner de statistique, il s’agit, pour le médecin, des répercussions directes des essais nucléaires et des radioactivités qui «vont encore durer pendant de longues décennies dans ces régions». Une région (Tamanrasset notamment) qui n’a pas, jusqu’à présent, de «centre anticancer», précise le Dr Akhamoukh.
Ces régions enregistrent aussi une incidence très élevée de cancer de la tyroïde comparativement aux autres villes, à cause toujours des conséquences des essais nucléaires, d’où la nécessité de reconfiguration de la cartographie sanitaire, note-t-il. C’est urgent de rétablir la proximité sanitaire et passer des soins de santé primaires à des soins sophistiqués et de rapprocher les médecins «hyperspécialisés des citoyens», poursuit-il. Car, l’idéal est de prendre en charge ces malades dans leurs localités, surtout qu’on ne «peut pas faire une politique sanitaire unifiée avec des particularités aussi importantes».
Facilitations
Des spécificités à prendre en considération. «Il faut adapter la formation locale des médecins aux spécificités régionales du Sud», a-t-il noté et de souligner qu’«il est important de prendre en compte les spécificités régionales, géographiques et météorologiques dans toute politique sanitaire».
Les décisions unifiées dans l’octroi des autorisations pour l’ouverture des cabinets médicaux dans l’Extrême Sud sont aussi à revoir, plaide le Dr Akhamoukh. Il est insensé, selon le spécialiste, de gérer ces autorisations pour les cabinets médicaux comme de simples commerces. «Pour soulager les malades et éviter de faire fuir les médecins, la particularité de cette région doit être considérée dans la facilitation pour l’autorisation et l’ouverture de ce genre de cabinets médicaux», souhaite le chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Tamanrasset.
Précisant par ailleurs que 40% des patients sont étrangers, Elias Akhamoukh est favorable à la politique de la vaccination «systématique et automatique» de tous les migrants. Une manière, explique-t-il, d’éviter toute maladie réémergente surtout que nous ne sommes plus à l’abri de ce genre d’épidémies. Le système de santé doit prendre en considération les nouveaux paramètres qui n’existaient pas auparavant.
La numérisation et la décentralisation sont d’ailleurs les clés de toutes les solutions, suggère-t-il, en évoquant des déséquilibres occasionnels en matière d’approvisionnement en médicaments des structures du Sud liés justement au manque d’information numérisée.