La DG du FMI s’exprime sur l’inflation : «Le secteur financier est encore vulnérable»

08/04/2023 mis à jour: 17:34
AFP
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La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva

Face à une inflation «persistante», les banques centrales ne doivent pas «reculer» malgré les risques que cela peut faire courir au secteur financier, a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, dans une interview accordée à l’AFP.

 «A l’heure actuelle, nous n’envisageons pas que les banques centrales doivent reculer dans leur lutte contre l’inflation», a estimé Mme Georgieva, «car l’inflation est toujours là et tant qu’elle ne baisse pas de manière suffisamment marquée, les banques centrales doivent poursuivre» leur hausse des taux. 
 

Malgré tout, l’action des banques centrales a «mis en lumière les  vulnérabilités du secteur financier», a reconnu la patronne du FMI, que ce soit en Suisse ou aux Etats-Unis, mais cela signifie à ses yeux que «les banques centrales doivent faire plus pour garantir la stabilité financière», en même temps qu’elles cherchent à réduire l’inflation. 

La hausse des taux des banques centrales, qui se situent désormais dans une fourchette comprise entre 4,75% et 5% pour la Réserve fédérale américaine (Fed) par exemple, a conduit à la faillite de plusieurs banques régionales américaines, dans la foulée de la Silicon Valley Bank (SVB) début mars, et le rachat précipité de Credit Suisse par UBS. Si les «risques devenaient importants, alors les banques centrales devraient décider dans quelle mesure la lutte contre l’inflation doit prendre le pas sur la stabilité financière», a souligné Mme Georgieva, «mais nous n’en sommes pas là à l’heure actuelle». 
 

L’économie mondiale doit au contraire pour l’instant faire face au risque de fragmentation, a estimé la directrice générale du Fonds, notamment du fait des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. «Nous sortons d’une période durant laquelle l’allocation des investissements était déterminée par les coûts mais ce n’est plus le cas. 

Aux Etats-Unis et ailleurs, la sécurité nationale et celle des approvisionnements sont désormais essentielles» dans la prise de décision, «et cela va durer», reconnaît Kristalina Georgieva. Mais «jusqu’où aller ? Nous pensons que la réflexion doit rester économique et ne pas atteindre le point où elle risque d’affecter les pays qui disent vouloir se protéger. 

Car au final, ce sont les consommateurs de ces pays qui payent», a-t-elle rappelé. Selon le FMI, la guerre commerciale a coûté 0,4% de croissance mondiale l’année dernière, «soit 400 milliards de dollars en moins». 
 

Plus faible croissance depuis 1990

Mais, souligne Mme Georgieva, «la résolution de la question de la dette oblige les pays à travailler ensemble. Même chose pour le changement climatique, nous n’y parviendrons pas si nous ne travaillons pas ensemble». Dès lors, le rôle du FMI est d’«offrir une table où tous les pays peuvent s’asseoir et discuter, même sur des sujets controversés mais qui bénéficieront à tous». 

Dans l’immédiat, les nombreux chocs provoqués par les crises à répétition devraient entraîner le monde dans une des périodes de croissance les plus faibles de ces dernières décennies, en-dessous de 3% en 2023. 

Le Fonds publiera mardi une actualisation de ses prévisions pour 2023 et à moyen terme. «Nous nous attendons à une croissance autour de 3% durant les cinq prochaines années, notre plus faible perspective à moyen terme depuis 1990», a souligné dans un discours la patronne de l’institution. Kristalina Georgieva s’est par ailleurs inquiétée de l’état des finances publiques dans la plupart des pays, alors que l’endettement public s’est envolé un peu partout dans le monde, sous l’effet de la pandémie de Covid-19 puis des conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine. 
 

Les défis à relever sont importants, notamment pour permettre la transition écologique des pays émergents, dont les besoins sont estimés à 1000 milliards de dollars par an sur les prochaines années. 
Cela nécessitera que «nos membres les plus riches aident à combler les manques» en matière de levée de fonds. 

Plus encore alors que les pays à faibles revenus font face à des difficultés d’accès au marché de la dette, du fait d’une hausse des coûts liée à l’augmentation des taux des principales banques centrales. 
Ces nations sont souvent en difficulté financière : le montant total des fonds mis à disposition par le FMI a ainsi fortement augmenté, à 300 milliards de dollars, ces derniers mois. 

Cela pourrait se poursuivre car «près de 15% des pays à faibles revenus sont déjà en difficulté vis-à-vis de leur dette et 45% sont proches d’y plonger», a insisté Mme Georgieva.  

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