La production de la semence potagère est insignifiante. Elle atteint à peine 2% des besoins. C’est ce qu’a dévoilé la représentante de l’Institut technique des cultures maraîchères industrielles (ITCMI) le 6 janvier dernier lors d’une rencontre sur les échanges de semences locales entre agriculteurs organisée par l’association Torba.
On assiste en effet depuis de nombreuses années à la déperdition des semences autoproduites au profit des semences importées. Résultat : la semence locale n’est pas disponible aujourd’hui.
Elle est en état de dégénérescence. «La disparition de l’offre locale a ouvert la voie aux importations», a résumé Mme Arrar Nassima dans son exposé sur les perspectives de développement de la semence locale. Dans son analyse, elle expliquera ce constat entre autres par le faible apport de la recherche scientifique dans ce domaine, le manque d’engouement chez les agriculteurs et les difficultés des instituts techniques spécialisés dans ce cadre. Une situation que l’intervenante liera directement à l’absence d’une politique réelle de production de semences en Algérie.
«Ce n’est pas une priorité nationale», dira-t-elle clairement. D’où la persistance de toutes les contraintes d’ordre économique, technique et organisationnel rencontrées sur le terrain par les quelques producteurs qui tentent de relever le défi.
En somme, cette filière reste caractérisée par l’éparpillement des zones de production, l’absence d’une base de données et la faible implication des agriculteurs et des universitaires. Mais aussi par le non-suivi des expériences menées pour développer la semence locale et améliorer ses performances. Un programme a déjà été lancé dans ce cadre par l’ITCMI à travers des fermes pilotes, mais il n’y a pas de débouchés pour la semence produite.
Les graines locales plus adaptées au milieu
«Pas de traçabilité et pas de commercialisation», notera la représentante de l’ITCMI qui plaidera dans son exposé pour la création de nouvelles variétés performantes et pour la protection de celles existantes de manière à les valoriser. Et ce, d’autant que les graines locales, même si elles sont moins rentables que celles importées, sont suffisamment adaptées au milieu.
«Elles sont résistantes aux changements climatiques. Elles ont besoin de moins de traitements, d’arrosage, de fertilisation par rapport aux semences importées, surtout si elles sont hybrides», expliqueront les participants à cette première rencontre nationale dédiée aux échanges de graines locales, pour qui il y a nécessité aujourd’hui de préserver la graine maraîchère locale.
Et ce, eu égard à son importance dans la prise en charge du défi de la sécurité alimentaire. «Il n’y a pas de marché actuellement pour la semence locale. Si on n’accompagne pas les producteurs et si on ne propose pas de débouchés, les graines locales vont disparaître surtout avec les nouvelles générations. Le marché doit être là et le consommateur doit comprendre l’enjeu», estime à ce sujet Abdelkrim Rahal, président de l’association Torba.
Mohand Salah Hamlaoui, subdivisionnaire de l’agriculture de la localité de Seddouk Beni Maouche, tout en rappelant que les graines locales se trouvent majoritairement dans les zones montagneuses (qui représentent 46% du territoire) notera que ces semences seraient d’un grand apport sur le plan économique, pourvu que le dossier soit réellement pris en charge.
M. Hamlaoui, qui a identifié une dizaine de semences à Béjaïa, propose d’élargir le processus de labélisation entamé notamment avec Degltet Nour, la figue de Beni Maouche et l’olive sigoise aux cultures légumières.
«L’intérêt de plus en plus grandissant chez nos partenaires européens aux produis bio et labelisés est une opportunité pour l’Algérie de développer les produits de terroir qui sont à forte valeur ajoutée. Faisons-le alors pour certains légumes connus à travers différentes régions. Le chemin est un peu long, mais on doit y travailler», appellera M. Hamlaoui