La Covid-19 dans le milieu éducatif à Béjaïa : «Impossible d’instaurer une discipline sanitaire dans les écoles»

20/01/2022 mis à jour: 02:36
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Le taux de vaccination du personnel de l’éducation dans la wilaya de Béjaïa avoisine les 30 et 32%, selon la direction de l’éducation. Chaque jour, une situation épidémiologique est établie, enregistrant de nouveaux cas de contamination à travers les établissements des trois paliers scolaires, faisant état en moyenne d’une dizaine de nouvelles contaminations par jour.

Le décompte de la journée du 18 janvier indique que «pas moins de 21 personnes, 10 enseignants, 10 élèves et un superviseur, ont été touchées par le virus et mises en confinement obligatoire à domicile». Sur le terrain, la situation est sujette à inquiétude, selon les témoignages d’enseignants et de parents d’élèves.

Plus proches de la réalité dans les écoles, les enseignants estiment que «le ministère ne mesure pas encore ou peu la situation qui prévaut dans les établissements».

«En décembre dernier, nous avons perdu une collègue atteinte par le virus et confirmée par PCR. En ce mois de janvier, 4 personnes ont été testées positives au coronavirus. Il s’agit de deux enseignants, un ouvrier professionnel et un élève», révèle une enseignante du cycle moyen.

Notre interlocutrice affirme qu’en 20 ans d’exercice dans le secteur, «je n’ai jamais observé un taux aussi élevé d’absentéisme parmi les élèves, mais le seul moyen de connaître les raisons de ce phénomène est d’envisager, peut-être, les tests dans les écoles».

Un autre enseignant constate qu’il «n’est pas rare de croiser dans la cour ou dans la classe des élèves qui portent deux masques. En les interrogeant, vous saurez qu’ils tentent juste de se protéger davantage parce qu’ils portent d’autres maladies, comme le diabète, une anémie sévère et même des problèmes cardiaques».

Il ajoute toutefois que malgré la bonne volonté «de notre tutelle» de protéger les employés et les élèves, «il est très difficile, voire impossible d’instaurer une discipline sanitaire ou même d’impliquer certains parents dans cette lutte contre la propagation du virus». Et de préciser qu’il «ne passe pas un jour sans que des enseignants signalent des élèves ayant eu un malaise, des toux sévères jusqu’au vomissement, des diarrhées…»

La maman d’un élève témoigne : «Mon fils, qui est au collège, souffre ces jours-ci d’une fièvre persistante. Je l’ai emmené pour une consultation à la polyclinique d’El Kseur, où j’ai constaté un mouvement inhabituel : la salle d’attente du service de consultation était pleine de monde, les gens se déplacent en famille, en majorité ce sont des parents accompagnant leurs enfants souffrants de fièvre et de maux de tête.»

Découragée, la maman emmène son fils chez un médecin privé qui lui «conseille de garder l’enfant quelques jours à la maison». Un père de famille, visiblement inquiet pour ses enfants, regrette : «En cas de doute, il n’est pas dans le pouvoir des parents de faire tester leurs progénitures pour savoir de quoi il en retourne, ces tests excessivement chers sont hors de portée de nos petites bourses.»

Au niveau de la direction de l’éducation, on s’attelle à l’application de l’arsenal des mesures préventives et la stricte exécution de l’ordonnance interministérielle du 10 janvier 2021, relative au protocole sanitaire en milieu scolaire. C’est également le même dispositif qui fixe les conditions de fermeture ou non d’un établissement ou d’une division scolaire.

Le directeur de l’éducation, Rachid Zerar, a affirmé que «les cas de contamination confirmés concernent davantage les enseignants, le personnel administratif et les ouvriers», précisant que ses services ont «enregistré une cinquantaine de cas de contamination depuis le début de la quatrième vague, qui ont été mis en confinement».

Au niveau des UDS (unité de soins et de dépistage), ajoute-t-il, «nous avons essentiellement mis l’accent sur la sensibilisation autour des mesures de protection et, surtout, de l’importance de la vaccination, qui est le seul moyen qui puisse nous sortir de cette pandémie».

Le responsable, qui ne voit pas de raison pour céder à la panique, affirme qu’«officiellement, il n’y a aucun établissement qui a été fermé par l’académie», expliquant qu’«il appartient aux médecins des UDS et de la cellule de suivi de la situation pandémique sur le terrain de décider de la fermeture d’une division pédagogique ou d’un établissement scolaire si nécessaire».

Le DE a également appelé les parents d’élèves à soutenir l’effort de l’Etat, engagé dans la lutte contre la propagation du coronavirus dans le milieu scolaire, notamment «en cette période, en sensibilisant les enfants au respect des mesures sanitaires et au personnel de l’éducation de donner l’exemple». 

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