Quatre villes majoritairement serbes dans le nord du Kosovo ont organisé hier un référendum sur la révocation des maires albanais élus avec à peine 3% de participation il y a un an, rapporte l’AFP. Porte-parole de la Commission électorale centrale (CEC), Valmir Elezi a demandé aux électeurs d’«exercer leur droit et voter».
Ils doivent répondre à la question : «Pour ou contre la destitution des maires des communes : Leposavic, Zubin Potok, Zvecan et Mitrovica Nord.» Si le «pour» l’emporte, la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, convoquera de nouvelles élections. Les maires objet du référendum avaient été élus en avril 2023 lors de municipales boycottées par les Serbes du Kosovo – qui étaient ensuite descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d’exercer leurs fonctions.
Une trentaine de soldats de l’Otan ont été blessés dans ces manifestations, certains grièvement. Cet hiver, le plus grand parti serbe du Kosovo, Srpska lista, a réussi à rassembler suffisamment de signatures dans les municipalités de Zvecan, Mitrovica Nord, Leposavic et Zubin Potok, toutes dans le nord du Kosovo, pour appeler à un référendum sur leur éviction.
Mais d’une victoire assurée il y a quelques semaines, la situation est passée à un imbroglio politique et logistique : les responsables serbes ont appelé les citoyens à boycotter le scrutin à peine 15 jours avant la date prévue. «Notre position est de ne pas participer au référendum convoqué par (le Premier ministre du Kosovo) Albin Kurti car il a tout fait pour que le vote échoue», a expliqué le chef de Srpska lista, Zlatan Elek. «Il s’agit d’une tentative de la Liste serbe de prendre en otage la communauté serbe, mais elle échouera et le processus ne s’arrêtera pas», a dénoncé un des responsables de la CEC, Alban Krasniqi.
La Commission a dû en urgence trouver où ouvrir des bureaux de vote, après que 33 écoles ont refusé d’organiser le vote – les directeurs, serbes, des établissements concernés ont expliqué que des activités culturelles sont déjà prévues tous les week-ends du mois d’avril. Les relations entre Pristina et la minorité serbe du nord du Kosovo, soutenue et financée en partie par Belgrade, sont tendues depuis l’indépendance, proclamée en 2008. En septembre, la mort d’un policier kosovar et la découverte d’un commando surarmé composé de Serbes avaient encore une fois fait craindre une escalade violente. Et la récente interdiction des dinars serbes, monnaie utilisée dans le Nord, a encore tendu la situation.