Kenya : L’opposition appelle à deux manifestations par semaine

22/03/2023 mis à jour: 01:20
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La police anti-émeute utilise des canons à eau lors d'une manifestation de partisans du leader de l'opposition kényane Raila Odinga à Nairobi, au Kenya, le 20 mars 2023 - Photo : D. R.

Le chef de l’opposition au Kenya, Raila Odinga, a appelé, hier, à des manifestations chaque lundi et jeudi à partir de la semaine prochaine, au lendemain d’une journée de mobilisation marquée par des affrontements entre forces de l’ordre et partisans de l’opposition, rapporte l’AFP.

Selon la police, 213 personnes ont été arrêtées dans la capitale kényane Nairobi et 25 autres dans l’ouest du pays, bastion de l’opposition.

La police a fait usage lundi dernier de canons à eau et de gaz lacrymogène, notamment sur le convoi de R. Odinga, et des affrontements ont rapidement éclaté avec des manifestants qui jetaient des pierres.

Un étudiant a également été tué par la police à Maseno, dans l’ouest du pays. Mardi dernier, l’institution chargée de superviser l’action des forces de l’ordre a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ce décès, ainsi que sur le cas d’un homme «gravement blessé» à Nairobi, tout en affirmant que la police avait agi «avec retenue».

Raila Odinga a déclaré de son côté, mardi dernier, lors d’une conférence de presse, être «horrifié et dégoûté» par les violences policières, appelant à des manifestations les lundi et jeudi à partir de la semaine prochaine.

Le vétéran de l’opposition, plusieurs fois candidat malheureux à la présidentielle, a appelé la veille à des rassemblements tous les lundis.

«Nous ne céderons pas tant que ce régime illégitime ne comprendra pas que le peuple souffre», a affirmé, lors de sa conférence de presse, Raila Odinga, qui continue de soutenir que l’élection présidentielle du 9 août lui a été «volée». Il a également affirmé que sa voiture et celle d’un autre membre de son parti ont été visées par des tirs.

La manifestation dans la capitale a été interdite dimanche dernier par les autorités en raison d’un non-respect du délai de dépôt de la demande d’autorisation. «Nous voulons rappeler à la population que personne n’est au-dessus des lois», a affirmé la police dans son communiqué, en dénonçant les «manifestations illégales».

«Ce que les organisateurs présentaient comme une manifestation pacifique s’est transformée en scène de crime violent avec des manifestants (...) jetant des pierres sur les policiers antiémeute», a ajouté la police, affirmant que le seul objectif des manifestants est «d’envahir State House», le palais présidentiel.

Selon la police, à Maseno, dans l’ouest du pays, les policiers, à court de gaz lacrymogène, ont «tiré à balles réelles» sur les manifestants, qui leur avaient notamment jeté des pierres et endommagé un poste de police.

Il s’agit des premiers troubles majeurs depuis l’arrivée au pouvoir de William Ruto au terme d’une présidentielle très serrée, au résultat contesté. Outre la forte hausse du coût de la vie – l’inflation a atteint 9,2% en février sur un an – les Kényans souffrent de la chute brutale du shilling par rapport au dollar américain et d’une sécheresse record qui a plongé des millions de personnes dans la famine.

Lundi, de nombreux commerces à Nairobi étaient fermés avant les manifestations et certaines entreprises avaient demandé à leurs employés de privilégier le télétravail. Le vice-président, Rigathi Gachagua, a demandé «aux organisateurs de réfléchir».

Le chef de l’Etat s’est lui aussi élevé, le week-end dernier, contre les appels à manifester. R. Odinga, candidat à la présidentielle pour la cinquième fois en août, a dénoncé des fraudes multiples lors du scrutin et intenté un recours auprès de la Cour suprême, qui l’a rejeté.

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