Le ministère de l’Environnement a entamé sa campagne de sensibilisation à l’occasion de l’Aïd pour inciter les citoyens à respecter les consignes à suivre lors du dépeçage des moutons. Pour la réussite de l’opération de collecte des peaux des moutons sacrifiés, plusieurs unités sont mobilisées, réparties sur plus de 20 wilayas.
- Vous lancez chaque année, à l’occasion de l’Aid, une campagne de sensibilisation pour la préservation de l’environnement à travers, entre autres, la collecte des peaux de mouton. Quel est votre programme pour cette année ?
L’objectif de cette action vise principalement à renforcer l’interaction entre les secteurs public et privé, à exploiter le potentiel de la richesse animalière et à promouvoir les industries du textile et du cuir, sans oublier la protection de la santé publique et de l’environnement.
Cette opération est menée en coordination avec tous les acteurs et intervenants, instances et associations professionnelles activant dans la filière tannerie ainsi que la société civile à travers l’installation d’une commission nationale dédiée à cet effet, laquelle regroupe des représentants du ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, du ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables, du ministère de la Communication, ainsi que du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs.
Les directeurs de l’environnement sont appelés à mobiliser tous les moyens disponibles pour intervenir avant et après l’accomplissement du rite du sacrifice. Aussi, il leur a été recommandé d’organiser des campagnes d’information et de sensibilisation pour inciter les citoyens à respecter les consignes à suivre lors du dépeçage des moutons.
Il y a lieu de préciser également qu’en plus des directions de l’environnement, notre département ministériel organise via ses établissements sous tutelle, notamment le Conservatoire national des formations à l’environnement et ses 43 maisons de l’environnement, plus de 50 campagnes de sensibilisation à travers le territoire national.
A titre d’exemple, deux journées de sensibilisation ont été réalisées mardi et mercredi passés, respectivement au niveau de la forêt de Bainem et la commune de Rais Hamidou.
- Quelles sont les mesures prises par votre département pour faire face aux atteintes à l’environnement enregistrées en ces jours de l’Aïd ?
A travers les campagnes et journées de sensibilisation réalisées, les citoyens sont sensibilisés, orientés, encadrés et informés des mesures à prendre pour le bon déroulement de cette opération (sacrifice, NDLR), ils auront en main des dépliants et des flyers les informant des bons comportements pour préserver l’environnement et ainsi leur santé.
Ces comportements résident en la nécessité de nettoyer et de réhabiliter tous les points de vente bestiaux, égorger les bêtes dans des abattoirs agrées et contrôlés par les vétérinaires afin de s’assurer de l’examen du cheptel, éliminer toute trace de sang au niveau des quartiers et abattoirs, se débarrasser des déchets résultant du sacrifice du mouton en plaçant les résidus dans des sacs étanches avant de les jeter dans les lieux réservés à cet effet, respecter les horaires de collecte des ordures et collaborer avec les agents d’hygiène, se débarrasser des peaux de moutons en les plaçant dans les points de collectes appropriés identifiés par la commission citée ci-dessus à travers toutes les communes de la wilaya pour faciliter leur récupération par les services de l’entreprise publique chargée de l’hygiène.
Ne pas jeter les cendres et les braises dans les bacs à ordures, éviter certaines pratiques, notamment les barbecues dans les forêts.
En effet, pour réussir une campagne de sensibilisation efficace sur la collecte des peaux des bêtes sacrifiées, notre département opte pour la compréhension du public cible, une communication claire et accessible, l’utilisation de divers canaux de communication, l’implication des parties prenantes locales, des démonstrations pratiques, l’offre d’incitations pour encourager la participation des citoyens ainsi que l’évaluation et le suivi de ces campagnes pour ajuster notre stratégie de sensibilisation.
- Quel bilan faites-vous de l’opération de collecte des peaux de mouton en matière d’exploitation ?
La collecte des peaux des moutons sacrifiés est une action à dimension économique et écologique. Il faut savoir qu’en moyenne, près d’un million de pièces et près de 500 tonnes de laine sont récupérées chaque année et ajoutées aux circuits de production. L’organisation de cette filière a des impacts directs sur la relance de la branche industrielle de la tannerie et mégisserie.
L'objectif de récupérer plus de 2.000.000 de peaux de moutons, dans un état exploitable comme matière première aura un impact économique indéniable sur l’industrie nationale du textile et du cuir, en vue de promouvoir ces filières et de participer à la préservation de l’environnement, et ce, sans omettre l’impact sur la création d’emplois directs et indirects.
Pour la réussite de l’opération de collecte des peaux de moutons, plusieurs unités sont mobilisées, réparties sur plus de 20 wilayas, soit 39 usines, d’une capacité d’accueil de plus de 500.000 pièces de cuir, en parallèle à la mobilisation de 1000 fonctionnaires.
Le citoyen est appelé à suivre les consignes afin de préserver les pièces de cuir et d’éviter leur détérioration due aux températures élevées, déplorant la perte annuelle de plus de 4 millions de pièces de cuir, dont la valeur financière de cette matière première dépasse plus de 500 millions de dinars.
- Quelle est la stratégie adoptée par le ministère pour booster la filière ?
La nouvelle vision de notre département ministériel en matière de gestion des déchets est d’assurer une transition vers une gestion intégrée des déchets. De ce fait, un processus complexe nécessitera la participation de tous les acteurs, à savoir les pouvoirs publics, les entreprises, y compris les startups, les citoyens, les associations et les universités.
Cette transition représente un véritable défi, mais offre également des opportunités de création d’emplois et de développement économique durable. Elle est en ligne avec la volonté et les efforts des pouvoirs publics de diversifier l’économie nationale hors hydrocarbures, dans la mesure où elle peut générer des emplois et stimuler la croissance économique dans plusieurs secteurs.
De ce fait, notre secteur avait adopté, dans le cadre du nouveau modèle de développement, une orientation économique basée sur le recyclage de tous types de déchets récupérables et valorisables, et ce, à travers l’adoption de la stratégie nationale de gestion intégrée des déchets jusqu’à l’horizon 2035 (SNGID35).
Aussi, la loi 01-19 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets a fait l'objet de modification, adoptée par le gouvernement et le Conseil des ministres le 7 mai 2024, cette loi aborde les aspects relatifs à la valorisation des déchets de manière à développer les filières pour chaque flux de déchets, à savoir les fractions pour les déchets ménagers, spéciaux et spéciaux dangereux notamment la laine et les peaux de mouton.
Ainsi, un appel est lancé aux citoyens à adhérer à cette démarche en veillant à assurer le bon état des peaux de moutons sacrifiés durant l’opération de "dépiautage", et transporter celle-ci à un point dédié à la collecte (défini par la Commission de wilaya), mettant en avant l’importance d’appliquer du sel sur la peau pour éviter sa décomposition en raison de la température élevée.
Le transport des peaux vers les tanneries, suivant cette opération, sera effectué par des transporteurs spécialisés. Pour faire aboutir cette opération, l’ensemble des communes et des wilayas concernées mobiliseront les potentiels matériel et humain sur le plan local.