Kamel Moula : «La priorité est le retour à l’emploi et l’augmentation du pouvoir d’achat»

03/03/2022 mis à jour: 03:34
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Kamel Moula. Président du CREA / Photo : D. R.

L’année 2022 sera celle du décollage économique en Algérie. C’est du moins l’objectif affiché au plus haut sommet de l’Etat. Dans ce contexte et pour aller dans cette direction, une nouvelle organisation syndicale patronale a été créée. Elle aura comme priorité de rétablir le lien de confiance entre les entreprises, les investisseurs et les pouvoirs publics, susciter la concertation sur les réformes à mener avant l’élaboration des textes d’application, et lutter contre la paralysie de l’administration et sa résistance au changement. Dans cet entretien, Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea), nous donne son éclairage.

- Vous venez d’être élu président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA) pour un mandat de trois ans. Quels sont les objectifs et les dossiers prioritaires à traiter ?

Le chantier est vaste et compte tenu de la situation, tout est pratiquement prioritaire. Cependant, pour avancer tous ensemble dans la même direction, nous avons à retisser des liens de confiance entre les entreprises et les pouvoirs publics.

Pour cela, il faudra que les entreprises se sentent écoutées et comprises, particulièrement dans l’élaboration des nouvelles réglementations. Nous avons pu constater que l’absence de concertation s’est traduite par la mise en œuvre de textes contre-productifs qui participent à l’augmentation du malaise des opérateurs économiques.

De là découle une autre priorité qui est de renforcer le retour à l’emploi et ainsi d’augmenter le pouvoir d’achat des familles. Pour cela, nous devrons mobiliser les entreprises autour d’une stratégie nationale pour l’emploi. Nous voulons contribuer à l’établissement d’un environnement économique prospère, durable et responsable sur l’ensemble du territoire national.

- Certains observateurs craignent un émiettement et une dispersion des différents syndicats patronaux. Partagez-vous ce sentiment ?

Non, pas du tout, je pense que nous ne serons jamais assez nombreux pour apporter des solutions aux difficultés que le pays traverse. Sur le total des entreprises existantes sur le territoire national, finalement très peu sont représentées par les organisations patronales. Pour une raison ou une autre, les opérateurs économiques n’adhèrent pas facilement à une organisation professionnelle et tentent de régler seuls leurs problèmes.

Il nous appartient d’avoir les arguments nécessaires pour les convaincre que les revendications sont mieux prises en compte lorsqu’elles sont collectives et portées par un groupe conséquent.

Le Conseil du renouveau économique algérien ne vient pas en supplément des autres organisations patronales mais en complément. Je crois beaucoup à l’intelligence collective et je suis convaincu que nous allons nous retrouver sur plusieurs points.

- Pour la première fois, les entreprises publiques et privées mettent toutes leurs forces dans la même bataille : la relance économique. Est-ce un point fort, selon vous ?

Ce regroupement public/privé est la plus-value du Conseil du renouveau économique algérien. Nous allons réfléchir ensemble, proposer ensemble et mettre en œuvre ensemble.

Le secteur économique est rassemblé autour des mêmes objectifs : trouver les moyens de dépasser la crise, stimuler la croissance mais aussi développer des perspectives économiques favorables et durables pour le pays.

A terme, notre pays ne doit plus avoir à souffrir de la dépendance vis-à-vis des fluctuations mondiales des prix agricoles et des prix des matières premières.

Nous avons des potentialités inexploitées ; en devenant actifs ensemble et acteurs ensemble de la construction économique, nous pouvons travailler à la mise en place d’une industrie autonome qui se substitue aux importations et qui soit pourvoyeuse d’emplois.

- Les entreprises algériennes ont subi de plein fouet les impacts de la crise sanitaire de la Covid-19. Selon vous, comment gérer cette étape transitoire vers la relance économique ?

La crise sanitaire a effectivement durement impacté les entreprises et a révélé leur fragilité. Nous avons souvent tendance à parler des grandes entreprises, cependant il est essentiel de mettre en lumière l’importance des TPE et des PME dans l’économie de notre pays.

La relance de notre économie passera aussi par une reprise rapide, solide et durable de l’activité des TPE et des PME. Je pense que de manière temporaire, l’Etat devrait mettre en place des dispositifs spécifiques en direction de ces entreprises. Par exemple, les banques doivent les accompagner et avoir une certaine flexibilité dans le traitement des dossiers.

La pression administrative doit également diminuer. Il ne faut pas oublier que ces entreprises ont joué un rôle social très important pendant les périodes de confinement en maintenant les salaires malgré l’inactivité.

Certains secteurs tels que le BTPH, le tourisme, le transport ont été touchés plus que d’autres. Il est nécessaire de réfléchir à des dispositifs adaptés secteur par secteur pour amorcer la relance.

- Les Laboratoires Vénus, l’entreprise de cosmétiques dont vous êtes le PDG est une belle success story. Quelle est la recette du succès ?

En quelques mots, je dirais, travail, rigueur, respect du consommateur. 

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