Cinq auteurs ont harmonisé leurs travaux de recherche pour rendre un hommage amplement mérité à une sommité du théâtre algérien Ould Abderrahmane Abdelkader, dit «Kaki», à travers un nouvel ouvrage qui vient d’être publié aux éditions Dar El Qods El Arabi.
Intitulé Ould Abderrahmane Kaki, une école du théâtre algérien, cet ouvrage est absolument à saluer pour la pertinence, la crédibilité, l’objectivité et la précision de ses contenus.
C’est un travail de longue haleine bénévolement coréalisé par le Professeur Mansour Benchehida, le Professeur Lakhdar Barka Sidi Mohamed, Mohammed Berrached, Mohamed Boudene et Kamel Bendimred, qui ont tous connu, sous différents aspects, cette sommité de la dramaturgie algérienne. Ce livre, qui constitue un des outils de référence, a été coécrit en collaboration avec l’association Cartena pour la culture et le théâtre de Mostaganem et le soutien de l’association Golden Kaki.
Cette étude très documentée a le grand mérite de faire sortir de l’amnésie un géant du quatrième art algérien (1934-1995), auteur d’une quarantaine de pièces et de nouvelles.
Ce géant du théâtre est paradoxalement peu primé et n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait, notamment en Algérie. Kaki est pourtant connu et reconnu à l’échelle internationale, lui qui fut lauréat du grand prix au premier Festival maghrébin de Sfax en 1966, deux fois médaillé d’or au Festival arabo-africain de Tunis en 1987 et au Festival du théâtre expérimental du Caire en 1989.
Cet ouvrage qui regroupe une série de travaux de recherche met en lumière, de part une diversité d’approches, le fait que le défunt grand dramaturge Kaki «a engendré une école de la pratique théâtrale». Kaki a fait l’histoire du théâtre en étant un des pionniers qui ont sauvé la culture locale de l’obsolescence ou d’extinction. Dans cet ouvrage, il est notamment relevé que «la particularité des contributions vient de la contemporanéité de leur conception avec le vécu du dramaturge, subséquente à des interactions écrites ou verbales, dont on peut sentir la profondeur cathartique des échanges».
Cet ouvrage offre magistralement des éléments d’analyse discursive des thèmes abordés par Kaki : «Ses pièces sont souvent des fresques historiques ou légendaires qui transcendent la dimension humaine pour devenir un hymne permanent à la gloire d’un peuple, d’un passé de lutte, d’une tradition de grandeur qui a ses valeurs et ses héros.» Kaki a surtout admirablement fusionné les techniques du théâtre moderne universel avec les traditions folkloriques algériennes.
Le livre mêle ainsi l’approche formelle et l’étude du genre dramatique dans sa spécificité algérienne, et montre comment chaque variante a résolu, à travers des formes différentes, l’honorable défi de mettre en valeur la culture traditionnelle algérienne qui n’a pu survivre que grâce à l’oralité. L’étude s’appuie pour ce faire sur les œuvres maîtresses du répertoire de Kaki et sur l’analyse du discours de ce grand théoricien du théâtre algérien.
L’œuvre de Kaki s’inspire des plus grandes conceptions du théâtre, allant des histoires de sa grand-mère, aux meddahates, en passant par les poèmes de Chir El Melhoun, mais aussi par Berthold Brecht, Gordon Craig, Jezy Grotowsky ou encore Erwin Piscator…
L’œuvre de Kaki a ainsi indéniablement laissé une empreinte indélébile, produisant une synergie entre le terroir et l’universalité. La gigantesque œuvre de Kaki continue à marquer le théâtre algérien.