Lors d’une visite de travail et d’inspection qui l’a mené, hier, dans la wilaya d’Oran, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a laissé entendre que de nouvelles approches juridiques seront incessamment mises sur pied pour lutter contre deux principaux fléaux qui minent la société algérienne : l’émigration clandestine et le trafic de psychotropes.
Il ressortira de ces projets de loi une nouvelle démarche dans la lutte contre ces deux phénomènes de société. Pour ce qui est de la consommation de psychotropes (à ne pas confondre avec le deal et autres trafics), le ministre de la Justice préconise une approche plus humaine, loin du «tout-répressif». «Tout n’est pas dans le durcissement des peines, mais il faut aussi avoir une nouvelle vision.
Un consommateur de psychotropes, il faut le considérer comme un malade à qui (la société, ndlr) se doit d’apporter des soins. Il faut le placer dans un centre de désintoxication. Il ne va pas en prison !» Il dira aussi, en substance, qu’on étudie, dans ce projet de loi relatif à la lutte contre les psychotropes, toutes les possibilités afin de canaliser ce fléau, qui a trouvé ses racines dans plusieurs causes, notamment sociales, économiques et comportementales, faisant allusion aux «dérives morales» de ces dernières décennies. «De part ce qu’on a vécu, il est normal que des phénomènes pareils apparaissent», dit-il avant d’affirmer : «On est en train de tout repenser, que ce soit en matière de droit ou de pratiques.»
Pour ce qui de l’émigration clandestine, là encore, le garde des Sceaux affirme que le harrag doit être accompagné et qu’il ne faille plus le considérer comme un délinquant mais plutôt comme une victime. «Une fois qu’on le sauvera, il faut l’accompagner socialement et humainement. C’est ça notre nouvelle approche», a-t-il déclaré, avant de nuancer : «Evidemment, si on a affaire à un réseau ou une organisation (de passeurs, nldr), là, c’est autre chose, la loi sera appliquée dans toute sa rigueur !»
Abderrachid Tabi a également inauguré le nouveau tribunal d’Es-Senia ainsi que le Centre des archives judiciaires, situé à l’USTO. Au nouveau tribunal d’Es-Senia (qui comprendra notamment 5 salles d’audience, 13 salles d’archives et 70 bureaux), le ministre, se trouvant devant les magistrats, a déclaré que l’indépendance de la justice est aujourd’hui «inscrite dans la Constitution», affirmant que dans quelques jours les nouveaux mécanismes qui garantissent l’indépendance du pouvoir judiciaire entreront en vigueur. «Il faut être à la hauteur, leur dit-il, d’autant que le citoyen aspire à une justice forte, indépendante qui garantit les droits et protège les libertés.»
«Cet indépendance, ajoute-t-il, il faut l’adopter d’abord dans notre comportement, notre intégrité, nos principes au nom du peuple algérien. Il ne suffit pas que l’indépendance de la justice soit inscrite dans la Constitution, encore faut-il que tout le monde en soit convaincu. Notre bataille est le recouvrement de la confiance du citoyen.»