Tous les films projetés ont un rapport avec la mémoire, en plus, tous les courts métrages ont été réalisés par des jeunes malgré le peu de moyens.
Dans une période estivale habituellement marquée par une certaine atonie de l’activité culturelle, l’association Numidi-Arts insuffle un vent de dynamisme en organisant du 13 au 16 juillet un riche programme cinématographique à la cinémathèque Ennasr, de la rue du 19 juin au centre-ville de Constantine. Effectivement, les cinéphiles ont été invités, depuis l’après-midi du samedi 13 juillet, à assister à la projection des courts et longs métrages suivis de débat en présence des réalisateurs.
Loin de se contenter de combler un vide estival, cette initiative, organisée en collaboration avec la commission des activités culturelles de la commune de Constantine et le Centre algérien du développement du cinéma (CADC), s’inscrit résolument dans la célébration de la Fête de l›indépendance et de la jeunesse. «Tous les films projetés ont un rapport avec la mémoire.
En plus, tous les courts métrages ont été réalisés par des jeunes», souligne Lounis Yaou, président de l’association Numidi-Arts, mettant ainsi en lumière le fil conducteur de cette programmation. Et de poursuivre que cette action a pour objectif de redynamiser ce volet culturel et répondre à ceux qui disent qu’il n’y a pas de cinéma en Algérie.
Notre interlocuteur a profité de cette occasion pour mettre en exergue l’effort déployé particulièrement par les jeunes dans ce domaine, avec le peu de moyens en leur possession. Les journées ont débuté en force avec la projection du court métrage La Rose du désert d’Oussama Benhassine, produit en 2023. D’une durée de 26 minutes, ce film se veut comme une plongée poignante dans les cicatrices du colonialisme, évoquant les méfaits des essais nucléaires français dans le Sud algérien.
Le but est de dévoiler les souffrances endurées par les populations locales et les dommages persistants causés à l’environnement jusqu’à présent. Loin de se contenter de divertir, La Rose du désert s’érige en véritable catalyseur d’émotions et d’une réflexion profonde sur les cicatrices indélébiles du colonialisme.
Ce court métrage, auréolé de nombreux prix, a su captiver et interpeller les spectateurs, les plongeant dans un silence révélateur d’une myriade de sentiments. Les cinéphiles présents, émus par la puissance du silence et l’expressivité des regards et des gestes des acteurs, ont été unanimes à reconnaître la richesse des messages véhiculés en un temps restreint.
Violence des crimes évoqués sans aucune scène de violence explicite, amour exprimé implicitement par des mots et des regards, chagrin, souffrance et espoir se côtoient dans une œuvre où chaque élément revêt une importance capitale.
Oussama Benhassine, également scénariste du film, a délibérément laissé une fin ouverte, invitant le public à forger sa propre interprétation, d’autant plus que la puissance des essais nucléaires dépeints dépasse de cinq fois celle de la bombe d’Hiroshima.
«J’ai cristallisé et archivé dans ce film l’émotion que suscitaient en moi ces essais nucléaires», a confié le réalisateur lors du débat qui a suivi la projection. Conscient de l›impact du film et soucieux de transmettre la mémoire algérienne aux générations futures, M. Yaou a annoncé la diffusion de ce court métrage dans les lycées.
Promouvoir le cinéma algérien
D’ailleurs, M. Benhassine a révélé en marge de la projection qu’en Egypte, le film a suscité l’étonnement du public quant à l’existence d’essais nucléaires en Algérie, soulignant la nécessité de mieux faire connaître l’histoire du pays. L’ouverture des journées s’est achevée par la diffusion du long métrage Les sept remparts de la citadelle d’Ahmed Rachedi, confirmant l’engagement de l’association Numidi-Arts à promouvoir le cinéma algérien.
Fort du succès de cette édition, l’association Numidi-Arts annonce d’ores et déjà laquatrième édition du Ciné-Cirta, prévue pour le mois d’octobre prochain. Cette manifestation, toujours axée sur l’histoire du pays et le cinéma des amateurs, ambitionne de mettre en lumière ce pan méconnu et pourtant foisonnant du septième art algérien.
Lounis Yaou a évoqué à titre d’exemple, Ahmed Zir, un réalisateur non professionnel, ayant produit des films primés à l’échelle nationale et internationale, mais demeure non archivé et méconnu par les Algériens.
En plus des projections de films, la quatrième édition du Ciné-Cirta propose un programme riche et diversifié. Cette action se focalise sur le cinéma populaire à organiser dans les différentes communes, des masters class animés par des professionnels du cinéma, et une formation pour les journalistes à propos du traitement d’un sujet sur le septième art.
Cette initiative a été qualifiée de précieuse pour démocratiser l’accès à la culture cinématographique et sensibiliser le public à la richesse et à la diversité du cinéma algérien.