Journée sur la scolarisation des enfants autistes en Algérie organisée à Constantine : Les pouvoirs publics appelés à assumer leurs responsabilités

02/04/2022 mis à jour: 05:46
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La rencontre a permis de soulever de nombreux problèmes

Le nombre des enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA) en Algérie connait une hausse effrayante, au moment où les parents trouvent chaque jour des difficultés pour insérer leurs enfants dans le milieu scolaire. 

Cela, en dépit des mesures prises par le Gouvernement pour la scolarisation et l’intégration de cette catégorie vulnérable dans le secteur éducatif. Ce phénomène d’actualité a été le thème du premier forum de l’APW de Constantine, tenu jeudi dernier au siège de la wilaya. L’objectif primordial de cette rencontre, organisée en collaboration avec l’association nationale de l’autisme en Algérie (ANAA), est de mettre en exergue les dispositifs existants pour la prise en charge des enfants autistes, mais surtout les contraintes qui entravent leur intégration dans la communauté. «Il reste beaucoup de choses à faire. Nous rencontrons d’énormes difficultés, en particulier dans l’application des arrêtés des autorités. Nous avons soulevé une certaine résistance, surtout des mentalités au sein des institutions officielles. 

Jusqu’à présent, certaines personnes n’ont encore pas compris que la place de ces autistes est dans un environnement ordinaire avec les autres enfants au sein des crèches, des clubs sportifs et des établissements de la formation professionnelle. Leur place est dans la société et non pas dans les établissements spécialisés, qui ont tendance à accentuer leur isolement et les exclure définitivement de la société. D’autant plus il y a une mauvaise interprétation des textes et des circulaires réglementaires», a déclaré Leila Ouali présidente de l’ANAA en marge de la rencontre. Et d’affirmer qu’une centaine de parents ont saisi l’association pour dénoncer l’interdiction à l’auxiliaire d’assister l’enfant autiste le jour de l’examen. Pourtant, souligne-t-elle, tout est mentionné dans la dernière circulaire du 21 novembre 2021, mettant en clair les prérogatives de l’auxiliaire. C’est de la mauvaise interprétation de cette circulaire, de surcroît la résistance des mentalités. 
 

Manque de statistiques précises 
 

Lors de cette rencontre, le chiffre de 500 000 personnes ayant des TSA a été avancé. Un chiffre considéré comme des statistiques approximatives ne reflétant pas réellement la réalité en Algérie. Selon la présidente de l’ANAA, les études ont montré que dans le monde entier il y a au moins un enfant autiste sur 65 naissances. Mais quid de l’Algérie ? Dans sa communication, Dr. Mohamed Lamine Bouras de l’ESP de Tizi Ouzou a soulevé l’absence de statistiques sur les adultes autistes, précisant que ce phénomène n’est pas réellement en augmentation. «Mais, il y a eu plus de cas diagnostiqués», a-t-il indiqué, appelant à avoir une vision globale sur ce genre de troubles. Il dira que 20 000 dossiers de personnes autistes ont été déposés dans des établissements de santé d’Alger, sans oublier les cas cachés.

 De son côté, Abdelmadjid Mancer directeur de l’éducation de Constantine a avancé que seulement 27 enfants autistes sont scolarisés, dont 25 ont des auxiliaires de vie scolaire (AVS). Un chiffre qualifié d’insignifiant, par une intervenante avançant la découverte de 42 cas à Didouche Mourad. «Il y en a d’autres dans plusieurs communes. Je souhaite l’intervention des affaires religieuses et de la jeunesse et des sports qui sont en contact direct avec les parents et peuvent faire un recensement à leur niveau», a déclaré M. Mancer. Et de soulever un autre obstacle entravant l’inclusion scolaire et l’intégration de cette frange dans la société, relatif au manque d’auxiliaire dans les collèges et les lycées. Le directeur de l’éducation de Constantine a dévoilé également un projet en cours d’étude par le ministère de tutelle pour organiser un concours national d’enseignants spécialisés dans la prise en charge des autistes à l’école. Le dossier est au niveau de la tutelle qui est en train d’attendre l’approbation du ministère des Finances. 
 

Manque de visibilité 
 

Le point essentiel retenu lors de cette rencontre est le manque de visibilité concernant l’inclusion scolaire de cette frange de la société. «L’école publique n’est pas conçue sur la base des différences individuelles, mais des similitudes de groupe et de classes pour des enfants avec un développement typique, soit sur le plan structure, architecture, programme pédagogique ou même sur le plan de l’évaluation», a expliqué Pr. Idris Terranti, chef de service de psychopédiatrie à l’EHS Djebel Ouahch de Constantine. La différence individuelle, selon ses dires, n’est pas prise en considération, particulièrement quand il s’agit d’un enfant autiste. L’intervenant a mis le point sur le manque des équipes spécialisées, et même des centres qui peuvent appliquer les recommandations, dont le diagnostic. Le programme pédagogique a été aussi la cible d’autres interventions, où des spécialistes ont recommandé de personnaliser le programme pour chaque cas. Le manque d’auxiliaires payés par les parents et de places a posé aussi un sérieux problème. Les pouvoirs publics sont appelés à assumer leurs responsabilités pour l’application des textes réglementaires, le recensement et la prise en charge efficace des enfants atteints de TSA. 
 

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