Journée internationale de la langue maternelle : Valorisation du patrimoine linguistique

24/02/2025 mis à jour: 22:10
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Hier, à Tizi Ouzou, à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle (Photo : EL WATAN)

Le rôle de l’Algérie dans la promotion du multilinguisme et la valorisation du patrimoine linguistique et culturel national a été réaffirmé, hier à Tizi Ouzou,  à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle et de  la semaine des langues africaines organisée par le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) sous l’égide du wali et en collaboration avec l’université Mouloud Mammeri (UMMTO) et l’Assemblée populaire nationale (APN). 

«Cette manifestation est organisée en application des engagements de l’Algérie envers l’Unesco et l’Académie africaine des langues», a-t-il été souligné par les intervenants lors des conférences animées au Centre des loisirs scientifique du chef-lieu de wilaya.  

Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, a mis l’accent sur l’objectif de cet événement qui consiste, selon lui, à préserver  les langues minorées et les langues parlées. Le wali de Tizi Ouzou, Abou Bakr Seddik Boucetta a, lui aussi, souligné l’intérêt de  célébrer cet héritage linguistique de notre pays. De son côté, le recteur de l’UMMTO, le professeur Ahmed Bouda, a  déclaré que la célébration de cette journée est «une preuve supplémentaire que notre nation se réconcilie avec son passé millénaire». 

«Concernant l’UMMTO, je tiens à rappeler que la filière  langue et culture amazighes a été ouverte en 1990. Aujourd’hui, nous avons 1245 inscrits, dont 171 en traduction arabe, français et tamazight. Le DLCA de l’UMMTO est encadré, dans trois filières (Linguistique didactique – Littérature – Anthropologie et patrimoine), par 62 enseignants-chercheurs. Nous avons aussi 156 doctorants en tamazight et neuf thèses de doctorat ont été soutenues en 2024. Nous disposons d’un laboratoire d’enseignement de langue et culture amazighes », a-t-il énuméré, tout en évoquant l’aspect partenariat, notamment les conventions signées avec Radio Tizi Ouzou et la direction de l’éducation ainsi que le HCA et le Centre de recherche en langue et culture amazighes de Béjaïa. 

Par ailleurs, notons que le programme mis sur pied pour marquer l’occasion comprend aussi des conférences académiques sur le lien entre la langue maternelle et l’identité culturelle, ainsi que la présentation de l’Atlas de la langue amazighe en Algérie, sous l’égide du HCA, et qui illustre l’étendue géographique et historique de cette langue dans ses différentes variantes. Il a été présenté par Ramdane Touati, docteur en linguistique amazighe.


Focus sur tamazight

«La préservation de tamazight est nécessaire parce qu’aujourd’hui il y a plusieurs langues qui sont menacées de disparition», a-t-il expliqué. «Cet ouvrage qui est le fruit d’une recherche rigoureuse menée avec excellence par le Dr Ramdane Touati, spécialiste en linguistique amazighe,  constitue une contribution majeure à l’étude des langues dans le pays. Il met en lumière la richesse et la diversité linguistiques du territoire et présente les méthodes employées pour collecter les données linguistiques et culturelles, dans le cadre de la nouvelle édition de l’Atlas mondial des langues de l’Unesco», a précisé M. Assad. «L’ouvrage offre une analyse détaillée de la situation linguistique en Algérie, avec un focus particulier sur la langue amazighe, officiellement reconnue dans toutes ses variétés. Bien que dotée d’un statut égal, cette langue présente des disparités en termes de vitalité selon les régions et les variantes. 

L’étude apporte un éclairage précieux sur les lacunes de la plateforme actuelle de l’Unesco, qui ne répertorie pas toutes les variantes de tamazight parlées en Algérie. Ce travail, à la fois correctif et scientifique, vise à enrichir le nouvel Atlas en y incluant ces variantes, tout en adoptant une nomenclature conforme aux dénominations employées par les locuteurs eux-mêmes. La question de la dénomination des langues et dialectes constitue l’une des dimensions centrales de cet ouvrage, répondant ainsi à une problématique récurrente. 

L’ouvrage propose également une cartographie géographique précise des langues et dialectes, identifiant les wilayas et les zones où chaque langue est traditionnellement parlée», a-t-il, entre autres, ajouté. «Conformément à l’article 4 de la Constitution de novembre 2020, qui stipule que «tamazight est une langue nationale et officielle dans toutes ses variétés», l’ouvrage rappelle que «chaque variante bénéficie d’une reconnaissance juridique», estimant que ce travail se distingue par la documentation minutieuse des langues et dialectes : corpus écrits, enregistrements audio et visuels complètent cette étude approfondie. 

Par ailleurs, durant l’après-midi d’hier et dans le même cadre, des activités ont été organisées au centre psychopédagogique des handicapés à Boukhalfa lors d’une rencontre avec les éducateurs de l’établissement autour de la présentation des méthodes d’apprentissage des langues maternelles pour  mettre en avant les efforts pédagogiques et les approches par l’inclusion des enfants en situation de handicap. 


Héritage et interaction

Par ailleurs, la 2e  journée de l’événement sera abritée, aujourd’hui,  par la salle de conférences de la faculté de médecine de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, où une table ronde sous le thème «L’étymologie du nom Afrique aux influences croisées des langues algériennes et africaines» sera animée le professeur Farid  Benramdane, directeur de recherche au CRASC et président de la Société algérienne savante de l’onomastique, et Nadia Berdous, enseignante au département de tamazight à l’université de Bouira   et membre de la commission tamazight à l’Académie africaine des langues (Acalan).  

Le Dr Malik Boudjellal du DLCA de Batna sera également parmi les intervenants lors de cette rencontre. 

D’autre part, il est important de noter qu’un Forum de Radio Ifrikya fm sous le thème «L’Algérie au carrefour des langues africaines : héritage et interaction» est aussi prévu dans le cadre de cette célébration qui sera couronnée par une soirée avec des représentations musicales en tamazight, en arabe et en d’autres langues africaines. 

Les organisateurs annoncent aussi une sortie au village d’Ihansaoun (dans la commune de Mechtras, daïra de Boghni), lauréat du prix du village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou, reflétant, estiment-ils,  ainsi les dimensions culturelles et de développement des initiatives locales.   

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