Jeux-vidéos : «Mami nena», la mamie gameuse chilienne

03/01/2024 mis à jour: 07:17
AFP
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María Elena Arévalo, posant pour une photo - Photo : D. R.

Lorsque les joueurs du célèbre jeu vidéo Free Fire affrontent Mami Nena, rares sont ceux qui savent que derrière ce personnage de guerrière il y a une grand-mère chilienne de 81 ans qui a troqué la solitude par une nouvelle passion.

Trois ans après s’être initiée au jeu dans sa maison de Llay-Llay, un bourg à 90 km de la capitale Santiago, Maria Elena Arévalo assure que la solitude n’est plus un fardeau pour elle. La grand-mère a eu jusqu’à quatre millions d’abonnés sur TikTok et 650 000 sur YouTube, où elle diffuse notamment ses conseils pour améliorer son jeu.

Dans celui-ci, développé en 2017 par une entreprise vietnamienne et inspiré de films comme Battle Royale ou Hunger Games, des personnages parachutés sur une île doivent trouver des armes pour s’entretuer. Pour y jouer, il suffit d’un téléphone mobile et d’une bonne connexion à internet.

«Je n’avais jamais imaginé cela. J’ai joué pour le plaisir de jouer, juste pour être là, en agitant mon doigt», a-t-elle raconté lors d’une récente cérémonie où elle a reçu un prix en tant que l’une des 100 plus importantes personnes âgées du pays par le journal El Mercurio et l’Université catholique.

C’est pour remédier à la solitude qu’elle a ressentie en 2020 après le décès de son mari, avec qui elle a été mariée pendant 56 ans, qu’elle s’est tournée vers les jeux vidéo. Selon une étude de l’Université catholique, environ 42% des personnes âgées de plus de 80 ans au Chili se sentent seules. 

Suivre et tuer 

«Je ne savais même pas ce qu’était une souris», se souvient Maria Elena Arévalo, initiée au jeu par son petit-fils Héctor Carrasco, 20 ans, qui l’aide à gérer ses réseaux sociaux et à diffuser en ligne ses parties de jeux vidéo. «Il m’a appris tout ce que je sais.

Sans lui, je ne serais pas là», dit-elle avec émotion. Avec son personnage de Mami Nena, comme l’appelle son petit-fils, elle s’est fait connaître comme une rivale féroce vêtue d’un kimono court, de gants noirs et d’un masque à crocs. «Je ne voulais blesser personne au début», raconte la grand-mère chilienne, avant d’expliquer dans un sourire s’être mise à «suivre et tuer» ses adversaires sans scrupules.

A ses côtés, dans le jeu, un oiseau nommé Benito, comme elle avait l’habitude d’appeler son mari. Grâce à son succès, Free Fire a fait d’elle une ambassadrice officielle du jeu et l’a invitée au Mexique en 2022 pour l’anniversaire de la marque. Son seul voyage hors des frontières du pays.

«Tous les enfants me demandaient de signer des autographes (...) C’était très sympa. Le jour où je partirai, je partirai avec ça», assure-t-elle.

La «mamie gameuse», comme l’appellent ses fans, est aujourd’hui moins active sur le jeu en raison d’une sclérodermie, une grave maladie qui provoque un durcissement de la peau. Elle n’envisage cependant pas pour autant d’arrêter de jouer. «J’adore ce que je fais.

Je continuerai aussi longtemps que je le pourrai», affirme-t-elle. De plus en plus de personnes âgées dans le monde se passionnent pour les jeux vidéo, comme la Japonaise Hamako Mori, 93 ans, «streameuse» la plus âgée au monde selon le livre Guinness des records. 
 

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