Israël s'acharne contre les hôpitaux de l'enclave palestinienne

11/11/2023 mis à jour: 03:36
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Une attaque meurtrière touche une ambulance devant l’hôpital Al-Shifa

sionistes dans la guerre qu’elles mènent contre l’enclave palestinienne de Ghaza reste le bombardement des hôpitaux, lieux censés être protégés où de nombreux civils trouvent refuge. Des bombardements simultanés ont touché hier matin et durant la nuit de jeudi à vendredi plusieurs hôpitaux dans la Bande de Ghaza. 

En tout et pour tout, le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza a annoncé jeudi que l’armée israélienne avait bombardé 8 hôpitaux au cours des trois derniers jours, et qu’elle avait mis 18 hôpitaux hors service depuis le début de l’agression israélienne sur la Bande de Ghaza, le 7 octobre dernier. Dix-huit des 35 hôpitaux de Ghaza ainsi que 40 centres de santé sont hors service en raison des bombardements ou de la pénurie de carburant, a indiqué le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne. Il est utile de souligner que depuis le début de la guerre, 175 professionnels de la santé et 34 membres de la sécurité civile ont été tués, selon Mai Al Kaila, la ministre de la Santé de l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah (Cisjordanie). 

Ces bombardements accentuent la pression sur des hôpitaux déjà exsangues et surpeuplés. Plus de 20 000 personnes auraient été blessées et admises dans ces établissements, selon les autorités locales. Avant la guerre, les structures hospitalières locales pouvaient compter sur 3500 lits, dont 2000 dans le nord de l’enclave. 

Les cabinets de consultation externe du complexe médical Al Shifa ont été bombardés dans la nuit de jeudi à vendredi faisant plusieurs victimes. Ce n’est pas la première fois que cette structure, dans laquelle il y aurait près de 40 000 réfugiés, est visée. Des avions de combat israéliens ont, par ailleurs, visé directement l’hôpital spécialisé pour enfants El Rantisi, jeudi. Le ministère de la Santé de Ghaza a annoncé qu’un incendie s’était déclaré à l’intérieur de l’hôpital pour enfants Al Rantisi à la suite du bombardement israélien qui l’a visé. 

L’Indonésie a déclaré, via son ministère des Affaires étrangères, que des explosions sont survenues près de l’Hôpital indonésien dans le nord de l’enclave, dont des parties ont été endommagées. Le 30 octobre dernier, l’Hôpital de l’amitié turco-palestinienne à Ghaza a été visé par des bombardements israéliens. Selon le directeur de cette structure sanitaire, l'hôpital est le seul à Ghaza à traiter les patients atteints de cancer, et les bombardements israéliens ont «causé d’importants dégâts». 

Les environs de l’hôpital El Qods, où se réfugient 14 000 Palestiniens, ont également été bombardés à plusieurs reprises pendant plus d’une semaine, abîmant la structure du bâtiment et causant des fumées qui ont intoxiqué patients et blessés. Le 3 novembre, des avions israéliens ont bombardé l’entrée d’Al Shifa, faisant au moins 15 morts et 60 blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien. Des bombes ont également été larguées dans les cours de l’Hôpital indonésien. 

Il va sans dire que le personnel des établissements de santé de Ghaza travaille dans des conditions extrêmes, tout en abritant des milliers de réfugiés. Comble de la folie meurtrière qui anime l'Etat sioniste, une lettre ouverte, signée par une centaine de médecins israéliens, appelle l’armée à bombarder les hôpitaux ghazaouis, les qualifiant d’«infrastructures utilisées par le Hamas», selon les médias du pays. Les praticiens israéliens affirment que l’armée a le «droit et le devoir» d’attaquer les hôpitaux, qualifiés de «nids de terroristes». 

Lesdits médecins, censés avoir prêté le serment d’Hippocrate, dont le premier principe est «Primum non nocere» (D’abord ne pas nuire), soulignent dans leur texte : «Les habitants de Ghaza ont jugé bon de transformer les hôpitaux en nids de terroristes pour profiter de la moralité occidentale, ce sont eux qui ont provoqué la destruction sur eux-mêmes ; le terrorisme doit être éliminé partout. Attaquer les quartiers généraux des terroristes est le droit et le devoir de l’armée israélienne.» «Ceux qui confondent les hôpitaux et le terrorisme doivent comprendre que les hôpitaux ne sont pas un endroit sûr pour eux», écrivent les médecins. 

Cette lettre, qui a beaucoup choqué au niveau international, a été dénoncée par un groupe de médecins palestiniens dans une vidéo tournée à l’hôpital Al Shifa. «Entre les hôpitaux qui sont obligés de se mettre en arrêt à cause des bombardements ou du manque de médicaments ou d'électricité, le nombre de blessés ne cesse d'augmenter. Ce qui se passe est un crime absolu. Israël s'assure que ceux qui ne sont pas tués lors des attaques le soient à cause du mauvais fonctionnement des hôpitaux», accuse Ghassan Abu Sitta, un chirurgien de l’hôpital Al Shifa, qui décrit une dégradation continue des conditions de soin. 

«A Al Shifa, il y a 2000 patients, alors que la capacité est de 600 lits. Beaucoup dorment désormais dans le parking de l’hôpital, faute de place par terre, à l’intérieur.» «Nous nous attendons à être bombardés, mais nous ne partirons pas», Affirme-t-il. Pour justifier ces attaques, l’armée israélienne a rendu publiques des images qui prouvent, selon elle, que le Hamas se sert des hôpitaux de Ghaza pour lancer ses attaques. Israël a accusé les combattants du Hamas d’utiliser le complexe de l’hôpital Al Shifa comme principal centre de commandement. 

Problème : les preuves publiées – notamment dans le compte officiel de Netayahu sur l’ex-Twitter  – contiennent seulement des images de simulations sur les présumées infrastructures souterraines du Hamas, réalisées à partir d'intelligence artificielle, ne pouvant en aucun cas servir de prétexte pour cibler des hôpitaux. Le Hamas et le personnel de l'hôpital ont nié ces allégations, affirmant qu'Israël cherchait à créer un prétexte pour les bombarder. Avec ses frappes répétées, Israël a banalisé les agressions contre des lieux protégés par le droit international et le droit humanitaire. Quelques voix continuent néanmoins de s’élever contre ce qu’il faut nommer une barbarie.

 «Avec les bombardements en cours et les combats près d'Al Shifa, nous sommes profondément inquiets pour le bien-être des milliers de civils sur place, parmi lesquels de nombreux enfants, en quête de soins médicaux et d’un refuge», a déclaré Human Rights Watch via le réseau social X (anciennement Twitter).

Des ambulances ont également été prises pour cible tout au long de la guerre, et plus d’une quinzaine d’entre elles sont désormais totalement hors d’usage. Vendredi 3 novembre, un convoi d’ambulances transportant plusieurs blessés en route pour être hospitalisés en Egypte ont été visées dans trois lieux différents, suscitant l’indignation du secrétaire général de l’Onu. «Je suis horrifié par l’attaque signalée à Ghaza contre un convoi d’ambulances devant l’hôpital Al Shifa. 

Les images des corps éparpillés dans la rue devant l’hôpital sont déchirantes», a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué. La déclaration a été suivie par celle du chef de l’Organisation mondiale de la santé qui s’est dit «totalement choqué» par l’attaque contre les ambulances, condamnant ainsi les attaques perpétrées le 3 novembre près de l’hôpital Al Shifa, de l’hôpital El Quds et de l’Hôpital indonésien. Il est à rappeler qu’à la mi-octobre, l’armée israélienne a bombardé l’hôpital chrétien El Ahli, tuant au moins 471 personnes. Devant l’indignation de la communauté internationale, Israël a prétexté que le Hamas et la faction du Djihad islamique étaient derrière cette frappe. 

Son obsession pour le bombardement des structures hospitalières ces derniers jours met à nu, si besoin était, ses mensonges et son cynisme 
meurtrier. 
 

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