Afin de redorer quelque peu son blason terni par son implication dans le carnage de Ghaza, Washington fait du forcing sur Netanyahu pour signer un accord sur les otages avec le Hamas. Il s’agit de donner des chances à Kamala Harris pour l’emporter face à Donald Trump lors de l’élection de novembre prochain, de rallier à elle tous les Américains déçus par le rôle joué par Biden.
Un jeu purement électoraliste, sans aucune motivation humanitaire vis-à-vis de Ghaza, la preuve en est que, par ailleurs, Washington inonde Israël d’armes, de munitions et de dollars.
Sur la tragédie de Ghaza, c’est la rapporteuse spécial de l’ONU Francesca Albanes qui a eu des mots justes et poignants en disant que «dans le camp de concentration le plus grand et le plus honteux du XXIe siècle, Israël génocide les Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une ''zone de sécurité'' à la fois.
Avec des armes européennes et américaines, et dans l’indifférence de toutes les nations civilisées». Francesca Albanes désespérée ne put que lancer ce cri du cœur : «Puissent les Palestiniens nous pardonner notre incapacité collective à les protéger et à respecter le plus élémentaire du droit international.»
Elle manifeste ainsi l’impuissance du monde entier représenté en théorie par l’institution onusienne. Celle-ci est devenue un fétu de paille devant le poids écrasant des grandes puissances et singulièrement des Etats-Unis auxquels Israël doit tout, principalement sa politique génocidaire du peuple palestinien.
Le summum de l’implication américaine a été la visite récente au Congrès américain de Netanyahu qui l’acclama et lui offrit une importante cargaison d’armes pour un montant de 20 milliards de dollars, notamment de nouveaux avions de combat F-15 et des dizaines de milliers d’obus de char et de mortiers.
Washington avança comme prétexte d’aider Israël à se protéger «des menaces iraniennes», ignorant hypocritement le fait que c’est Tel-Aviv l’agresseur en assassinant à Téhéran Ismaïl Haniyeh, le dirigeant politique du Hamas, et en attaquant son ambassade à Damas et que c’est Israël qui tua le chef militaire du Hezbollah libanais.
Le dernier accord d’aide militaire des Etats-Unis a trait à «la vente d’avions F-15 et d’équipements connexes pour un coût estimé à 18,82 milliards de dollars».
Tel-Aviv attend l’achat de 50 nouveaux autres avions de combat F-15 ainsi que des kits de modification de mise à jour à mi-vie pour 25 avions de combat multirôles de même catégorie et d’une quantité astronomique d’équipements militaires, dont 320 lanceurs de missiles air-air de moyenne portée et 25 canons.
Le maître d’œuvre de ces acquisitions est la société Boeing Corporation, qui fait partie d’un groupe d’entreprises américaines et européennes déjà épinglées par le Conseil onusien des droits de l’homme et des ONG internationales de défense des droits de l’homme et contre lesquelles ils ont demandé un embargo et des sanctions.
Le Congrès américain est allé plus loin encore en votant une loi qui rend obligatoire les transferts vers Israël, dans les 30 jours, de l’arsenal approuvé dans le cadre du «plan d’aide étrangère» de 95 milliards de dollars adopté au mois d’avril dernier.
Le gel des opérations de transfert d’armes, notamment des bombes à destruction massive de plus de 900 kg, a été levé ainsi que les sanctions prévues contre les membres de l’Unité de l’armée israélienne, «Netta Ehud», pour graves violations des droits de l’homme en Cisjordanie occupée commises avant le 7 octobre dernier.
Washington ne fait pas le lien officiellement avec ce pont militaire et la mort de plus de 40 000 Ghazaouis, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants. Il redoute d’être accusé de complicité du plus grand génocide perpétré dans le monde des 70 dernières années et également de favoriser les agissements des colons juifs de Cisjordanie qui sèment la mort et la terreur avec la complicité du gouvernement israélien.
Washington, au demeurant, fait fi de toutes les résolutions onusiennes et des instances juridiques qu’il bloque par tous les moyens. Biden quittera bientôt la Maison-Blanche les mains tachées de sang et s’il lui succède, Donald Tromp plongera lui aussi ses mains dans le sang palestinien, probablement même Kamala Harris, tant le soutien inconditionnel, aveugle et total est inscrit dans les gènes de la classe politique américaine, main dans la main avec le complexe militaro-industriel. Impuissant, le peuple américain voit de son côté s’éteindre toutes les nobles valeurs de l’Amérique réelle…