Israël: le gouvernement limoge le chef du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure

21/03/2025 mis à jour: 16:49
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Ronen Bar, dont l’annonce du renvoi a provoqué des manifestations, a assuré qu’il se défendrait devant les «instances appropriées», ce qui laisse présager une bataille judiciaire avec l’exécutif.

Le gouvernement israélien a décidé de limoger Ronen Bar, chef du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure, en raison d’une perte de confiance du premier ministre Benyamin Netanyahou. L’annonce a été faite le 21 mars, précisant que Ronen Bar quittera son poste dès la nomination de son successeur ou au plus tard le 10 avril.  

Dans une lettre adressée aux membres du gouvernement, Netanyahou évoque une rupture de confiance professionnelle et personnelle persistante avec le directeur du Shin Bet, compromettant la capacité du gouvernement à exercer efficacement ses fonctions. Cette défiance, renforcée durant la guerre, dépasse l’échec du 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a attaqué le sud d’Israël, déclenchant la guerre à Gaza.  

Nommé en octobre 2021 pour un mandat de cinq ans, Ronen Bar a déclaré qu’il défendrait sa position devant les instances compétentes. Il a affirmé que son éviction visait à empêcher des enquêtes sur les événements ayant conduit au 7 octobre ainsi que sur d’autres affaires sensibles actuellement examinées par le Shin Bet.  

L’annonce de sa révocation a provoqué de vives réactions de l’opposition et des manifestations dénonçant une menace pour la démocratie. Des milliers de personnes ont protesté devant la résidence de Netanyahou et la Knesset, sous une météo défavorable.  

Une enquête interne du Shin Bet, publiée le 4 mars, a révélé des failles dans la collecte de renseignements qui auraient pu permettre d’anticiper l’attaque du Hamas. Elle a également critiqué l’exécutif, soulignant que la politique d’apaisement envers le mouvement islamiste palestinien avait contribué à renforcer les capacités militaires du Hamas.  

Ronen Bar a rejeté les justifications avancées par Netanyahou, estimant qu’elles masquaient les véritables motivations de son limogeage. Il a évoqué une enquête particulièrement sensible impliquant des proches du premier ministre, suspectés d’avoir reçu des fonds du Qatar, une affaire surnommée « Qatargate » par la presse.  

Cette décision intervient alors qu’Israël a repris les bombardements intensifs sur Ghaza après une période de trêve. Netanyahou a assumé la responsabilité de ces frappes, affirmant qu’elles visaient à exercer une pression sur le Hamas pour obtenir la libération des otages encore détenus. Le président israélien Isaac Herzog a exprimé son inquiétude face à cette escalade, soulignant qu’elle risquait de fragiliser la cohésion nationale.

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