Islamophobie : quand la responsabilité des Etats est engagée

01/02/2023 mis à jour: 14:49
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Régulièrement en Occident sont enregistrées des atteintes intolérables à l’islam, ciblant soit les communautés musulmanes, soit l’image du Prophète Mohamed, soit Le Coran. Ces derniers jours, c’est dans les pays scandinaves qu’ils se sont déroulés, déclenchant une vague d’indignation et de colère dans les pays musulmans. Ils posent de nouveau la question de la montée en puissance de l’islamophobie, encouragée, çà et là, par les victoires électorales des partis d’extrême droite mais qui posent en même temps le problème de la responsabilité des dirigeants politiques en poste lorsqu’ils autorisent les manifestations publiques antimusulmanes et ne prennent pas de mesure à l’encontre de leurs auteurs. Et en même temps développent un discours douteux sur «la liberté de blâmer», aux antipodes du respect dû aux religions, à toutes les religions, dès lors qu’elles s’exercent dans le respect des lois nationales. A Stockholm, tout récemment, le politicien suédo-danois Rasmus Paludan, chef du parti d’extrême droite Stram Kurs, a brûlé un exemplaire du Coran devant une mosquée. Cet acte islamophobe est survenu quelques jours après que Paludan ait brûlé Le Coran devant l’ambassade de Turquie en Suède, lors d’une manifestation autorisée par la police. Paludan a également annoncé qu’il brûlera Le Coran tous les vendredis jusqu’à ce que la Suède soit intégrée dans l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan). Le parti a été fondé par Rasmus Paludan en 2017 qui est connu pour de nombreuses vidéos anti-islamiques sur YouTube. Il a qualifié d’hommage à la liberté d’expression le fait de brûler Le Coran et son parti exige d’interdire l’islam et d’expulser tous «les non-Occidentaux qui ont reçu l’asile».

Immédiatement après ces actes, de vives protestations sont intervenues dans le monde musulman. Des marches et des manifestations se sont déroulées dans de nombreux pays musulmans. Ankara a notamment qualifié Paludan de «charlatan haineux de l’islam» et condamné fermement l’autorisation donnée par les autorités pour cet acte provocateur, qui, selon elle, «constitue clairement un crime haineux».

actes provocateurs

A Alger, lors de la 17e session de l’Union parlementaire des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (PUIC), Mustapha Sentop, président du Parlement turc, a violemment dénoncé ces actes islamophobes. «Les pays occidentaux doivent cesser de bafouer les livres saints et immédiatement mettre fin à ce jeu dangereux», a-t-il affirmé ajoutant que «le fait que des actes provocateurs à l’encontre de l’islam, qui insultent nos valeurs sacrées, soient autorisés par les autorités suédoises au nom de la liberté d’expression, que les Pays-Bas ignorent l’attaque perpétrée dans leur propre pays et que le Danemark suive la même ligne est une question qui doit être examinée avec soin. Malgré tout, nous, musulmans, sommes obligés d’être vigilants, modérés, raisonnables et dignes. Nous ne devons pas abandonner les principes de respect des différences que notre religion et notre civilisation nous ont enseignés, appelant au bien et évitant le mal». Mais Mustapha Sentop ne manquera pas de préciser que «les voix des pays et organisations islamiques sont également très faibles face à ces actes funestes». Il conclura que «toutefois, notre réponse collective et forte permettra sans aucun doute à la Suède, au Danemark, aux Pays-Bas ou à d’autres pays où un tel manque de respect est constaté de faire le ménage et les obligera à prévenir des catastrophes similaires qui pourraient se produire à l’avenir». «En plus des réponses individuelles des pays, il est nécessaire de montrer des réactions au plus haut niveau dans les organes internationaux où les pays islamiques sont représentés.» De son côté, le ministre koweïtien avait exhorté la communauté internationale à «remplir ses obligations de mettre fin à de telles actions inacceptables et à faire assumer la responsabilité aux coupables». Selon lui, il importe de «rejeter toutes les formes de haine et d’extrémisme, de ne pas lier la politique à la religion, mais de propager les valeurs du dialogue et de la tolérance, de prévenir les cas d’insulte à toute confession religieuse». Rappelons que pour marquer l’ouverture le 2 septembre du procès à Paris des attentats djihadistes contre Charlie Hebdo, des policiers et une supérette juive ayant fait 17 morts dans la capitale française en janvier 2015, l’hebdomadaire satirique a remis en une, il y a deux années, les caricatures du Prophète Mohamed. L’ayatollah Khamanei avait déclaré à ce moment-là que «le grand péché impardonnable d’une publication française ayant insulté le visage radieux et saint du grand Prophète révèle une fois de plus l’hostilité et la rancune vicieuse des institutions politiques et culturelles du monde occidental envers l’islam et la communauté musulmane». Il a ajouté que «le prétexte de la liberté d’expression invoqué par certains hommes politiques français pour ne pas condamner ce grand crime doit être rejeté comme erroné et démagogique», a-t-il ajouté. A ce propos, le président français, Emmanuel Macron, avait déclaré qu’«il y a (…) en France une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience». «Je suis là pour protéger toutes ces libertés.» Le président français n’évoque pas le préjudice moral sur des milliards de croyants de ce qu’il appelle la «liberté de blasphémer» et pourquoi elle ne s’applique qu’en direction de l’islam. 

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