Interdits lors du protocole de Montréal : Les chlorofluorocarbures menacent encore la couche d’ozone

17/04/2023 mis à jour: 04:15
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Photo : D. R.

Les chlorofluorocarbures (CFC), connus pour leurs effets nocifs sur la couche d’ozone, ont atteint des niveaux record en 2020, et cela, malgré leur interdiction, il y a plus de 35 ans, lors du protocole de Montréal dont l’objectif était de faire diminuer la concentration de ces CFC dans l’atmosphère en contrôlant et en restreignant de plus en plus la production de ces produits chimiques.

Les chlorofluorocarbures (CFC), connus pour leurs effets délétères sur la couche d’ozone, ont atteint des niveaux record en 2020. C’est en tout cas ce que révèle une étude publiée cette semaine dans la revue Nature-Geoscience.

Si les résultats de cette étude sont si inquiétants, c’est car les CFC sont de puissants gaz à effet de serre qui, selon Farid Rahal, maître de conférences à l’Université des sciences et technologie d’Oran, piègent la chaleur jusqu’à 10 000 fois plus efficacement que le dioxyde de carbone qui est le principal responsable du réchauffement de la planète, selon les données du Global Carbon Project.

D’ailleurs, les gaz chlorofluorocarbures, appelés communément CFC, sont des gaz «non inflammables, stables, inertes et très peu coûteux à fabriquer». C’est ce qui explique, selon le chercheur, qu’ils ont été largement utilisés par l’industrie dans différents secteurs jusqu’à leurs interdictions au niveau international.

«On pouvait retrouver les CFC dans un réfrigérateur jouant le rôle d’un fluide réfrigérant, dans un déodorant comme gaz propulseur ou bien dans un produit nettoyant car les CFC sont de puissants solvants», affirme M. Rahal.

Largement utilisés comme réfrigérants et dans les aérosols dans les années 1970 et 1980, ils avaient fini par être interdits en 1987 lors du Protocole de Montréal, après la découverte du trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique résultant de leur utilisation. Mais comment expliquer qu’ils aient atteint des niveaux record en 2020 ?

Selon M. Rahal, les sources d’émissions ne sont pas encore clairement identifiées, car 197 pays ont ratifié le Protocole de Montréal, dont l’Algérie en 1992, mais l’interdiction des CFC est globalement, selon le spécialiste, bien respectée. «Il pourrait s’agir d’émissions incontrôlées lors de processus industriels qui utilisent les CFC», pense M. Rahal.

En effet, le Protocole de Montréal autorise l’utilisation des CFC pour la fabrication d’autres substances chimiques. Il s’agit notamment des hydrofluorocarbures (HFC) qui ont remplacé les CFC et qui n’affectent pas la couche d’ozone. Toutefois, M. Rahal assure qu’il pourrait également s’agir d’industriels qui ne respectent pas sciemment l’interdiction d’utilisation des CFC en raison de leurs avantages économiques.

Contraintes économiques

Les CFC sont donc en partie responsables de la destruction de la couche d’ozone au niveau de la stratosphère, soit sur une altitude entre 20 et 50 km.

A cet effet, M. Rahal explique : «L’ozone stratosphérique absorbe la plupart des rayons ultraviolets de type B (UV-B) qui sont fortement mutagènes pouvant altérer l’ADN des organismes vivants.» De plus, les CFC sont de puissants gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique.

Et afin de pouvoir les réduire, le spécialiste recommande de respecter scrupuleusement les interdictions établies par le Protocole de Montréal. Les contraintes économiques ne devraient pas, selon M. Rahal, être un prétexte pour utiliser les CFC car cela mettrait en péril l’humanité toute entière. «Il faudrait aussi colmater les fuites de CFC constatés lors des processus industriels autorisés par le protocole de Montréal», ajoute-t-il.

Il est enfin important de remplacer progressivement l’utilisation des HCF en raison de leur effet de serre avéré par des substances qui n’affectent pas le climat. En ce qui concerne le trou de la couche d’ozone, M. Rahal affirme que le Programme des Nations unies pour l’environnement établi tous les quatre ans un rapport afin d’évaluer le trou de la couche d’ozone.

Et le dernier rapport paru au mois de janvier 2023 indique que la reconstitution de la couche d’ozone stratosphérique était en bonne voie. «L’application du Protocole de Montréal a donc porté ses fruits en réduisant considérablement les émissions de substances appauvrissant la couche d’ozone. Aujourd’hui, les émissions des CFC ne représentent que 5% de celles des années 1980», conclut le chercheur.

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