Intensification des bombardements et des incursions de drones : Le Hezbollah et Israël au bord de la guerre

24/06/2024 mis à jour: 23:13
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Photo : D. R.

Les choses se sont littéralement emballées au soir de mardi dernier, lorsque l'état-major de l'armée israélienne a annoncé avoir mis au point et approuvé des plans opérationnels en perspective d'une «offensive contre le Liban».

Intensification des bombardements et des incursions de drones, guerre des mots de plus en plus violente, menaces chaque jour  plus concrètes… La chronique du conflit entre Israël et le Hezbollah libanais livre quotidiennement des éléments qui accréditent l'idée d'un basculement imminent de la tension dans un conflit ouvert entre les deux parties.

Les derniers jours ont été particulièrement tendus et chargés. Dans la matinée d'hier, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé un drone explosif sur un site militaire israélien, en représailles à l'opération qui avait coûté la vie à l'un des dirigeants de Jamaia Islamya, proche du Hamas palestinien.

Le Hezbollah a, par ailleurs, diffusé des images aériennes de sites militaires israéliens, avec leurs coordonnées, pour signifier sa pleine maîtrise de la situation et ses capacités à recueillir des renseignements militaires loin des radars de l'ennemi. Le mouvement libanais pratique depuis des semaines cette forme de guerre psychologique.  Il y a quelques jours ses drones ont survolé le grand port de Haifa, en territoires palestiniens occupés, livrant des images précises sur ses installations sensibles.

Ces montées des périls ont fait réagir, pour la énième fois depuis huit mois, le secrétaire général de l'ONU. Antonio Guterres, s'adressant à la presse au siège de l'Organisation internationale à New York vendredi dernier,  a lancé que «les peuples de la région (Proche-Orient) et du monde ne peuvent pas se permettre que le Liban devienne un autre Ghaza».

«Un autre conflit ouvert, après celui qui ravage l'enclave palestinienne depuis octobre dernier, aura des  conséquences imprévisibles sur les populations et aggraverait les tensions, déjà dangereusement  exacerbées, dans le monde», a-t-il poursuivi. «Un geste irréfléchi - une erreur de calcul - pourrait déclencher une catastrophe qui irait bien au-delà de la frontière et, franchement, au-delà de l'imagination», prévient encore Guterres.

Mobilisation générale

Les choses se sont littéralement emballées au soir de mardi dernier, lorsque l'état-major de l'armée israélienne a annoncé avoir mis au point et approuvé des plans opérationnels en perspective d'une «offensive contre le Liban».

La menace, déjà proférée par Benyamin Netanyahu en décembre dernier,  de faire subir à  Beyrouth et le Liban ce qu'il fait subir à Ghaza revient cycliquement dans les propos des dirigeants à Tel-Aviv, du moins à chaque fois qu'un regain d'opérations est signalé à la frontière. Mais jamais auparavant il n'a été question de plans précis d'offensive.

«Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le Liban», a menacé mardi le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, ajoutant que «dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera touché durement».

Ces menaces n'ont pas laissé indifférents les dirigeants du puissant mouvement chiite bien entendu. S'exprimant mercredi 19 juin, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a dû hausser le ton et lancer des mises en garde en direction de Tel-Aviv. «L'ennemi sait parfaitement que nous nous sommes préparés au pire, il sait qu'aucun lieu ne sera épargné par nos missiles», a-t-il notamment averti, affirmant que ses troupes, fortes de 100 000 hommes, étaient désormais équipées de nouveaux armements qui vont leur permettre de prendre l'avantage sur le terrain.

Enfin, et fait nouveau, le leader du Hezbollah a étendu ses avertissements contre Chypre, menaçant de l'intégrer sur la liste des cibles, si la situation venait subitement à se dégrader. Nasrallah soutient détenir des informations selon lesquelles les autorités chypriotes étaient prêtes à mettre à disposition de l'aviation israélienne des aéroports et des bases pour mener des raids contre le Liban.

Des propos qui ont poussé le président chypriote, Nicos Christodoulides, a très vite réagir en démentant formellement toute intention de son pays à s'impliquer dans un quelconque conflit.

Ce qui est certain, cependant, c'est que Nicosie entretient de très bonnes relations avec Tel-Aviv et qu'une coopération militaire assidue lie les deux parties : des exercices sont ainsi organisés annuellement par l'armée israélienne sur cette île distante de moins de 300 km des côtes de Ghaza et du Liban.

Le décor semble donc planté pour un conflit ouvert, même si la plupart des analystes continuent à affirmer qu'aucune des deux parties n'a objectivement intérêt à ce que la situation échappe au contrôle. Mais comme avertit Antonio Guterres et l'atteste l'histoire de nombreux conflits dévastateurs dans le monde,  il suffit  souvent d'«un geste irréfléchi,  une erreur de calcul» pour que tout bascule.

 
 

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