L’investissement dans l’intelligence artificielle est-il rentable ? Ce n’est pas sûr, répond la banque américaine Goldman Sachs, qui affiche dans un rapport son scepticisme quant au rendement de ce type d’investissement sur les dix prochaines années.
«L’IA pourrait s’avérer bien moins prometteuse que ne le pensent de nombreux chefs d’entreprise et d’investisseurs», affirme la Goldman Sachs, craignant que les dépenses importantes actuelles dans l’IA ne rapportent pas grand-chose dans un délai acceptable.
«Les 1000 milliards de dollars à dépenser au cours des prochaines années, y compris dans les centres de données, les puces, d’autres infrastructures d’IA et le réseau électrique seront-ils payants ?» se demande la banque américaine sans cacher une forte pointe de doute. Le professeur au MIT, Daron Acemoglu, estime que seulement un quart des tâches exposées à l’IA sera rentable dans les 10 prochaines années, ce qui veut dite que l’IA aura un impact sur moins de 5% de toutes les tâches.
Le professeur n’est pas certain que les nouvelles technologies deviendront moins coûteuses au fil du temps et encore moins plus impressionnantes que l’on peut le croire aujourd’hui. Le même professeur prévoit que l’IA n’augmentera la productivité des Etats-Unis que de 1,5 milliard d’euros, soit 0,5%, et hissera la croissance du PIB que d’un petit 0,9% au cours de la décennie prochaine.
Jim Covello, responsable de la recherche sur les actions mondiales chez Goldman Sachs, doute pour sa part que l’IA et ses services d’automatisation des tâches puissent diminuer suffisamment les coûts en raison de la complexité de la fabrication des intrants, comme les puces GPU. Ceci et de douter également que l’IA stimule l’évaluation des entreprises utilisant cette technologie. Le rapport gain d’efficacité et augmentation réelle des revenus n’est pas encore clair, estime le responsable.
Un peu plus optimiste, Joseph Briggs, économiste principal chez la banque américaine, considère que l’IA générative n’est pas rentable aujourd’hui, mais elle arrivera dans une dizaine d’années à automatiser à terme 25% de toutes les tâches professionnelles, augmenter la productivité de 9% et la croissance du PIB de 6,1%.
L’autre question qui se posera à l’avenir est de savoir si l’énergie électrique suivra cette tendance au tout-automatique ? Selon les analystes de la Goldman Sachs, plusieurs paramètres sont à prendre en compte, dont les pénuries d’intrants et la hausse de la demande sur l’énergie électrique. «Les pénuries d’intrants clés, comme les puces et l’énergie, pourraient-elle empêcher la technologie de tenir ses promesses», s’interroge la GS, en notant que la demande sur les puces génératives dépassera l’offre.
Ceci alors que la demande sur l’énergie électrique dépassera de loin les niveaux que l’on connaît aujourd’hui. «Des signes précurseurs sont constatés en Virginie, foyer de croissance des centres de données aux Etats-Unis», fait remarquer la même source. Notons que sur le marché boursier, la valeur de la plus chérie des investisseurs dans l’IA, Nvidia a perdu 7%, ce qui est la 7e perte hebdomadaire depuis le début de l’année. L’industrie des semi-conducteurs, et notamment les puces destinées à l’IA, ne cesse de connaître des revers.