Samedi dernier a eu lieu, à l’Institut français d’Oran, le vernissage de l’artiste-peintre Aya Bennacer pour son exposition «Peau inversée», et cela dans le cadre du mois consacré aux droits des femmes.
Aya Bennacer a ainsi, par le truchement de ses tableaux, convié les visiteurs à découvrir un univers intimiste où perle le mystère, le trouble mais aussi, en filigrane, un réquisitoire en toute finesse contre le patriarcat imbécile et la pudibonderie, sommes-nous tentés de penser.
Née en 1997 dans un petit village près de la ville de Batna, Aya Bennacer fait des arts plastiques, pour l’heure du moins, son violon d’Ingres, mais il faut dire qu’elle s’y est faite les dents sans l’aide de personne.
Une pure autodidacte en somme, dont les œuvres dévoilent, comme l’avait souligné le directeur de l’Institut français d’Oran, Romain de Tarlé, «une technique absolument aboutie».
Quand on jette un coup d’œil à ses différents tableaux, on entre immédiatement dans un univers où l’intime est de mise, un univers, explique l’artiste, qui ne s’impose pas forcément de prime abord, mais qui finit par «travailler» le visiteur, le questionner.
Il s’agit d’émotions figées en créature, dont il est nécessaire, insiste-t-elle, «de les ressentir, les expérimenter en tant que sentiments».
Ces créatures, constatons-nous, sont malmenées, mises à nu, victimes de l’étouffement, de la pression sociétale et de conservatisme médiéval. «Œil», le titre de l’un des tableaux exposés, peut suggérer, peut-être, des ravages que cause le qu’en-dira-on et dont sont victimes les femmes qui décident de disposer de leur corps comme bon leur semble, faisant fi des us et coutumes et autres codes sociétaux dont elles s’émancipent. «J’ai longtemps retardé l’échéance.
Les créatures se faisaient de plus en plus nombreuses, elles s’agitaient dans la tête, fouillaient dans mes souvenirs, parlaient, commentaient, jugeaient, elles vivaient en moi, dans ma pauvre tête… et je ne voulais pas qu’elles y meurent, alors j’ai un jour décidé de les libérer, de me libérer», a-t-elle expliqué, dans le petit prospectus qui relate son parcours.
Notons enfin que Aya Bennacer est également musicienne et chanteuse, ayant jeté son dévolu sur le blues et le jazz. Elle est aussi sculptrice et créatrice de bijoux. L’exposition «Peau inversée» reste accroché sur les murs de l’Institut français d’Oran jusqu’au 30 mars prochain.