Instantané : Lorsque les «nettoyeurs de têtes d’ovin»  s’emparent des lieux publics !

01/07/2023 mis à jour: 04:25
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Après l’exercice des rémouleurs qui avaient pignon sur rue à travers les quartiers avant l’accomplissement de la sûnna du prophète Sidna Ibrahim El Khalîl, voilà une autre pratique qui s’installe à ciel ouvert sur les trottoirs de nos cités. Cela se passe juste après le geste sacrificiel.

A proprement dire, nombre de  ménagères ont cette tendance de s’épargner d’une corvée aussi astreignante qu’embarrassante, celle de préparer la tête «décapitée» de la bête immolée. Autrefois, c’était grand-mère qui coupait à ras la laine, les gros duvets de la tête et des pieds du ruminant, les flamber sur un feu de charbon en bois ou sur une «tabouna», avant de les gratter avec une brosse métallique, couper les oreilles et passer enfin à la hache les cornes.

Désormais, la femme ou la fille rechigne à cette rude besogne qu’elle trouve ingrate. Ce dur labeur dont elles étaient astreintes, presque de manière automatique, ne relève plus, du moins pour une bonne partie de la gent féminine, de leur ressort... Et pourquoi pas, a fortiori, lorsque le nettoyage de la tête ovine ou bovine se voit confié à des jeunes qui saisissent l’opportunité pour ramasser la thune ?

En déambulant le premier jour de l’Aid El Adha dans une agglomération du Sahel algérois, plus précisément à travers les rues d’Ouled Fayet, juste après l’accomplissement du sacrifice ibrahîmien, on voyait des groupes de jeunes, munis de bouteilles de gaz butane et d’un attirail d’accessoires dont des chalumeaux, des couteaux aiguisés, des haches, des grattoirs… prendre d’assaut des pans de trottoir. Ils installaient leur «barda» pour traiter au chalumeau une série de têtes de bélier que les clients déposaient devant leurs pieds.

Dans presque chaque coin de rue, on y humait une forte odeur de brûlé et voyait s’élever des panaches de fumée mêlés à des cendres lors de cette journée caniculaire. «Allez, Monsieur, 900 DA/pièce, nettoyage et découpe de la calotte comprise... Ramenez votre tête de mouton que je la nettoie», me balança-t-il non sans une pointe d’ironie. Le bonhomme semble faire de la concurrence en matière de coût de service, car 100 mètres plus loin, son binôme propose la prestation à 1000 DA.

Soit. Là où ça ne va pas, ce n’est pas le fait que des jeunes proposent leurs services à la ménagère, ça fait mal lorsque ces prestataires de circonstance ne débarrassent pas le plancher des lieux publics des résidus, une fois la tâche accomplie, laissant l’endroit crade aux agents d’Extranet ou de Netcom. Aussi, à titre précautionneux, les édiles ne devraient-ils pas réfléchir à réglementer cette opération en consacrant une aire appropriée à ce genre de mission lorsque… l’événement s’y prête ? A méditer.

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