Tout enfant, il se faisait conduire, au même titre que le reste de la fratrie, par son père, pour suivre des cours de musique au Conservatoire d’Alger, situé au boulevard Che Guevara. C’était au début des seventies du siècle dernier, lorsque le papa tenait à ce que sa progéniture ait une formation artistique, en dehors du cursus scolaire.
Après les cours de solfège qui étaient dispensés par les professeurs de musique, dont bon nombre exerçaient en tant que coopérants techniques venus des pays de l’Est, chacun des mioches choisissait son instrument, qu’il soit tempéré, à cordes, à percussion ou à cuivre. Peu nombreuses, les infrastructures affectées à la formation musicale assuraient des études aux futurs musiciennes et musiciens, chanteuses et chanteurs, ceux-là mêmes qui, plus tard, allaient donner naissance à des associations musicales, comme Abderrezak Alilat, l’enfant de Notre-Dame d’Afrique, le regretté Smain Henni, dans le genre andalou ou encore le professeur musicien Mohamed Bennai, un pédagogue qui verra défiler, dans ses classes relevant du conservatoire et de l’Epic Arts et culture de wilaya, des pépites...
D’autres élèves, comme Beihdja qui s’est frottée à l’art du bel canto dans le genre «sanaâ», au même titre que feu Noureddine Saoudi, tous deux nourris à la source du patrimoine musical andalou et pétris dans le moule des artistes musiciens, les frères Fakhardji, Abderrahmane Belhocine, Abdelkrim Dali, et autres El Hadj M’hamed El Anka et Boudjemaâ Ferguène, pour ne citer que ces derniers, avaient acquis une formation musicale qui les propulsa au-devant de la scène artistique.
Les études académiques poussèrent les potaches qu’ils étaient à briller de mille feux avant de s’essayer, plus tard, à opérer des fusions dans le domaine musical entre le patrimoine algérien et celui à connotation ibérique, et ce, à travers des orchestres hybrides, mis sur pied grâce à leur virtuosité… Rachid et Amel Brahim-Djelloul, ces tout petits du conservatoire, gravirent, au même titre que leurs prédécesseurs, les échelons dans la sphère musicale. Après avoir décroché le fameux sésame, le bac, ils entreprirent des études supérieures tout en se donnant les moyens de parfaire leur cursus musical dans le monde de la musique savante.
Présentement, ils font les beaux jours des orchestres outre-Méditerranée. Ils multiplient les prestations : Rachid, avec son titre de musicologue, ouvre un département de musique oriental dans l’Hexagone, quant à Amel, elle fait montre de prouesse dans l’art lyrique, en se produisant comme soprano dans les prestigieux opéras d’Europe…