Instantané / Ces arbres qu’on arrache !

11/08/2024 mis à jour: 03:47
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éLa route de Bouchaoui, voie qui prend naissance du rond-point, situé à un lancer de pierre de l’opéra d’Alger, et menant vers Zéralda et Souidania, fait l’objet de travaux d’élargissement.

 A des fins d’intérêt public, on rogne la lisière d’un champ agricole, non sans abattre à coup de tractopelle le bel alignement de caroubiers qui bordent la chaussée sur une distance de quelque 800 mètres. A croire que l’arbre, qui est au cœur de l’écosystème, est considéré comme menaçant ! En voyant de pareille opération menée tambour battant sur le tronçon en question, une interrogation nous turlupine : l’abattage d’arbres serait-il incontournable pour élargir la chaussée ? 

La suppression de ce type de végétal serait-il l’unique recours pour pouvoir agrandir une route ? Autrement dit, doubler la largeur d’une voie autorise-t-il systématiquement à faire sienne l’option, celle à déraciner de beaux arbres qui, au-delà du bienfait écologique qu’ils présentent,  bordent joliment une route, en sus de l’ombrage qu’ils procurent aux usagers et la réduction de nuisance acoustique ? L’on s’acharne pourtant, dans nombre de cas, à dégarnir des parcours ou des espaces boisés, renseignant quelque part que nos «bien-pensants», chargés de l’aménagement routier, triturent moins leur cervelle pour faire in fine dans le simplisme... N’aurait-il pas été plus convenant de retransplanter ces arbres ailleurs, comme on l’avait fait déjà en 2009 lorsqu’on avait dessouché – tramway oblige – plus de 500 arbres «ficus retusa» centenaires le long de la rue Tripoli, avant de les replanter dans différents sites de l’Algérois ? 

N’aurait-il pas été plus correct de se servir de ce bel alignement d’arbres en guise de séparation de deux voies le long de cet axe routier périurbain ? Oui, on a beau seriner et brandir le facteur sécurité, argument qui, à bien des égards, ouvre droit aux maîtres d’œuvre à l’arrachage des arbres... S’il est vrai qu’il subsiste certains axes routiers, considérés comme accidentogènes, à cause de l’alignement d’arbres trop rapprochés de la chaussée, d’autres tronçons parsemés joliment d’arbres ne semblent pas présenter outre mesure un quelconque péril pour les automobilistes, sinon qu’ils rajoutent cette note de gaieté rustique au parcours. 

Mais c’est compter sans le bon sens des entrepreneurs de voirie censés doter nos infrastructures routières des éléments constitutifs (panneaux de signalisation, éclairage, glissières de sécurité), outre l’installation d’un équipement urbain approprié, comme les rambardes ou parapets, les bancs publics, sans oublier, bien sûr, ce qui œuvre à amadouer un tantinet le stress du quotidien auquel fait face l’administré, en l’occurrence l’arbre.  Cet élément qui, à notre grand dépit, vient à manquer le plus dans nos espaces urbains et suburbains.

 

Par Farouk Baba-Hadji 

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