Inscriptions universitaires : Engouement pour les écoles supérieures

07/08/2024 mis à jour: 06:31
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Les nouveaux bacheliers en Algérie s’orientent, de plus en plus, vers les écoles supérieures spécialisées dans les domaines des technologies du numérique et de l’informatique. 

Des écoles qui attirent les majors de promotion et qui suscitent un véritable engouement ces dernières années. Un engouement «algorithmique» qui vient surclasser l’intérêt affiché pour des spécialités considérées jusque-là comme les plus prestigieuses, telles que la médecine, la chirurgie-dentaire ou la pharmacie. 

 «Il y a une augmentation croissante du nombre de candidats pour intégrer les écoles supérieures. 15 593 bacheliers s’y sont inscrits cette année, soit une augmentation de 4,23% par rapport à 2023», a confirmé, lundi, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, lors de la présentation des résultats de l’opération d’orientation préliminaire des nouveaux bacheliers. Pour accéder et entrer dans ces écoles, la sélection est plus que stricte et est déterminée principalement par la note décrochée au baccalauréat. Les notes d’admission à ces établissements, fixées par le ministère de l’Enseignement supérieur, sont parmi les plus élevées. Selon le Centre d’orientation 2024, qui relève de l’Ecole supérieure d’informatique (ESI), les établissements des technologies du numérique, de mathématiques et d’informatique sont en tête de liste. L’Ecole nationale supérieure d’informatique de Oued Semar, à Alger, a ainsi fixé, pour l’année universitaire 2024-2025, trois niveaux d’admission exigeant des notes allant de 18,31, 18,57 à 19,05. Créée en 1969 sous le nom de Centre d’études et de recherche en informatique (CERI), l’ESI s’est hissée au rang d’école nationale en 2008 au point de devenir, aujourd’hui, un centre de référence en la matière. Elle comptabilise, à ce jour, plus de 8269 diplômés. Pour l’Ecole supérieure d’informatique de Sidi Bel Abbès, le seuil est fixé à 17,09, 17,41 et 17,78. 


flexibilité dans les études

Elle assure, depuis sa création, la spécialisation de ses ingénieurs dans les systèmes d’information et web, l’ingénierie des systèmes informatiques (ISI) et l’Intelligence artificielle et sciences de données (IASD). Alors que les notes d’admission sont de 17,13 et 17,47 pour l’Ecole supérieure en sciences et technologies de l’informatique et du numérique (Estin) d’Amizour, à Béjaia. Quant à l’Ecole polytechnique d’Alger, la note minimum est de 17,58 pour pouvoir y accéder. Très en vogue chez les jeunes bacheliers, l’Ecole supérieure d’intelligence artificielle (Ensia), créée en 2021, place la barre haut. 

Les postulants doivent, en effet, justifier de notes minimales de 18,64, 19,03 et 19,41 pour s’assurer une place au pôle de Sidi Abdellah. L’Ensia est talonnée de près par l’Ecole supérieure de cybersécurité, créée cette année, où les notes d’admission sont comprises entre 18,25, 18,61 et 18,99.  Située également dans pôle de Sidi Abdellah, elle est le fruit d’une collaboration étroite entre le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de la Défense nationale (MDN). Sur ce même site, l’Ecole nationale supérieure de mathématiques (NHSM), créée en 2021, maintient les notes d’admission à un niveau élevé : 17,08. «Après trois ans d’existence, l’Ecole lance un master international en maths. Premier du genre, ce master permet une flexibilité dans les études et un encadrement local et international dans le cadre d’une collaboration avec le consortium italien ICTP», explique un étudiant de la toute première promotion de l’Ecole. 

Deux autres écoles, celles des nanotechnologies et des systèmes autonomes, nouvellement créées cette année, fixent, elles, les notes d’admission à 17,96 et 18,13. Qu’est-ce qui fait que les notes d’admission soient aussi élevées pour les écoles supérieures ? 

«Les conditions d’admission obéissent à une règle simple : l’offre et la demande. Il y a une grosse demande sur les filières du numérique, d’où les critères fixés, explique le Dr Ali Kahlane, consultant en transformation numérique. L’avènement en trombe des outils de l’IA est en train de transformer, en profondeur, le fonctionnement des entreprises. A titre d’exemple, le profil de responsable de systèmes de sécurité est, présentement, parmi les plus recherchés.» 

Aussi, bon nombre de jeunes bacheliers se voient plutôt dans la peau d’un entrepreneur, indique-t-il. Avec les aides de l’Etat allouées aux start-up, ces bacheliers, qui prennent option pour l’aventure entrepreneuriale font le choix des grandes écoles. Pourquoi un tel engouement pour des filières où l’accent est surtout mis sur les mathématiques ? «L’informatique a pris un essor fulgurant depuis au moins deux décennies. Avec l’intelligence artificielle (IA) ces dernières années, tout s’accélère», répond M. Kahlane. «Aujourd’hui, tout le monde a un ordinateur en poche avec une panoplie de smartphones qui rendent l’informatique incontournable dans notre vie. Les jeunes bacheliers prennent, en fait, le train en marche et veulent s’assurer des débouchés professionnels sûrs», analyse-t-il. 


Pour lui, avec la création de l’Ecole supérieure de maths, la tendance s’est accentuée, d’autant que la qualité de l’enseignement «n’a rien à envier» à d’autres pays. Or, des milliers d’ingénieurs et de licenciés en informatique et en technologies du numérique finissent par quitter le pays au vu des opportunités sans limite qui s’offrent à eux sous d’autres cieux. «C’est bien de former, mais l’inconvénient est de savoir si l’écosystème économique est en mesure d’absorber, dans 4 à 5 ans, toute cette matière grise formée dans des matières bien pointues. On le saura cette année pour l’Ecole de maths de Sidi Abdellah», souligne-t-il. 

A l’ESI de Oued Smar, le phénomène de fuite des cerveaux est devenu endémique. 90% des ingénieurs informatiques partent à l’étranger en raison, essentiellement, d’un écosystème économique inadapté et des niveaux bas de rémunération, selon des enseignants.

 

 

 

Alger 3 : Lancement de spécialités innovantes

L’Université d’Alger 3 compte lancer plusieurs «spécialités innovantes» à partir de la prochaine année universitaire 2024/2025, a indiqué hier un communiqué du même établissement. «Dans le cadre du renforcement de sa place dans la nomenclature nationale de formation, l’Université d’Alger 3 annonce le lancement de plusieurs spécialités innovantes, dont des spécialités à double diplôme et à double-compétence et ce à partir de la prochaine année universitaire 2024/2025», précise le communiqué. Cette démarche s’inscrit «dans le cadre des efforts constants de l’université afin de répondre aux besoins du marché de l’emploi et de permettre aux étudiants d’acquérir les compétences requises pour surmonter les défis à l’avenir», note la même source qui ajoute que ces spécialités portent sur «un large éventail de domaines alliant théorie et pratique». Concernant les spécialités «à double diplôme», l’université offre des formations en modélisation mathématique, aide à la décision «économie quantitative, économie numérique», «médias, communication», «relations internationales et médias»  et «entraînement sportif compétitif». Quant aux spécialités à «double compétence», elles comprennent l’économie quantitative + informatique et l’économie + relations internationales. 
Le lancement de ces spécialités innovantes «reflète la vision de l’université à développer un système d’enseignement de haute qualité qui soit en phase avec les évolutions mondiales».

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