Ziani-Cherif Ayad. Comédien et metteur en scène de théâtre : «Ce qui relie le théâtre et le cinéma, c’est sur quels critères cette pièce ou ce film a été retenu ?

25/02/2024 mis à jour: 00:25
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Ex-directeur du Théâtre national, enseignant et organisateur d’événements culturels, il a eu le Prix de la mise en scène pour la célèbre pièce Galou laarab galou en 1983 au Festival de Carthage puis le Grand prix sur deux éditions successives en 1987 et 1989 de la même manifestation pour Les Martyrs reviennent cette semaine et El Ayta. 

Il a fondé la compagnie Gosto en 2003, travaillé sur la dramaturgie contemporaine arabe et lancé le Printemps des arts, rencontres de la musique et des beaux-arts au Square Port-Saïd pour l’art dans la rue, projet toujours dans les tiroirs.
 

 

Propos recueillis par Chawki Amari

 

-La crise du théâtre est-elle la même que la crise du cinéma ? Les problèmes sont-ils les mêmes ? 

La forme diffère parce que le cinéma est beaucoup plus dépendant d’une industrie qui n’existe pas encore. Mais sur le contenu, l’approche est la même et les problèmes sont pariels, de quelle manière on retient une œuvre, ces histoires de commissions, c’est ambigu, il y a beaucoup de brouillard. C’est ce qui relie le théatre et le cinéma, sur quels critères cette pièce ou ce film a été retenu ? Ce n’est pas clair. 
 

-Il y a autant de salles de théâtre que de salles de cinéma ?

Il y a une vingtaine de salles de théâtre, oui, mais c’est surtout une histoire de ce qu’on fait avec. Comment missionner tel ou tel théâtre par rapport à l’autre, national ou régional, faut-il en faire des théâtres de création, de production, de formation ou de proximité ? Il y a des théâtres qui n’arrivent même pas à payer les comédiens. Ce n’est pas un problème de salle, c’est toute une philosophie à mettre en place, avec un vrai débat, ouvert, avec les professionnels, où on analyse ce qui a été fait, on fait un état des lieux, et penser à ce que l’on doit faire, s’arrêter pour établir une véritable vision. Je rappelle qu’il y a eu deux étapes, en 1963 avec la nationalisation du théâtre, qui a été une bonne chose et qui a donné de belles oeuvres, ensuite en 1973 avec la décentralisation, qui a aussi été une bonne chose, l’Etat était conscient de l’importance de la culture. On attend toujours une troisième étape, qui tarde à arriver, avec des questions qu’il faut poser : comment nomme-t-on un directeur de théâtre, sur quels critères, est-ce un administratif ou un artiste ? Pourquoi on ne juge pas leur bilan, pourquoi celui-ci reste 2 ans, l’autre 5 ans ? 
 

-Avec un bon théâtre, on peut faire un bon cinéma ? Y a-t-il encore des passerelles entre les deux ? 

Oui, il y a encore des passerelles. Le cinéma s’enrichit quand il y a de bons acteurs de théâtre, ce qui ne veut pas dire que tout comédien de théâtre peut devenir un bon acteur de cinéma. Mais je vois par exemple en Tunisie de bons comédiens de théâtre et de cinéma, et au niveau de la distribution par exemple, ils ont tous les âges, du grand-père à la petite-fille, c'est ce qui nous manque ici. 

Même si on fait appel à des comédien(ne)s qui n’ont pas de formation et qui sont parfois très bons, le fait que les comédiens de théâtre ou de cinéma ne tournent pas souvent pénalise leur formation. Je cite souvent l’interprétation magnifique de Keltoum dans Le vent des Aurès de Lakhdar Hamina. Est-ce qu’ on a ce gabarit par exemple ? 
 

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