Dans chaque famille dans la région de Jijel, on trouvera toujours quelqu’un qui se souvient des célébrations d’antan de Yennayer, connu ailleurs sous le nom de Yennayer. Les récits relatent que jusqu’après l’indépendance du pays, cette journée particulière du milieu du mois de janvier était l’occasion de retrouvailles familiales autour d’un repas traditionnel.
Désormais, ce que l’on remarque est que les célébrations désertent peu à peu les foyers pour investir les espaces culturels officiels, où durant quelques jours, on relate ce que fut cette date dans la sociologie locale, ou pour étaler des spécialités culinaires, qui ne sont pas actuellement faciles à réaliser chez soi pour les petites bourses.
Aujourd’hui, quand les moyens le permettent, beaucoup préfèrent se rabattre sur le ftat, une pâte fine de semoule cuite sur une plaque métallique qui se vend désormais dans les magasins pour éviter les fastidieuses opérations nécessaires à sa préparation. Si bien que pour se remettre dans la tradition culinaire, il ne suffit plus que de débourser pour avoir l’accompagnateur de la sauce poulet garnie parfois d’olives vertes.
La tradition veut que ce soit de préférence un coq pour la viande blanche. Une viande dont le prix actuellement «donne froid dans le dos» aux ménagères. Si, en plus on doit parler d’un vigoureux coq, privilégié pour les tablées de fête, la dépense est assurément beaucoup plus importante que celle d’un poulet. Le poulet est encore présent dans le traditionnel couscous, agrémenté de kaddid, cette viande séchée généralement après le sacrifice du mouton de l’Aïd El Kébir.
On retiendra que cette tradition ne concerne pas seulement la partie berbérophone de l’ouest de la wilaya de Jijel, comme certains pourraient le penser, mais a cours dans l’ensemble de la région, d’est en ouest. La seule différence concerne l’art culinaire ou la méthode de préparation des plats. Il faut dire aussi qu’en cette période de pandémie, jalonnée de décès, le cœur de beaucoup familles n’est pas à la fête.
Célébrée officiellement depuis le 12 janvier 2018, la fête de Yennar entre désormais dans le programme de la maison de la culture Omar Oussedik de Jijel qui ne rate pas l’occasion de marquer cette date, mis à part en janvier 2021, du fait de la pandémie de la Covid-19. Cette année aussi, un programme étalé du 10 au 12 janvier a été préparé par les responsables de cet espace culturel.
On y retiendra des expositions sur le patrimoine culturel local, de photographies, de livres, des représentations folkloriques, des concours pour enfants et enfin des rencontres littéraires avec, notamment, Mohand Bachir Ferchouli qui présente son livre L’écho du village, ou encore Abdellah Aïssa Lehileh pour son ouvrage en arabe L’étrange éloquence du dialecte jijelien.