De Cruella d’Enfer à Scar, Disney a enfanté de nombreux méchants parmi les plus mémorables du cinéma. Mais dans les récents dessins animés du studio, les personnages maléfiques brillaient par leur absence. Au grand dam de certains fans, les héroïnes de La Reine des neiges 2 ou Raya et le dernier dragon combattaient ainsi des forces du mal abstraites, telles que la défiance envers les autres ou la xénophobie, plutôt que des divas obsédées par la fourrure ou des oncles régicides.
Cette tendance est sur le point d’être renversée avec Wish - Asha et la bonne étoile, un film d’animation qui célèbre les 100 ans de Disney avec des dizaines de clin d’oeil à son vaste héritage, et en profite pour renouer avec sa passion pour les personnages maléfiques. «Les fans nous disent : Donnez-nous un méchant ! Un vrai méchant comme au bon vieux temps», explique à l’AFP Chris Buck, le coréalisateur du film, qui sort en France le 29 novembre. Le studio espère donc faire plaisir à son public, avec un personnage qui cache son côté obscur derrière une façade de «beau gosse», ajoute l’autre réalisatrice, Fawn Veerasunthorn. Le dessin animé suit les aventures d’Asha, une adolescente courageuse de 17 ans qui va devoir lutter contre le roi Magnifico, un monarque aussi séduisant que fourbe.
En apparence bienveillant, ce souverain aux pouvoirs magiques est capable d’exaucer les voeux de ses sujets et de quiconque s’aventure dans son royaume. Mais lorsqu’Asha candidate pour devenir son apprentie, elle se rend compte que Magnifico exauce uniquement les voeux susceptibles de servir ses propres intérêts égoïstes. «Il commence par être charmant», poursuit Mme Veerasunthorn. Mais au cours du film, «on voit comment il s’est transformé en méchant». «Les méchants de Disney sont bizarres et amusants, et parfois extravagants», complète l’un des producteurs du film, Juan Pablo Reyes Lancaster Jones. «Mais ils ont aussi leurs raisons d’être méchants», ajoute-t-il, en promettant le retour d’un grand classique adoré des fans, la fameuse «chanson du méchant».
Hommage
Orchestré par l’un des créateurs de La Reine des neiges, le film a été explicitement conçu comme un hommage au centenaire du studio créé par Walt Disney. En quête d’inspiration, l’équipe a au départ accumulé des clichés tirés de tous les films produits par l’entreprise depuis un siècle sur un tableau. Le procédé a fait émerger un point commun entre de nombreux dessins animés: de «Pinocchio» à «Moana», les personnages Disney formulent souvent des voeux face aux étoiles.
De quoi fournir une base au scénario. Lorsqu’Asha en appelle au ciel pour réaliser un rêve puissant, elle donne accidentellement vie à une étoile malicieuse, dont le caractère facétieux n’est pas sans rappeler l’un des plus anciens personnages de Disney, Mickey Mouse. Le méchant Magnifico emprunte lui à la méchante reine de Blanche-Neige et les sept nains et à Maléfique, la fée de La Belle au Bois dormant. Ce dessin animé puise dans l’héritage du studio de bien d’autres manières. Visuellement, Wish utilise des effets évoquant les aquarelles tirées des contes pour enfants qui ont inspiré Walt Disney pour produire Blanche-Neige, son premier long métrage en 1937. On retrouve aussi évidemment des animaux doués de la parole, comme dans «Bambi» ou «Aladdin».
Cette fois, Valentino, la petite chèvre qui accompagne Asha dans ses aventures, est également vêtue d’un pyjama. Et ce n’est pas un hasard : car pendant son enfance, Walt Disney habillait parfois les animaux de sa ferme avec des vêtements. Submergés par les suggestions de leurs équipes pour célébrer la riche histoire de la firme aux grandes oreilles, les réalisateurs ont fini par créer un tableau Excel pour garder la trace de tous les clins d’oeils aux films précédents. «Je ne sais pas combien il y en a, mais (...) c’est une longue liste», sourit M. Buck.