Israël a annoncé hier une série de «mesures de confiance» avec l’Autorité palestinienne, rapporte l’AFP. Mesures qui font suite à la visite officielle en Israël, mardi soir, du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour un entretien au domicile du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, sur des questions économique et de sécuritaire. Cette rencontre est la deuxième depuis que Mahmoud Abbas a reçu Benny Gantz, en août dernier, à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Mahmoud Abbas n’a plus effectué un tel déplacement dans l’Etat hébreu depuis plus de dix ans.
Entre autres mesures annoncées par le ministère de la Défense israélien, un versement anticipé à l’Autorité palestinienne de 100 millions de shekels (28,5 millions d’euros) en taxes perçues en son nom par Israël, l’octroi de 600 permis supplémentaires permettant à des hommes d’affaires de traverser côté israélien, et la régularisation de 6000 Palestiniens supplémentaires vivant dans un secteur de Cisjordanie sous contrôle israélien.
Tel-Aviv a déjà annoncé, en octobre, la régularisation du statut de 4000 Palestiniens vivant en «Zone C», vaste secteur de Cisjordanie sous contrôle militaire et civil israélien et où se concentrent les colonies israéliennes. Cette mesure a été critiquée par des organisations palestiniennes estimant que la «Zone C» revient de droit aux Palestiniens et que ceux-ci n’ont donc pas à demander à l’Etat hébreu la permission pour y vivre.
Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Ghaza, territoire séparé de la Cisjordanie et sous blocus israélien, a condamné la rencontre, estimant qu’elle s’écarte de «l’esprit national du peuple palestinien» et donc de la réconciliation du leadership palestinien divisé entre la Cisjordanie et Ghaza.
«Ce comportement de la direction de l’Autorité palestinienne aggrave la division politique palestinienne (...), encourage certains dans la région qui veulent normaliser avec l’occupant et affaiblit la position palestinienne qui rejette la normalisation» avec Israël, a déclaré le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem.
La rencontre Abbas-Gantz intervient moins d’une semaine après la visite en Israël et en Cisjordanie du conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, qui a discuté avec Mahmoud Abbas de «la reprise d’un niveau significatif d’aide économique et au développement» de la part des Etats-Unis.
Le gouvernement israélien dit vouloir discuter des moyens «d’améliorer» le niveau de vie des Palestiniens, sans toutefois chercher à se lancer dans de nouvelles négociations de paix, au point mort depuis 2014, d’autant que le Premier ministre, Naftali Bennett, s’oppose à la création d’un Etat palestinien.
A Washington, l’administration du président Joe Biden s’est engagée à relancer ses relations avec les Palestiniens, rompues sous Donald Trump, mais sans se lancer dans de nouveaux pourparlers israélo-palestiniens. Selon un sondage récent du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, 74% des Palestiniens demandent la «démission» de Mahmoud Abbas.