Vers la recolonisation de Ghaza, dix-huit ans après la seconde intifada ?

08/11/2023 mis à jour: 03:48
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La énième agression de Ghaza par l’occupant israélien n’est visiblement pas un simple acte de vengeance en réaction à l’opération «Toofan Al Aqsa», menée le 7 octobre dernier par des combattants du Hamas palestinien. L’opération vise un autre objectif : la réoccupation de la Bande de Ghaza, placée sous l’autorité palestinienne, suite aux Accords d’Oslo en 1993 et abandonnée par Israël et ses colons depuis la seconde Intifada en 2005. 

C’est du moins ce qu’a laissé entendre lundi, sur le plateau de la chaîne américaine ABC News, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. 

Pour la première fois depuis le début de cette agression, le 7 octobre dernier, il évoque, en effet, clairement son intention de remettre Ghaza sous la tutelle d’Israël. «Il n’y aura pas de cessez-le-feu, de cessez-le-feu général, à Gaza (Ghaza, ndlr), sans la libération de nos otages», affirme-t-il. Et de poursuivre : «Israël prendra, pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité dans le territoire palestinien après la guerre. Car nous avons vu ce qui se passe lorsque nous ne l’avons pas. Lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas à une échelle que nous ne pouvions pas imaginer.» 

Tout est dit. Le gouvernement israélien, qui pressait les Palestiniens de Ghaza d’évacuer le nord de la Bande «pour y déloger les combattants du Hamas», semble vouloir, dans les faits, les chasser définitivement de ce territoire, en vue d’élargir encore ce qu’il appelle «le périmètre de sécurité». C’est, en tout cas, le plan de l’actuel Premier ministre israélien depuis 2001. Se vantant d’avoir fait échouer les Accords d’Oslo, Benyamin Netanyahu avait affirmé, à l’époque, son refus de tout retour aux lignes d’armistice de 1967. «J’interpréterai les accords (Accords d’Oslo, ndlr) de telle manière qu’il sera possible de mettre fin à cet emballement pour les lignes d’armistice de 1967. Comment nous l’avons fait ? Personne n’avait défini précisément ce qu’étaient les zones militaires. Les zones militaires, j’ai dit, sont des zones de sécurité ; ainsi, pour ma part, la vallée du Jourdain est une zone militaire», avait-il soutenu. 

Mais historiquement, l’objectif de l’occupant israélien dépasse le stade de mise en place de «périmètres de sécurité». L’annexion de la Bande de Ghaza était son but initial, depuis les années 1950. En 1956 déjà, Israël est intervenu dans la crise du canal de Suez, en soutien de l’opération anglo-française contre l’Egypte, et s’est emparé de la Bande de Ghaza et de la péninsule du Sinaï. Pour seulement quelque temps. 

Sous les pressions des superpuissances (Etats-Unis et Union soviétique), l’Etat hébreu est revenu aux frontières de 1949, permettant le retour de l’administration égyptienne sur la Bande de Ghaza. Cependant, le projet n’a pas été abandonné. 
 

Au début de la guerre des Six-Jours (juin 1967), Israël s’empare à nouveau de Ghaza et colonise militairement son territoire pendant 38 ans. Toujours avec l’idée de créer une zone tampon, le Premier ministre israélien d’alors, Levi Eshkol, décide d’installer des colonies israéliennes sur ce territoire. Et les premières colonies sont implantées dès le début des années 1970. 

En 1977, la victoire électorale du Likoud de Menahem Begin amène une nouvelle vague de colons israéliens qui reçoivent l’autorisation de rejoindre les installations de l’armée israélienne. 

De nouvelles installations se développent. Peu à peu, Israël étend sa toile sur les Territoires palestiniens, chassant de force les populations autochtones. L’agression actuelle n’est qu’une suite de ce plan diabolique mis en œuvre depuis 1948...
 

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