Membres influents de la Cédéao, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Sénégal doivent ressentir de l’amertume quand ils constatent que leur rêve d’envoyer leurs troupes au Niger pour rétablir Mohamed Bazoum est rejeté partout en Afrique. Leurs généraux, présents jeudi à Accra, ont rencontré de fortes réserves contre l’option belliqueuse, lors de cette réunion des chefs d’état-major des armées de l’organisation.
La contrainte leur vient aussi désormais de l’Union africaine. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, présidé actuellement par le chef d’Etat du Burundi, S. E. Evariste Ndayishimiye s’est clairement démarqué de la Cédéao, lors d’une réunion «tendue» et «interminable», tenue le 14 août dernier.
L’UA se désolidarise donc de fait de la Cédéao, elle-même divisée sur le choix de l’action face au coup d’Etat au Niger. Que reste-t-il aux promoteurs de la manière forte ? Rien, si ce n’est de l’amertume et un violent sentiment de solitude qui vous envahit au réveil, quand vous vous retrouvez sur un train qui roule à contresens de l’histoire. Le Niger veut avoir sa chance dans le cadre de l’éveil africain sous-tendu par un rééquilibrage géopolitique mondial.
Les premières déclarations des putschistes reprennent les discours de leurs pairs maliens et burkinabè. La rue, quant à elle, c’était encore le cas hier, leur a apporté un soutien ferme. Les nouveaux maîtres de Niamey s’attirent également de nouveaux soutiens. Par une initiative, pour le moins hardie, les putschistes, conduits par le général Abdourahamane Tiani, ont envoyé leur nouveau Premier ministre chez les voisins du Tchad en quête de soutien.
A N’Djamena, Ali Mahaman Lamine Zeine a été très bien accueilli par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno. Mieux. Il rentre chez lui avec un appui précieux qui réduit les inconnues de l’équation frontalière à trois pays sur les sept entourant l’enclave nigérienne.
Des milliers de kilomètres de frontières avec le Nigeria, le Bénin et la Libye demeurent des sources d’inquiétudes, en plus de la menace terroriste. L’attentat terroriste, ayant coûté la vie à vingt soldats nigériens il y a quelques jours, est venu rappeler aux généraux de Niamey à quel point leur mission est ardue.
Les manœuvres se poursuivent donc activement autour du cas du Niger, mais l’option diplomatique l’emporte nettement. En dépit des hostilités, des vents favorables accompagnent la junte de Niamey, en plus du soutien populaire local, galvanisé par un élan souverainiste. La Cédéao finira-t-elle par revenir à la raison et tenir compte de tous ces appels en faveur d’une solution politique à la crise ?