Le Delta représente 67% des variants circulants, tandis qu’au 30 décembre dernier, il représentait 80%, contre 33% pour le variant Omicron qui ne représentait que 10% à la même date, selon l’IPA.
L’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) a signalé, jeudi, la détection de 82 nouveaux cas du variant Omicron de la pandémie de coronavirus, portant à 145 le nombre total des cas confirmés de ce variant. Un taux qui a connu une évolution très rapide avec une augmentation exponentielle du nombre de cas et donc une augmentation des hospitalisations, sachant que la couverture vaccinale est très loin des objectifs fixés.
Seulement 12 millions de doses de différents vaccins Sputnik, AstraZeneka, Sinovac, Johnson & Johnson ont été utilisées, dont 6 millions de personnes ont reçu une seule dose, 5 millions ont reçu deux doses et 147 250 personnes ont reçu la 3e dose. Ainsi, la circulation du nouveau variant constitue une menace sur les non-vaccinés qui risquent de développer des formes graves de la maladie, avertissent les spécialistes, d’autant que le nombre de contaminations avec ce nouveau variant augmente.
Selon l’IPA, sur les 145 cas confirmés dans le cadre de la continuité des activités de séquençage effectuées au niveau du laboratoire de référence de l’Institut Pasteur d’Algérie, pour la détection des différents variants du virus SARS-CoV-2, 61 cas ont été enregistrés dans la wilaya d’Alger, 11 cas dans la wilaya de Blida, 5 cas dans la wilaya de Bouira, un cas dans la wilaya de Aïn Defla, 3 cas à Hassi Messaoud et un cas dans la wilaya de Laghouat.
L’IPA a tenu à souligner que «de plus en plus de nouveaux cas du variant Omicron sont enregistrés, parallèlement à la diminution du nombre de cas du variant Delta», ajoutant qu’à ce jour, le variant Delta représente 67% des variants circulants, tandis qu’au 30 décembre dernier, il représentait 80%, contre 33% pour le variant Omicron qui ne représentait que 10% à la même date, précise l’IPA, en réitérant son appel à la vigilance.
Il est clair que le nombre de cas d’Omicron déclarés est loin de la réalité du terrain, puisque l’activité du séquençage est pratiquée exclusivement au niveau de l’IPA. C’est la même chose pour les cas de Covid-19 déclarés quotidiennement par le ministère de la Santé, puisque les tests antigéniques, dont la majorité est effectuée dans les laboratoires privés à des prix élevés, ne sont pas déclarés. Ils ne sont par ailleurs pas répertoriés sur la plateforme du ministère de la Santé.
Automédication
Le bilan annoncé toutes les 24 heures par le ministère de la Santé ne représente que les cas positifs diagnostiqués au test RT/PCR qui sont généralement les personnes hospitalisées.
Au vu des prix pratiqués par les différents laboratoires privés, rares les personnes qui effectuent des PCR. D’ailleurs, les pharmacies et les laboratoires privés sont actuellement pris d’assaut pour effectuer des sérologies, des tests antigéniques et se faire délivrer les médicaments pour se soigner de la Covid-19 sans ordonnance, ce qui favorise ainsi l’automédication dont les conséquences sont souvent graves.
Les centres de vaccination continuent, par contre, d’être boudés, malgré les appels des spécialistes à aller se faire vacciner et l’instauration du pass sanitaire qui n’est pas appliqué à ce jour.
Au vu de la vitesse de contamination par ce nouveau variant Omicron, de nombreux praticiens redoutent une saturation des services hospitaliers, d’autant que les services de réanimations le sont déjà.
Une hausse des hospitalisations est d’ailleurs signalée à travers l’ensemble des 5 établissements de santé dédiés à la Covid au niveau de la capitale et on s’apprête à ouvrir de nouveaux services, sachant que les durées d’hospitalisation sont longues et les lits d’hospitalisation risquent de manquer, s’inquiète-t-on.
Le Pr Kamel Hayel, responsable du service Covid au CHU Mustapha Pacha, a indiqué, dans une déclaration à l’APS, que le service qui accueillait en décembre dernier de 8 à 9 cas par jour, accueille désormais une moyenne quotidienne de 17 à 20 cas, soit le double.
Il a fait savoir que pour la plupart des cas admis à son unité de soins, il s’agissait de familles contaminées par des enfants scolarisés, qualifiant ces cas de potentiellement graves, en ce sens que ces personnes recourent souvent à l’automédication et refusent de se déplacer vers les établissements hospitaliers. «85 à 90% des cas hospitalisés ne sont pas vaccinés, 10% seulement ont reçu les deux doses de vaccin», a-t-il précisé.
Le CHU de Beni Messous, qui a mobilisé neuf services pour la prise en charge des cas Covid-19, affiche la saturation du service de réanimation. Une situation similaire est observée dans l’ensemble des centres hospitaliers du pays.