Une stratégie de déplacement forcé ? : L’ONU s’inquiète des intentions d’Israël

12/04/2025 mis à jour: 10:34
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Photo : D. R.

Les frappes n’épargnent plus rien, pas même les tentes érigées dans la zone d’Al Mawasi, désignée par Israël comme refuge temporaire. Vingt-trois attaques y ont été enregistrées par l’ONU depuis le 18 mars.

Aujourd’hui, c’est la survie même des Ghazaouis en tant que groupe humain sur leur propre territoire qui est en péril. C’est ce qu’a déclaré hier une porte-parole du Haut-commissariat de l’Onu aux droits de l’homme. «La mort, la destruction, les déplacements, le déni d’accès aux besoins fondamentaux à Ghaza et l’idée répétée que les Ghazaouis devraient quitter complètement le territoire soulèvent de réelles inquiétudes quant à la capacité future des Palestiniens à vivre en tant que groupe à Ghaza», a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève. «Notre déclaration de ce jour porte nos inquiétudes à un degré supérieur en raison de l’effet cumulatif de ce qui se passe à Ghaza», a-t-elle indiqué. Entre le 18 mars et le 9 avril, l’ONU a recensé 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes de déplacés à Ghaza.

Trente-six d’entre elles ont tué exclusivement des femmes et des enfants, selon la conférencière. Des chiffres glaçants, qui témoignent d’une violence désinhibée à l’égard des Palestiniens de Ghaza. Les frappes n’épargnent plus rien, pas même les tentes érigées dans la zone d’Al Mawasi, désignée par Israël comme refuge temporaire. Vingt-trois attaques y ont été enregistrées par l’ONU depuis le 18 mars. L’organisation onusienne s’inquiète de la logique systématique des ordres d’évacuation israéliens, qui «sont, en fait, des ordres de déplacement», selon Mme Shamdasani.

La question qui se profile : Israël tente-t-il de vider durablement certaines zones de leur population palestinienne ?  Israël, estime Shamdasani, en tant que puissance occupante, peut légalement ordonner l’évacuation temporaire de civils dans certaines zones, mais «la nature et la portée des ordres d’évacuation soulèvent de sérieuses questions quant à l’intention d’Israël d’exclure définitivement la population civile de ces zones afin de créer une zone tampon».

Le Haut-Commissariat rappelle que «déplacer définitivement la population civile dans un territoire occupé équivaut à un transfert forcé», qui «est un crime contre l’humanité selon le Sttut de Rome». Hier, l’horreur a pris le visage défiguré d’une fillette palestinienne dont le bras a été amputé à la suite d’une frappe, comme le montre une vidéo partagée sur les réseaux sociaux. L’horreur s’est également manifesté à Khan Younès où des enfants ont été emportés dans leur sommeil, à 2h30 du matin, lors d’un raid qui a décimé dix membres d’une même famille. Et à Beit Lahia, au nord, à Rafah, au sud, les témoignages font état de frappes continues, d’obus tirés par les chars, de bombardements sur des civils rassemblés, sur des quartiers résidentiels, des rues, des rassemblements informels de déplacés.

En tout et pour tout, vingt-six personnes ont été tuées et 106 autres blessées dans des frappes israéliennes durant la journée d’hier, a annoncé  le ministère de la Santé de Ghaza. Selon le ministère, 1542 personnes ont été tuées et 3940 blessées depuis qu’Israël a mis fin à la trêve de deux mois avec le Hamas, en reprenant ses bombardements le 18 mars. Au-delà des balles et des bombes, un autre outil de destruction lente s’installe : la faim. Depuis 17 mois, Israël restreint délibérément l’acheminement de l’aide humanitaire vers Ghaza. Résultat : des dizaines d’enfants sont morts de malnutrition. Des centaines de milliers d’autres survivent dans des conditions indignes.

En tout et pour tout, l’UNRWA estime à 400 000 le nombre de déplacés depuis la fin du cessez-le-feu en mars. «Les populations subissent également le plus long blocage de l’aide et des approvisionnements commerciaux depuis le début de la guerre», poursuit l’agence, qui appelle «à un renouvellement du cessez-le-feu, à une libération digne de tous les otages à Ghaza, et à une circulation sans entrave de l’aide humanitaire et des fournitures commerciales», souligne l’agence onusienne.

Le gouvernement israélien, de son côté, nie toute pénurie, malgré les accusations directes du secrétaire général de l’ONU. Mais les mensonges d’Israël sont désormais connus de tous. Il y a quelques jours, le 23 mars 2025, quinze secouristes palestiniens ont été abattus dans le sud de la bande de Ghaza. Initialement, l’armée d’occupation israélienne avait affirmé avoir tiré sur des véhicules non identifiés circulant de nuit. Mais une vidéo, rapidement authentifiée et diffusée, montre une colonne de véhicules d’urgence, identifiables, avançant lentement.

Face à l’évidence, l’armée d’occupation a amendé sa version : les tirs auraient été déclenchés «sous la perception d’une menace», six combattants présumés du Hamas ayant été repérés à proximité.  Hier, Luise Amtsberg, commissaire fédérale allemande aux droits humains, a dénoncé – ce qui est rare en Allemagne-  ce qu’elle considère comme une violation manifeste du droit international humanitaire. Dans un message publié sur Bluesky, elle appelle à une enquête indépendante, rapide et transparente sur ce crime : «Cette violation présumée du droit international ne doit pas rester impunie. Le gouvernement israélien et son appareil judiciaire ont ici un devoir».

Elle lle pointe du doigt une manipulation délibérée de la version des faits par Israël, estimant que cette distorsion «met une nouvelle fois à l’épreuve» la relation bilatérale entre l’Allemagne et l’Etat sioniste. Il est à noter qu’en Allemagne, ce type de déclaration publique, en provenance d’un haut responsable gouvernemental, est loin d’être anodin et mérite d’être noté.  Mais souvent, ces appels ne sont pas entendus. Au Danemark, quatre ONG , dont Amnesty International, Oxfam et Al Haq, ont vu leur plainte contre les exportations d’armes vers Israël rejetée.

La raison ? Elles ne seraient pas «directement, individuellement et concrètement affectées» par les conséquences de ces exportations. Cette décision de justice a fait bondir les défenseurs des droits de l’homme. «Si nous ne pouvons pas contester ces ventes alors que plus de 15 600 enfants palestiniens ont été tués depuis octobre 2023, qui le pourra ?», s’interroge Vibe Klarup, secrétaire générale d’Amnesty Danemark. Les armes en question, des pièces pour avions F-35, pourraient être utilisées dans les bombardements qui ravagent Ghaza. La diplomatie danoise, de son côté, assure que ces exportations sont conformes au droit international.

Aggressions sionistes contre Ghaza : 50912 martyrs et 115981 blessés

Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 50912 martyrs et 115981 blessés, depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué vendredi les autorités sanitaires palestiniennes. Selon la même source, les corps de 26 martyrs et 106 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de Ghaza au cours des dernières 24 heures.

Les autorités sanitaires palestiniennes ont indiqué que 1542 Palestiniens sont tombés en martyrs et 3940 autres ont été blessés depuis le 18 mars, date de la reprise de l’agression sioniste, notant que les corps de milliers de victimes se trouvent encore sous les décombres.Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 19 janvier à Ghaza après plus de 15 mois d’agression génocidaire sioniste, qui a provoqué une catastrophe humanitaire sans précédent. Les forces d’occupation sionistes ont repris le 18 mars leur agression contre la bande de Ghaza, après une interruption de deux mois, consécutive à l’accord de cessez-le-feu.

 

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