La cour de l’hôpital Chouhada Al Aqsa, à Deir El Balah, était jonchée, hier, de corps d’innocents sans vie. Ceux des victimes civiles des raids intensifs contre deux camps de réfugiés au centre de la Bande de Ghaza qui ont fait 95 morts.
Au 80e jour de la guerre exterminatrice que mène Israël contre la Bande de Ghaza, l’armée sioniste a commis une nouvelle boucherie durant la nuit de dimanche à lundi.
Au moins 95 civils palestiniens ont été tués dans des raids aériens qui ont ciblé les camps de réfugiés d’Al Maghazi et d’Al Bureij, au centre de l’enclave palestinienne, rapporte l’agence Wafa. Information confirmée par le porte-parole de l’hôpital Chouhada Al Aqsa, sis dans la ville de Deir El Balah, dans la même région, à Al Jazeera.
Les bombardements massifs responsables de ces nouvelles tueries ont été exécutés sur des zones densément peuplées. «Les habitants étaient confinés chez eux en compagnie de déplacés du nord de la Bande de Ghaza», précise l’agence Wafa, quand ces frappes folles les ont surpris.
«La cour de l’hôpital Chouhada Al Aqsa à Deir El Balah est jonchée de cadavres des martyrs après les raids intensifs sur la région, dans l’attente de leur inhumation», souligne Wafa. «L’hôpital est plein de morts et de blessés, et un grand nombre de personnes touchées sont étendues à même le sol, dans les couloirs et sous les tentes», a alerté le directeur médical de l’hôpital Chouhada Al Aqsa, cité par l’agence de presse palestinienne.
Dr Al Daqran a apporté une précision terrifiante en déclarant que «plus de 70 martyrs étaient réduits en lambeaux suite au massacre des camps de réfugiés d’Al Maghazi et El Bureij».
Il a fait savoir en outre que «l’hôpital tente de sauver la vie des blessés avec des moyens dérisoires en raison de l’absence de fournitures médicales», ajoutant que «les salles de soins intensifs sont saturées, et les appareils de respiration artificielle ne sont pas suffisants». «Nous avons besoin de médicaments, de personnel et d’hôpitaux de campagne», a-t-il insisté avant de lancer, à court d’espoir : «Ce blocus a condamné à mort les blessés.»
8000 disparus sous les décombres
Dr Khalil Al Daqran a attiré l’attention par ailleurs sur les risques de prolifération de maladies contagieuses entre les déplacés qui se sont réfugiés massivement dans l’enceinte de l’hôpital pour se mettre à l’abri des raids israéliens. «Les maladies infectieuses, intestinales et cutanées se sont propagées parmi eux de façon vertigineuse et il n’y a ni médicaments pour les soigner ni lits disponibles», prévient-il.
Une autre série de raids israéliens, à l’aube de ce lundi, ont causé un autre carnage à l’est de Khan Younès, au sud de la Bande de Ghaza.
Ces frappes aériennes ont ciblé deux habitations du secteur est de la ville de Khan Younès. Bilan : 23 morts et des dizaines de blessés selon l’agence Wafa. A noter également qu’un bombardement a fait 12 morts près d’Al Zawaida, au centre de la bande de l’enclave assiégée, selon le ministère de la Santé à Ghaza.
D’un autre côté, le Croissant-Rouge palestinien affirme avoir enregistré plus de 8000 avis de recherche émis par des familles dont les proches, morts ou blessés, sont ensevelis sous les décombres dans différentes régions de la Bande de Ghaza, indique l’agence palestinienne.
Face à ces nouvelles boucheries, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a réagi par le biais d’un communiqué, ce lundi, dans lequel il dénonce cet acharnement dénué de toute humanité.
L’instance palestinienne «condamne les massacres barbares commis par les forces de l’occupant au cours de ces dernières 24 heures (de dimanche à lundi, ndlr) dans les camps d’Al Maghazi, Al Bureij et Khan Younès, et qui ont fait plus de 130 chouhada, sachant qu’il y a encore d’autres martyrs ensevelis sous les décombres, des femmes et des enfants dans leur majorité, ainsi que des personnes âgées et des malades, suite au bombardement sauvage qui a détruit des quartiers entiers» lit-on dans le communiqué relayé par l’agence Wafa.
Pour le ministère palestinien, ces crimes constituent «une déclaration criante de l’intention d’Israël d’élargir le champ de sa guerre d’extermination et de destruction totale du nord de la Bande de Ghaza à sa région centre et à sa région sud ».
«Une situation humanitaire désespérée» s’indigne le Pape
Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Emigrés considère par ailleurs que cet acharnement va à l’encontre de l’esprit de la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le vendredi 22 décembre : «L’occupant brave le consensus international exigeant l’arrêt du génocide contre les civils palestiniens et de mettre un terme aux agissements des milices des colons armés. Il multiplie délibérément ses massacres afin de faire échec aux intentions onusiennes et américaines qui sous-tendent l’adoption de la résolution 2720.»
Et de noter : «L’escalade israélienne sanglante en cours vise à entraver tout mécanisme international destiné à faire parvenir les aides humanitaires et les besoins essentiels aux civils de la Bande de Ghaza.»
Pour le ministère palestinien des Affaires étrangères, cette escalade «prouve au monde entier qu’il n’y a pas d’autre alternative qu’une décision onusienne émanant du Conseil de sécurité décrétant un cessez-le-feu immédiat de manière à protéger les civils palestiniens».
Selon un nouveau bilan livré hier par le ministère de la Santé à Ghaza, 20 674 morts et 54 536 blessés ont été enregistrés depuis le début de l’agression sioniste.
Dans ce contexte apocalyptique, la communauté chrétienne de Palestine s’est abstenue de célébrer les fêtes de Noël tout en adressant toutes ses prières à la population martyrisée de Ghaza. «Nous devons arrêter ces hostilités et tourner la page», a déclaré dimanche le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, depuis Beit Lahm, en Cisjordanie occupée.
Pour sa part, le pape François n’a pas caché son émotion devant ce qui se passe à Ghaza et a laissé éclater son indignation lors de son message de Noël diffusé ce lundi depuis la Cité du Vatican.
«Je demande que cessent les opérations militaires, avec leur effroyable suite de victimes civiles innocentes, et que l’on remédie à la situation humanitaire désespérée en œuvrant à l’arrivée de l’aide humanitaire» a-t-il plaidé devant une foule de pèlerins réunis sur la place Saint-Pierre au Vatican, indique l’AFP.
La veille, durant l’homélie prononcée lors de la messe de Noël à la Basilique Saint-Pierre, le souverain pontife a déclaré dans un élan de solidarité : «Notre cœur, ce soir, est à Bethléem.»
Le Pape François a appelé, par ailleurs, d’après l’AFP, à « résoudre la question palestinienne à travers un dialogue sincère et persévérant entre les parties, soutenu par une forte volonté politique et par l’appui de la communauté internationale ».