Une histoire de pluie

20/06/2023 mis à jour: 04:06
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Depuis qu’il existe sur la Terre, l’homme n’a jamais pu vivre sans pluie. Cette eau qui tombe du ciel pour arroser les champs et remplir les puits, devenant une source de vie pour les humains.

Avec les changements climatiques de cette dernière décennie, la pluie est en passe de devenir une denrée rare. Ce ne sont pas les agriculteurs qui se plaignent le plus, craignant pour leurs récoltes. Les gestionnaires des ressources en eau sont eux aussi sur le qui-vive face à une demande toujours en hausse.

En Algérie, les pluies ne sont plus celles qu’on recevait avec bonheur en automne, en hiver et au printemps. Les temps ont changé. Depuis 2013, les appels à la prière de demande de la pluie (Salat El Istisqa) sont devenus plus fréquents dans notre pays. En 2022 et 2023 seulement, on a prié autant que durant toute une décennie. 

Même les autres peuples l’ont fait. Qu’ils soient chrétiens, hindous ou animistes, chacun a ses rituels pour implorer la générosité du ciel. C’est dire que la pluie garde toujours une importance vitale pour toutes les populations du monde.

En Algérie, un pays qui a construit un nombre important de barrages depuis son indépendance, on se pose toujours cette question : pourquoi avec tant d’ouvrages hydrauliques, il y a toujours un déficit en eau ? En 2023, l’Algérie compte 75 barrages en exploitation pour une capacité théorique de stockage de 8,2 milliards de mètres cubes. 

Avec les cinq ouvrages prévus en 2024, cette capacité passera à 9 milliards de mètres cubes. Pour couvrir tous ses besoins, l’Algérie table sur 12 milliards de mètres cubes.

Avec les fortes chutes de pluie enregistrées ces trois dernières semaines, on espère atteindre un taux de remplissage supérieur à 35%. Dans le meilleur des cas, on aura un stock d’environ 2,7 milliards de mètres cubes dans les barrages. Ce qui demeure insuffisant, surtout que ces ouvrages ne représentent, en fait, que 33% des ressources en eau. 

La grande part est assurée par les nappes phréatiques avec 50%, alors que l’Etat compte combler 17% des besoins à travers la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer et des stations d’épuration.

Face à tous ces chiffres, on est en droit de s’interroger sur les quantités impressionnantes de pluie qui se déversent dans les oueds et partent vers la mer, sans jamais être exploitées ? La question se pose également pour les milliers de mètres cubes d’eau perdue chaque jour dans la nature, en sortant des centaines d’unités de transformation sans être recyclée.

Que dire aussi de cette eau que les Algériens gaspillent dans leurs maisons, jardins et pour le lavage de leurs voitures, alors qu’ils peuvent économiser et en faire plusieurs usages. En fait, il n’est plus question de manque de pluie, mais plutôt d’un usage rationnel du peu de pluie qui tombe du ciel. 

Pourtant, nos grands-parents le faisaient à une époque où l’eau était ramenée dans des jarres et parcimonieusement consommée. Aujourd’hui, la moitié de l’eau qui arrive dans les robinets se perd dans les fuites.

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