«Nul ne sera laissé au bord du chemin.» «Ce vote m’oblige.» Ce sont les premiers mots prononcés dimanche soir par Emmanuel Macron, réélu avec 58,54% des voix. Il sait que beaucoup d’électeurs n’ont pas voté pour lui ou pour son projet mais pour faire barrage à Marine Le Pen.
Au soir du 2e tour de l’élection présidentielle, dimanche, la France a échappé à une déflagration nationale et internationale qu’aurait représenté une victoire de la candidate d’extrême droite qui réfute désormais cette appellation en se qualifiant de représentante du «peuple français souverain». La France a retenu son souffle, et le monde avec elle.
C’est que ce pays est membre du Conseil de sécurité de l’Onu, il détient l’arme nucléaire et est membre fondateur de l’Union européenne.
Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont porteurs de deux projets diamétralement opposés. Et semblent incarner plus que jamais deux France.
Dans sa dernière interview de candidat accordée vendredi à BFMTV, Emmanuel Macron a de nouveau attaqué l’extrême droite et le Rassemblement national. «L’extrême droite, son carburant est le malheur (...). Qui a envie d’une société de haine, de fracture ?» a-t-il interrogé. A charge pour lui de rassembler, de rétablir la confiance, la concorde, de donner des raisons d’espérance à des Français désabusés, voire inquiets et désemparés, de quelque origine, religion ou appartenance sociale que ce soit et aux étrangers qui vivent paisiblement en France.
De répondre à la défiance de ceux qui se sont abstenus ou ont voté pour lui à défaut. Marine Le Pen y a cru jusqu’au bout. Il est vrai que l’extrême droite (dont c’est la huitième participation à l’élection présidentielle avec d’abord le Front national de Jean-Marie Le Pen depuis 1974, puis sa fille, Marine, dont c’est la troisième candidature au nom du Rassemblement national) ne s’est rapprochée aussi près du pouvoir suprême avec 41,46% de voix.
Avec l’Algérie, une relation à consolider
Le péril est certes écarté mais ses racines sont bien implantées tant l’idéologie exclusive et xénophobe portée par Marine Le Pen s’est répandue dans la société française. A charge pour le président Macron durant les cinq ans de sa nouvelle législature, qui devrait être sous le signe de la «bienveillance», sinon d’éradiquer la fracture sociale, tout au moins la réduire. Rassurer les partenaires internationaux, inquiets par la montée de l’extrême droite et sa banalisation, au premier rang desquels le Maghreb et plus particulièrement l’Algérie, en est une autre.
Si, après la crise diplomatique de 2021 suite aux déclarations du président Macron sur le pouvoir politique et la nation algériens, les relations entre Paris et Alger se sont détendues, elles ont besoin d’être renforcées. Courant janvier, les présidents Tebboune et Macron ont eu un entretien téléphonique, à l’initiative de ce dernier, durant lequel le président français «est revenu sur ses dernières initiatives en France pour l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la Guerre d’Algérie.
Il a dit se tenir disponible pour travailler sur ce sujet avec son homologue algérien, en particulier en ce qui concerne les recherches sur les disparus et l’entretien des cimetières européens en Algérie», selon un communiqué de l’Elysée.
Dans une interview accordée aux médias France 24 et RFI à Addis- Abeba, en marge du sommet de l’UA, le même mois, le chef de la diplomatie algérienne a affirmé : «Nous sommes dans une phase ascendante et nous espérons que ça ira de mieux en mieux.»
Et de souligner que les présidents algérien, Abdelmadjid Tebboune, et français, Emmanuel Macron, avaient «une excellente relation personnelle», «cordiale et confiante». Ramtane Lamamra a aussi rappelé que «la protection de la dignité de nos compatriotes sur le territoire français et les atteintes à la mémoire et l’Histoire du peuple algérien, sont des motifs très sérieux de désaccord».
Et de souligner que «l’histoire doit être laissée aux historiens et l’appropriation par chacun des peuples de son histoire, doit se faire sans acrimonie et sans accusations pas forcément avérées».
Cette coopération bilatérale est «indispensable», a déclaré pour sa part le MAE français à l’issue d’une récente visite de travail à Alger (la deuxième en cinq mois), affirmant que les discussions avec les dirigeants algériens ont eu lieu dans un «climat de confiance» et dans un «esprit de solidarité».