Seulement 2% des recherches mondiales sur les nouvelles infections sont conduites en Afrique alors que le continent a, à son sinistre actif, plus du quart de la morbidité globale mondiale. Moins de 10 universités proposent des cours de vaccinologie et seules deux universités mènent des études précliniques liées aux vaccins.
A peine 19% des populations africaines ont accès aux diagnostics les plus élémentaires mais peu de fabricants africains sont en mesure de mettre au point de nouvelles technologies d’essai. Seulement 375 des grandes firmes pharmaceutiques sont présentes en Afrique mais à peine 15% d’entre elles sont à capitaux locaux.
Améliorer ces faibles performances de l’industrie pharmaceutique africaine en contribuant à faire pencher en sa faveur l’accès aux technologies, aux connaissances, au savoir-faire et aux processus, jusque-là exclusifs, est ce à quoi s’attelle la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique (FATP).
Officiellement créée en juin 2022, par la Banque africaine de développement (BAD), à la demande des Etats membres de l’Union africaine (UA), cet organisme indépendant a, récemment,signé un accord de siège avec le gouvernement rwandais, pays hôte, ouvrant, ainsi, la voie à sa mise en œuvre opérationnelle, attendue en 2024, est-il annoncé dans une déclaration parvenue à notre rédaction.
Pour renforcer davantage la coopération, un protocole d’accord a, en outre, été conclu avec la Banque européenne d’investissement (BEI). Déterminante, cette initiative l’est à plus d’un titre car il s’agit de renforcer les capacités des entreprises africaines, des instituts de recherche et des gouvernements et d’en combler les lacunes persistantes.
La finalité étant de parvenir à édifier une industrie pharmaceutique plus résiliente, autonome et compétitive. «Le travail de la Fondation, qui bénéficie d’un large soutien technique et financier à l’échelle mondiale et en Afrique, sera déterminant pour le secteur pharmaceutique africain.
Il s’agit d’une initiative unique dans son genre, visant à favoriser la collaboration entre les secteurs public et privé en Afrique, en Amérique du Nord, en Europe et dans le reste du monde en développement», se réjouissent les initiateurs de la Fondation.
La mobilisation s’est, visiblement, accrue afin d’offrir à l’Afrique un accès rapide aux dernières avancées pharmaceutiques et de réduire, à moyen terme, sa dépendance persistante à l’égard des importations.
En effet, d’après les données publiques de la BAD, le continent qui pèse, actuellement, environ 3% de la production pharmaceutique mondiale, importe annuellement pour près de 14 milliards de dollars de médicaments, l’équivalent de plus de 70% de la totalité de ses besoins.
Ainsi, la BAD, à travers la mise sur pied de la FATP, appelée à «fonctionner en toute indépendance, avec un système de financement bâti en partie sur la collecte des fonds auprès des gouvernements, institutions de financement du développement et organisations philanthropiques» et son plan d’action pharmaceutique «Vision 2030», ambitionne de réduire cette facture et renforcer la présence du continent sur le marché international.
Dans cette perspective, une enveloppe de 3 milliards de dollars a été affectée, pour les 10 prochaines années, à la fabrication de produits pharmaceutiques et de vaccins dans la région. D’où la création de la Fondation, «un engagement à ce que l’Afrique dispose de ce dont elle a besoin afin de construire son propre système de défense sanitaire, incluant une industrie pharmaceutique africaine florissante et une infrastructure de soins de santé de qualité», soutient-on.
Doté d’un programme et d’une vision clairs, cet organisme panafricain est prêt à démarrer en janvier 2024. «Il est important d’accroître, désormais, la maturité de l’industrie pharmaceutique africaine en soutenant le développement des capacités de production et d’innovation locales. Cela nécessitera des partenariats solides entre les sociétés pharmaceutiques locales et internationales et les instituts de recherche», abonde-t-on.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), partenaire majeur de la FATP, se dit non moins fière de «soutenir la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique et sa mission visant à accroître l’accès à des médicaments sûrs et efficaces pour l’Afrique.
La santé n’est pas un privilège. C’est un droit humain qui fait partie intégrante du développement et de la durabilité», est-il rapporté dans le même document. Il en est de même pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC), faisant part du «ferme engagement de notre soutien à la Fondation qui a un énorme potentiel pour transformer l’industrie pharmaceutique en Afrique et contribuer à l’équité sanitaire sur le continent.
Travaillons ensemble pour faire de la Fondation une réussite africaine inspirante !» Quant à elle, la BEI, à travers le protocole d’accord scellé avec la Fondation, s’est engagée à déployer de nouveaux instruments de financement pour «surmonter les défaillances du marché, mobiliser les investissements pharmaceutiques dans tout le continent» et aider à «attirer davantage de financements publics et privés multilatéraux» en faveur de la production pharmaceutique.
Et dans le cadre du programme régional de la Fondation, dédié à la production et l’innovation de médicaments biosimilaires pertinents en Afrique, l’institution financière européenne entend «ouvrir la voie et faciliter la création de parcs communs d’ingrédients pharmaceutiques actifs dans toute sous-région spécifique d’Afrique qui serait choisie à cet effet».