Une étude onusienne s’attend à une croissance en déclin pour 2022 et 2023 : Des perspectives difficiles pour l’économie mondiale

16/01/2022 mis à jour: 09:16
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Photo : D. R.

Les séquelles de la Covid-19 continuent de limiter la cadence de reprise et d’exacerber la pauvreté et les inégalités dans différentes parties du monde.

Après deux années de pandémie de Covid-19, l’économie mondiale a encore du mal à se redresser. Une étude élaborée par l’Organisation des Nations unies sur les perspectives de l’économie mondiale (WESP) constate que «malgré un rebond en 2021, la reprise économique mondiale s’essouffle et les projections à deux ans laissent entrevoir de légers reculs avec des perspectives difficiles».

Les séquelles de la Covid-19 continuent de limiter la cadence de reprise et d’exacerber la pauvreté et les inégalités dans différentes parties du monde.

«Le moment est venu de combler les écarts d’inégalités, tant au sein des pays, qu’entre eux. Si nous travaillons de manière solidaire, comme une seule famille, nous pouvons faire de 2022 une année de véritable reprise pour les personnes et les économies», préconise le SG de l’ONU, Antonio Guterres, à l’occasion de la publication de ce nouveau rapport.

Ce dernier intervient, pour rappel, au lendemain de la publication d’un rapport alarmiste de la Banque mondiale (BM) qui prévient que le ralentissement de l’économie mondiale se poursuivra jusqu’en 2023, en prévoyant un fléchissement de la croissance mondiale à 4,1% en 2022 et 3,2% en 2023, contre 5,5% en 2021. Le même diagnostic est fait par l’étude de l’ONU qui prévoit donc que l’activité économique se situera à 4% en 2022 et tombera à 3,5% en 2023.

Les moteurs de déclin, selon les prévisions de l’ONU, résident dans les nouvelles vagues d’infections à la Covid-19, ainsi que dans les difficultés persistantes sur le marché du travail, sans oublier les problèmes récurrents de chaînes d’approvisionnement et les pressions inflationnistes croissantes.

«Malgré une solide amélioration des performances économiques au cours de l’année écoulée, sous l’effet de dépenses de consommation élevées et d’un certain rebond des investissements, ainsi que d’échanges de marchandises dépassant les niveaux antérieurs à la pandémie, la croissance a considérablement ralenti à la fin 2021, en particulier en Chine, aux Etats-Unis et dans l’Union européenne», précise le WESP 2022, en imputant ce ralentissement à la phase finale des plans de relance économique et budgétaire, ainsi qu’à des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement.

Le rapport onusien appelle à des mesures politiques et financières mieux ciblées et coordonnées en cette période de reprise mondiale «fragile et inégale». «Une reprise inclusive et durable de l’économie mondiale ne peut être atteinte sans une approche mondiale coordonnée et soutenue pour arrêter la Covid-19, dont l’accès universel aux vaccins», souligne Liu Zhenmin, chef du département des affaires économiques et sociales de l’ONU.

«En Afrique, les pays exportateurs de matières premières s’en sortiront mieux»

Une amélioration est constatée en Afrique où le niveau de croissance passera de 3,8% en 2021 à 4% en 2022, et ce, grâce à l’augmentation du niveau des investissements ainsi qu’une forte augmentation des exportations et des prix des matières premières, dont les hydrocarbures. Ce qui «permet aux exportateurs africains de produits de base de disposer d’une certaine marge de manœuvre budgétaire, alors qu’ils ont été frappés par la chute des prix des matières premières ces dernières années», indique la même étude.

La fragilité dans le continent touchera les pays dont l’économie est tributaire du tourisme. «La reprise dans ces pays est fragile et sujette à de nouveaux chocs sur les voyages internationaux», note le WESP qui s’attend à de nouvelles restrictions sur les voyages internationaux du fait de probables apparitions de nouveaux variants.

Le même rapport prévoit en outre que «les changements imminents de la politique monétaire dans les grandes économies, y compris les Etats-Unis et l’Europe, pourraient provoquer un resserrement soudain des conditions financières à un moment où les gouvernements africains s’efforcent de contenir la dette publique et sont confrontés à des besoins élevés de dépenses de développement et à des difficultés pour mobiliser des recettes supplémentaires».

Ceci, en prenant en compte des risques éventuels d’événements météorologiques extrêmes dus au changement climatique et de probables escalades sur le plan sécuritaire dans certains pays.

La sous-vaccination dans les pays africains (10%) est également soulignée dans la même étude comme étant un facteur de fragilité. Evoquant le marché du travail, le rapport de l’ONU s’attend à une stagnation et prévoit même que les niveaux de l’emploi demeureront en dessous des niveaux pré-pandémiques pendant au moins les deux prochaines années.

«Les pénuries de main-d’œuvre dans les économies développées exacerbent les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les pressions inflationnistes. Dans le même temps, la croissance de l’emploi dans les pays en développement reste faible, dans un contexte de progrès plus lents en matière de vaccination et de dépenses de relance limitées», indique le document onusien.

L’emploi devrait, selon ce dernier, se redresser lentement en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes et en Asie occidentale.

Mais le rythme de création d’emplois ne sera pas suffisamment important pour compenser les pertes d’emplois passées et le niveau de la pauvreté restera hélas élevé.

«Le rétablissement complet du produit intérieur brut (PIB) par habitant au cours des prochaines années restera difficile pour de nombreux pays en développement. L’analyse prévoit que l’Afrique ainsi que l’Amérique latine et les Caraïbes connaîtront des écarts de 5,5% et 4,2% respectivement, par rapport aux projections pré-pandémie», note le rapport en notant que le PIB des pays développés devrait se rétablir complètement en 2023.

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