Une étude de l’ONU alerte sur l’état de ruine engendré par la guerre : Recul du progrès de 44 ans à Ghaza

05/05/2024 mis à jour: 06:23
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L’économie est en ruine dans la bande de Ghaza, souligne un nouveau rapport de l’organisation onusienne. Une étude conjointe effectuée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (Cesao), fait état de la hausse du niveau de pauvreté dans cette zone qui a atteint 58,4% depuis le 7 octobre dernier.

1,74 million de personnes ont rejoint depuis cette date et la guerre qui a suivi, les rangs des populations pauvres. Selon l’étude onusienne, le produit intérieur brut (PIB) a chuté de pas moins de 26,9%, ce qui a entraîné une perte de 7,1 mds de dollars par rapport au niveau d’avant la guerre.

Le développement socioéconomique global de la Palestine a même accusé un recul de 20 ans, selon la même étude dont les résultats ont été publiés jeudi. «Chaque jour supplémentaire pendant lequel cette guerre se poursuit entraîne des coûts énormes et aggravés pour les Ghazaouis et tous les Palestiniens, maintenant et à moyen et long terme», estime Achim Steiner, administrateur du PNUD.

Ce dernier considère que «des niveaux sans précédent de pertes humaines, de destruction de capitaux et une forte augmentation de la pauvreté en si peu de temps précipiteront une grave crise de développement qui mettra en péril l’avenir des générations à venir».

En termes de perspectives, le rapport onusien s’attend à un tableau sombre tant que le conflit perdurera. «Si la guerre devait se poursuivre encore neuf mois, les niveaux de pauvreté pourraient plus que doubler pour atteindre 60,7% et 1,86 million de personnes supplémentaires sombreraient dans la pauvreté», indique la même source.

Le PIB reculerait ainsi de 29% avec des pertes totales estimées à 7,6 milliards de dollars. L’indice de développement humain (IDH) en sera bien entamé en affichant une forte baisse pour s’établir à un seuil critique de 0,647. Le progrès serait retardé de 20 ans, soit un recul à l’avant 2004.

Dans la bande de Ghaza la situation est bien plus alarmante et désastreuse avec un recul du progrès de 44 ans et un IDH à 0,551. «Contrairement aux guerres précédentes, la destruction à Ghaza est aujourd’hui d’une ampleur et d’une étendue sans précédent et, couplée à la perte de maisons, de moyens de subsistance, de ressources naturelles, d’infrastructures ainsi que de capacités institutionnelles, elle pourrait avoir des impacts profonds et systémiques pour les décennies à venir» souligne la secrétaire exécutive de la Cesao, Rola Dashti, en alertant sur l’ampleur sans précédent des destructions à Ghaza.

Une région qui, selon elle, s’acheminerait vers un état de dépendance entière de l’aide extérieure. «Cette évaluation prévoit que Ghaza sera rendue entièrement dépendante de l’aide extérieure à une échelle jamais vue depuis 1948, car elle se retrouvera sans économie fonctionnelle, ni aucun moyen de production, d’autosuffisance, d’emploi ou de capacité de commerce», souligne-t-elle.

Une étude conjointe entre la Banque mondiale et l’organisation onusienne publiée, récemment, a fait le même constat alarmant en évaluant l’ampleur des dégâts à Ghaza jusqu’à janvier 2024, à pas moins de 18,5 mds de dollars, soit l’équivalent de 97% du PIB total de l’Etat de Palestine en 2022. La poursuite de la guerre alourdirait davantage le bilan des pertes humaines mais aussi économiques et sociales. 

 

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