Une cinquantaine de plaintes déjà en Australie et en Nouvelle- Zélande pour participation au génocide à Ghaza : Des soldats et des officiers israéliens traqués à travers le monde

10/02/2025 mis à jour: 19:53
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Photo : D. R.

Les militaires israéliens en voyage à l’étranger sont de plus en plus menacés de poursuites pour leur participation à la guerre génocidaire à Ghaza. Si l’Australie et la Nouvelle-Zélande imposent aux soldats demandeurs de visa un questionnaire sur leur service militaire à Ghaza, de nombreux autres pays ont ouvert des enquêtes pour crimes de guerre, après les plaintes déposées par des associations pro-palestiniennes, dont la fondation belge «Hind-Rajab», qui traque les soldats israéliens à travers le monde.

Plus d’une cinquantaine de plaintes ont été déposées devant les tribunaux de nombreux pays contre des soldats israéliens, en voyage à l’étranger, pour les crimes de guerre à Ghaza, après qu’ils ont publié sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos dans lesquelles  ils apparaissent en train de brûler des maisons, des écoles, de torturer des Palestiniens, de faire exploser des bâtiments ou de maltraiter et de torturer les Ghazaouis, en présentant ces actes punis par le droit international et humanitaire.

Selon les médias israéliens, sur les 50 plaintes contre des soldats de réserve en France, au Brésil, au Sri-Lanka, en Afrique du Sud, au Venezuela, en Grèce et en Espagne, pour ne citer que ces pays, la dernière en date, il y a deux semaines, a concerné le ministre israélien Amichai Chikli, qui a dû annuler son voyage en Belgique, après avoir été informé d’une plainte à Bruxelles, déposée par la fondation Hind-Rajab.

La semaine écoulée, la chaîne de télévision israélienne Kan, citant le département de la sécurité de l’information de l’armée, a révélé que «les soldats israéliens publient près d’un million de messages chaque jour sur les plateformes des réseaux sociaux qui documentent leur implication dans des crimes de guerre à Ghaza.

Aucune instruction officielle n’a été émise pour interdire les voyages vers des pays spécifiques, mais les cas particuliers sont traités avec prudence», précisant que les autorités sécuritaires du pays «ont recommandé de réévaluer les voyages à haut risque».

La même source a expliqué que cette «évaluation des risques juridiques est devenue un élément essentiel du processus de prise de décision, avec des directives émises pour réduire l’activité sur les réseaux sociaux». Kan a également confirmé l’annulation par le ministre israélien Chikli de son voyage en Belgique, en raison du risque d’arrestation lié à la plainte de la fondation Hind-Rajab. D’autres médias ont affirmé qu’Israël avait demandé à la Belgique si Chikli bénéficierait de l’immunité et que la Belgique avait répondu par la négative.

Ce qui constitue une victoire pour la fondation, qui avait poussé les autorités israéliennes à exfiltrer un de leurs soldats du Brésil, après que la justice de ce pays a ouvert une enquête sur lui. Depuis, Israël, et pour la première fois, a décidé de cacher l’identité de tous ses soldats et officiers jusqu’au grade de général de brigade engagés dans la guerre génocidaire à Ghaza, mais aussi dans l’offensive militaire au Liban.

Refus d’accueillir les réservistes

La décision a été annoncée par le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, qui instruit ses troupes de rester le plus anonyme possible, afin d’éviter des poursuites judiciaires, voire des arrestations pour crimes de guerre, lors de leurs voyages pour des vacances à l’étranger, notamment dans plus d’une dizaine de pays où la fondation Hind-Rajab, du nom d’une Palestinienne de 10 ans, tuée avec ses parents, par l’armée israélienne.

Les craintes des autorités israéliennes se sont accentuées depuis que la Cour pénale internationale (CPI) a émis contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, des mandats d’arrêt internationaux à la fin du mois d’octobre, pour crimes de guerre et contre l’humanité commis à Ghaza.

Il y a quelques jours, les autorités néo-zélandaises chargées de l’immigration ont pris la décision d’exiger des Israéliens demandeurs de visa touristique en âge de servir dans l’armée comme réserviste de donner des détails sur leur service militaire.

Selon la presse israélienne, pour rentrer en Nouvelle-Zélande, les jeunes Israéliens sont obligés d’indiquer s’ils ont servi dans l’armée israélienne et s’ils étaient encore des réservistes actifs. 
Ceux qui ont répondu par l’affirmative, ont ajouté les médias israéliens, «ont alors été dans l’obligation de remplir des questionnaires détaillés sur leur passage au sein de l’armée, les dates de leur service militaire, la localisation de leurs bases, les corps et les unités où ils ont fait leur service, les camps militaires où ils ont été stationnés, leur grade, les détails de leurs activités et sur leur numéro d’identification militaire».

Les questions les plus récurrentes sont : «Avez-vous été affilié à un groupe ou à une organisation qui a utilisé ou encouragé les violences, ou qui a utilisé ou encouragé des violations faites aux droits de l’homme pour atteindre ses objectifs ? Avez-vous commis ou avez-vous été impliqué dans des crimes de guerre, dans des crimes contre l’humanité ou dans des violations faites aux droits de l’homme ?».

Les Israéliens qui ne répondent pas à ce questionnaire ne peuvent obtenir leur visa, tout comme d’ailleurs ceux qui confirment leur participation à des actes qui violent les droits de l’homme. Cette procédure avait été introduite en premier par l’Australie, qui a d’ailleurs refusé aux réservistes israéliens l’accès à son territoire, en raison du contenu de leurs réponses aux questionnaires.

Selon les médias australiens, l’Australie soumettait les demandeurs israéliens de visa au même prototype de questionnaire et qu’elle a rejeté  les demandes de ceux qui ont servi à Ghaza. 
L’Australie a été le premier pays à refuser l’accès à son territoire à l’ancienne ministre de la Justice israélienne, Ayelet Shaked, en novembre 2024, du fait, ont expliqué les autorités australiennes, que sa visite risquait  «d’inciter à la discorde».

«Avez-vous déjà participé à un génocide ?»

Les services d’immigration australiens, comme ceux de la Nouvelle-Zélande, exigent des citoyens israéliens  demandeurs de visa, de prouver leur non-implication dans des crimes de guerre, selon le réseau Sky Australia.

D’après la même source, les visiteurs israéliens doivent répondre à des questions telles que : «Avez-vous déjà participé à un génocide, un crime contre l’humanité ou des crimes de guerre ?». En cas de réponse positive, le demandeur doit fournir des informations sur les commandants qui lui auraient ordonné de commettre ces actes. Le formulaire interroge également : «Avez-vous été témoin de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité ?».

Le questionnaire, a précisé le média australien, comprend d’autres questions spécifiques  comme : «Avez-vous participé à une guerre ou à un conflit armé ?», «Avez-vous été impliqué dans des mauvais traitements envers des détenus ou des civils ?», «Avez-vous participé à l’arrestation de civils dans le cadre d’une guerre ou d’un conflit armé ?». Plusieurs demandeurs se sont vu refuser leurs demandes en raison de leurs réponses aux questionnaires, a révélé le réseau Sky Australia qui a précisé que cette procédure était appliquée jusque-là à tous les pays en conflit ou en guerre, et qu’elle a été appliquée aux Israéliens depuis la guerre à Ghaza.

Au mois de janvier, la fondation Hind-Rajab, et après avoir déposé le 13 janvier une plainte auprès de la CPI et en Italie contre le général de division Ghassan Allian, alors qu’il se trouvait en Italie pour une mission secrète au Vatican, a réussi à faire annuler celle-ci (par le Vatican) et donc sa visite aussi. Depuis 2021, le général coordonnait les activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) et supervisait l’administration de la Cisjordanie occupée et Ghaza. «Après le 7 octobre 2023, il a imposé un siège total à Ghaza, coupant la nourriture, l’eau, l’électricité et les fournitures médicales.

Cette privation délibérée a entraîné une famine massive, des morts de civils et la destruction d’infrastructures essentielles, notamment les hôpitaux. Sous la direction d’Alian, le COGAT a coordonné des actions militaires visant les infrastructures civiles et imposant une punition collective à Ghaza, des actions décrites par l’ONU et les groupes de défense des droits de l’homme comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité», a écrit la fondation Hind-Rajab, avant de l’accuser de crimes de guerre et contre l’humanité.

Une autre victoire qui s’ajoute au palmarès de cette ONG qui traque les criminels de guerre israéliens à travers le monde entier et en a débusqué plus d’une trentaine d’entre eux qui s’ajoutent à plus d’une vingtaine d’autres poursuivis pour les mêles crimes par des associations pro-palestiniennes devant la CPI. 
 

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