Les Occidentaux laisseront-il se réaliser une telle ambition ? Il faudrait s’attendre à une réaction musclée du marché financier occidental pour sauver le dollar et contrecarrer l’entreprise des BRICS en forçant la baisse de la valeur de l’or.
Le prochain sommet des pays membres des BRICS prévu au mois d’août en Afrique du Sud va-t-il faire l’annonce de la naissance d’une nouvelle monnaie d’échange soutenue par l’or ? La chaîne de télévision russe RT a évoqué vendredi les bruits qui circulaient au sujet de cette monnaie des BRICS devant concurrencer ou déstabiliser l’hégémonie du dollar américain. Même si l’ambition est bel et bien affichée par les membres de l’organisation des pays émergents, sa concrétisation ne se fera pas de sitôt.
Leslie Maasdrop, directeur financier de la nouvelle banque de développement des BRICS, a tenu à calmer quelque peu les esprit en déclarant sur Bloomberg, que l’organisation «s’efforce actuellement de stimuler le commerce direct en utilisant les monnaies nationales des pays membres». Et de préciser que les BRICS ne sont pas près de créer une nouvelle forme de monnaie fiduciaire. Il s’agirait d’une «ambition à moyen ou long terme». Voulant rassurer les marchés, le même responsable a souligné que les projets de développement soutenus par la banque des BRICS dépendent encore du dollar.
Une déclaration contredisant bien celles émises par des responsables russes et brésiliens, et montrant ainsi que l’accord sur la monnaie unique n’est pas encore atteint. Du moins pas encore. Les discussions se poursuivront d’ici le 22 août et même peut-être au-delà. L’adoption d’une monnaie unique adossée à l’or bouleversera sans conteste l’ordre économique mondial.
En étant adossé à l’or, cette nouvelle monnaie ferait fléchir la valeur du dollar qui lui n’est pas lié à la valeur de cette matière première depuis 1971. Les pays membres de l’organisation des BRICS ont accumulé des quantités importantes d’or ces dix dernières années et la nouvelle monnaie sera une démonstration de force économique de ce groupe qui tend à s’élargir à d’autres puissances régionales. La Russie et la Chine sont deux parmi les plus grands producteurs d’or au monde et sont classés sixième et septième sur les 100 plus grandes réserves d’or au monde.
L’analyste financier Jim Rickards cité par le site Or.fr, prédit «le plus grand choc monétaire depuis 52 ans». Il estime que «si l’or passe de 2000 à 10 000 dollars l’once, il faudra s’attendre à une dévaluation de 80% de la valeur du dollar… Il s’agit d’un effondrement de la confiance». Le même analyste suggère aussi une perte de confiance aussi pour l’euro, la livre sterling et le yen.
La perte de valeur qui toucherait la monnaie américaine s’accompagnera inévitablement par une hausse de l’inflation ainsi qu’une hausse de la valeur de l’or et par ricochet de toutes les autres matières premières. Les pays producteurs de matières premières, comme les BRICS, seront donc bien servis par une situation économique qui leur sera favorable à différents égards. Ce qui favorisera l’utilisation de la monnaie des BRICS pour la vente des matières premières sur les marchés internationaux.
L’Occident laissera-t-il se réaliser une telle ambition ? Il faudra s’attendre à une réaction musclée du marché financier occidental pour sauver le dollar et contrecarrer l’entreprise des BRICS en forçant notamment la baisse de la valeur de l’or. Une guerre économique s’annonce déjà mais qui prendrait le risque de la déclencher ? Pour l’heure, les BRICS étudient toutes les options et avancent leurs cartes en fonction de l’évolution de la situation géopolitique.