L’Algérie œuvre à combler le vide laissé par la paralysie de l’Union du Maghreb arabe (UMA), une des huit communautés régionales sur lesquelles est bâtie l’Union africaine.
La réunion tripartite, début mars à Alger en marge du 7e sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, entre les présidents algérien, tunisien et libyen, vise à créer une nouvelle dynamique régionale.
C’est ce qu’a affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux. «Notre démarche est motivée par le vide existant actuellement au niveau régional. Même les autres pays africains nous le reprochent.
Il y a l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, etc. Mais il n’y a pas de bloc nord-africain. Alors, nous avons décidé de nous rencontrer pour coordonner et parler d’une seule voix», a expliqué le président Tebboune. Le chef de l’Etat a précisé que cette initiative a pour objectif de former un ensemble régional qui permettrait de coordonner les efforts en vue d’«unifier la voix» des pays membres sur de nombreuses questions internationales.
Il a ainsi rassuré qu’elle «n’est dirigée contre aucun autre Etat» et que «la porte est ouverte aux pays de la région». «Nos voisins de l’Ouest ont fait d’autres choix sans nous consulter», a-t-il relevé, allusion faite au Maroc qui œuvre depuis un moment à intégrer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le Conseil de coopération du Golfe. Le président Tebboune a rappelé dans ce sillage que l’Algérie entretient d’excellentes relations bilatérales avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie.
«L’Algérie n’est pas un état colonial»
Interrogé sur la situation au Mali et au Niger, le président de la République a affirmé que «l’Algérie ne s’est jamais imposée à ses pays voisins avec lesquels elle a toujours entretenu des relations de bon voisinage».
Rappelant que l’Algérie a toujours prêté main forte à ses voisins, le chef de l’Etat a assuré : «L’Algérie n’a ménagé aucun effort pour défendre l’intégrité territoriale du Mali et l’unité du peuple malien et continue, à ce jour, d’œuvrer dans ce sens.»
Tout en affirmant que les Maliens sont libres de choisir de régler leurs problèmes sans l’Algérie, le président Tebboune a prévenu sur le fait que «les expériences montrent que l’ingérence des étrangers dans les crises locales éloigne toute perspective de solution».
Rappelant que «l’Algérie n’a jamais été un Etat colonial ou exploiteur des richesses», il a considéré que «la conciliation et la réconciliation nationales entre les parties dans ce pays étaient l’unique solution».
Toujours dans le voisinage immédiat de l’Algérie, le président de la République a souligné la position constante de l’Algérie à l’égard de la cause du Sahara occidental, en tant que question de décolonisation. «Si nous utilisons la raison au lieu de la menace et de la force, nous parviendrons à une solution», lance-t-il.
«La visite en France maintenue»
Abordant sa visite en France prévue en automne, M. Tebboune a assuré qu’elle est toujours à l’ordre du jour. «Bien sûr qu’elle est maintenue», répond-il à une question relative au maintien ou non de cette visite qui a déjà fait l’objet d’un report.
«Elle est maintenue pour plusieurs raisons. Je crois que c’est un rendez-vous de l’histoire à ne pas rater, ce n’est pas uniquement un rendez-vous entre le président Macron et le président algérien», soutient-il, estimant que les relations bilatérales ont atteint «un niveau de maturité qui fait que nous voyons les choses comme nous devons les voir, sans émotion».
«Il y a un travail positif fait par l’Assemblée nationale française qui a reconnu le massacre des Algériens par Maurice Papon en 1961. C’est un pas positif. Il y a une commission mixte qui travaille sur la mémoire à laquelle nous tenons beaucoup.
Le dossier avance. Il y a aussi le fait que nous sommes devenus aujourd’hui un pays actif dans le bassin méditerranéen», ajoute-t-il, considérant que les relations algéro-françaises «ont besoin d’une refondation sans céder un iota sur le dossier de la mémoire».
Interrogé sur la dernière réunion du Haut Conseil de sécurité, qui s’est soldée par un communiqué dénonçant les agissements hostiles et nuisibles à l’Algérie d’un pays arabe sans le citer, le président Tebboune a affirmé que «l’Algérie ne s’inclinera devant personne», appelant ce pays (dont il n’a pas cité le nom) à «tirer des leçons des grandes nations que nous respectons et qui nous respectent».
Le chef de l’Etat a précisé que l’Algérie ne nourrissait aucune animosité envers ce pays ou tout autre pays, mais «nous leur disons que la patience a des limites».
Revenant sur la cause palestinienne, le président Tebboune affirme que «la prochaine bataille de l’Algérie consistera à permettre à la Palestine de devenir membre à part entière de l’ONU».
«C’est le principe de l’Algérie, indépendamment de ce que disent les autres, et grâce à notre crédibilité, la Palestine obtiendra la qualité de membre permanent, après être devenue un membre observateur», a-t-il ajouté, assurant que l’Algérie ne quittera pas le champ de bataille avant d’atteindre cet objectif.