Les pays de l'UE dépendent largement du pétrole et du gaz russes pour leur approvisionnement en énergie et ne peuvent tout simplement pas se passer, à court terme, de l’approvisionnement russe, a déclaré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
Une déclaration qui reflète l'état d'esprit de la plupart des dirigeants européens dont les économies reposent sur l'apport du gaz et pétrole en provenance de la Russie.
Ainsi, cibler le pétrole russe, comme l'ont fait les Etats-Unis et la Grande-Bretagne – et éventuellement le gaz – est un choix difficile et source de division pour l'UE des 27, qui dépend de la Russie pour 40% de son approvisionnement en gaz. «Trop de raffineries dans la partie orientale et occidentale de l'Europe dépendent encore complètement du pétrole russe, et avec le gaz, c'est encore pire», a déclaré le Premier ministre néerlandais aux journalistes après une rencontre avec le président lituanien, Gitanas Nauseda. «Nous devons nous défaire cette dépendance. Nous devons le faire aussi rapidement que possible, mais nous ne pouvons pas le faire demain», a ajouté Mark Rutte, cité par Reuters. L'Union européenne et ses alliés occidentaux, qui ont déjà imposé une panoplie de sanctions contre la Russie suite à son invasion de l'Ukraine, y compris le gel des avoirs de sa Banque centrale, discutent cette semaine de sanctions à venir contre le secteur lucratif de l'énergie russe.
D'intenses échanges diplomatiques sont en cours en vue de convenir de nouvelles mesures contre Moscou, mais les pays les plus dépendants de l’énergie russe ne semblent pas prêts à aller de l'avant dans une voie plutôt «hasardeuse» pour leur avenir énergétique.
Des diplomates ont déclaré à Reuters que les pays baltes, dont la Lituanie, font pression pour un embargo comme «prochaine étape logique», tandis que l'Allemagne, qui dépend beaucoup du gaz russe, met en garde contre une action trop rapide en raison des prix déjà élevés de l'énergie en Europe. «Il est inévitable que nous commencions à parler du secteur de l'énergie, et nous pouvons certainement parler du pétrole car c'est le plus gros revenu du budget de la Russie», a déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a, pour sa part, déclaré en arrivant à la réunion de l'UE, qu'il fallait «isoler le régime» en Russie, mais a refusé de répondre à une question sur ce qui pourrait déclencher des sanctions contre le secteur énergétique russe.
Le président américain, Joe Biden, a effectué jeudi une visite à Bruxelles, pour des entretiens avec les 30 alliés de l'Otan, l'UE et dans un format du Groupe des sept (G7) incluant le Japon, destiné à durcir la réponse de l'Occident à Moscou.
Le Kremlin n'a jusqu'à présent pas été incité à changer de cap en Ukraine par une série de sanctions de l'UE, notamment contre la finance et le commerce russes. Moscou a même averti que les sanctions de l'UE contre le pétrole russe pourraient l'inciter à fermer un gazoduc d'acheminement de gaz vers l'Europe.