Trêve à Ghaza : Les négociations toujours dans l’impasse

15/04/2024 mis à jour: 07:17
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Le mouvement Hamas a rejeté la proposition de trêve émise par Israël via les médiateurs américain, égyptien et qatari, mettant ainsi fin au nouveau cycle de pourparlers qui s’est tenu la semaine dernière au Caire. Hamas estime que l’offre israélienne ne répond à aucune des revendications principales de la résistance palestinienne.

 «Le groupe islamiste palestinien Hamas a rejeté une proposition de cessez-le-feu israélienne, affirmant samedi qu’il avait remis aux médiateurs en Egypte et au Qatar sa réponse à la proposition qu’il avait reçue lundi dernier (8 avril, ndlr). Après plus de six mois de guerre avec Israël à Ghaza, les négociations restent dans l’impasse, le Hamas persistant à exiger que tout accord doit mettre fin à la guerre », a rapporté avant-hier l’agence Reuters. «Nous réaffirmons notre attachement à nos exigences et aux exigences nationales de notre peuple», a fait savoir Hamas dans un communiqué diffusé samedi. Le mouvement de résistance palestinien rappelle que ces exigences consistent en «un cessez-le-feu permanent, le retrait de l’armée d’occupation de l’ensemble de la bande de Ghaza, le retour des déplacés dans leurs zones et lieux de résidence, l’intensification de l’arrivée des secours et de l’aide humanitaire et le lancement de la reconstruction (de Ghaza)».  

Si un accord de cessez-le-feu durable semble pour l’heure encore difficile à envisager, «le Hamas a déclaré qu’il était prêt à conclure un accord d’échange de prisonniers contre des otages avec Israël», indique Reuters. Cet accord qui ne porterait donc, le cas échéant, que sur le sort des Israéliens qui sont entre les mains de la résistance palestinienne, «verrait la libération de 133 otages qui seraient toujours détenus à Ghaza en échange de centaines de Palestiniens emprisonnés en Israël», selon Reuters.


Trêve tactique VS cessez-le-feu permanent


De son côté, Israël «veut garantir le retour des otages» tout en affirmant qu’«il ne cessera pas les combats tant que le Hamas ne sera pas détruit en tant que force militaire», précise l’agence britannique. Israël «affirme également qu’il prévoit toujours de mener une attaque contre la ville de Rafah, au sud de Ghaza, où plus d’un million de civils ont trouvé refuge». 

 La réponse du Hamas, faut-il le souligner, intervient quatre jours après le meurtre de trois fils d’Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, tués dans leur véhicule le premier jour de l’Aïd en compagnie de leurs enfants alors qu’ils se dirigeaient vers un camp de réfugiés dans la ville de Ghaza pour une visite familiale. Réagissant à cet horrible carnage qui a ciblé directement sa famille, le chef politique du Hamas a assuré que l’assassinat de ses fils ne changera rien aux positions de Hamas dans les négociations en cours et ne brisera pas sa détermination à lutter contre l’occupant. 


Le Mossad israélien, cité par l’AFP, a confirmé hier l’échec des négociations suite au rejet par Hamas de la proposition israélienne. Dans un communiqué publié hier, le Mossad a estimé que c’est Yahya Sinouar, le chef militaire du Hamas à Ghaza, qui a rejeté la proposition. Faisant le lien avec la riposte iranienne son attaque massive, samedi soir, contre Israël, le Mossad accuse Sinouar d’«exploiter les tensions avec l’Iran dans le but de provoquer une escalade dans la région». 

Pour rappel, le dimanche 7 avril, les émissaires palestiniens et israéliens ont rencontré au Caire les médiateurs de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis pour un nouveau round de négociations indirectes. «Israël s’oppose à un cessez-le-feu permanent et à un retrait complet de ses forces armées de la bande de Ghaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu se disant déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah qu’il présente comme le dernier grand bastion du Hamas», note l’AFP. Netanyahu a accusé Hamas d’être «le seul obstacle» à la trêve. 

Ce que Benyamin Netanyahu ne dit pas est qu’il ne cherche à obtenir qu’une trêve tactique de courte durée pour permettre à ses soldats de souffler. Une trêve qu’il conditionne par la libération de tous les otages, après quoi, il aurait les coudées franches pour «terminer le travail» et «achever Hamas à Rafah». Tel est son plan. La preuve ? Il a encore répété hier être fermement opposé à «la fin de la guerre et le retrait de l’armée israélienne de la bande de Ghaza» comme l’exige Hamas, car la fin de la guerre sonnerait comme un échec retentissant pour Tsahal. «Le gouvernement et les forces de sécurité sont unies dans leur opposition à ces demandes infondées», a insisté Netanyahu d’après un communiqué du bureau du Premier ministre cité par l’AFP. 


Des processions de déplacés attaquées

En l’absence d’un accord, l’armée israélienne a donc continué à semer sauvagement la mort à Ghaza en toute impunité. Samedi soir, les forces d’occupation ont encore mené des raids meurtriers dans l’enclave assiégée, en pleines attaques iraniennes contre Israël. Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza, 43 personnes ont été tuées et 62 autres blessées entre samedi soir et dimanche matin.

 Ces nouvelles victimes font grimper le bilan général de la guerre contre Ghaza à 33 729 morts et 76 371 blessés. La journée d’hier, qui correspondait au 191e jour de la guerre, a été marquée entre autres par des bombardements qui ont ciblé plusieurs habitations du camp d’Al Nusseirat, Al Maghraqa ainsi que le secteur d’Al Zahrah au centre de la bande de Ghaza, rapporte l’agence Wafa. Ces attaques ont fait 10 morts et plus de 20 blessés selon la même source. 

La marine israélienne a tiré des obus sur des zones urbaines à l’ouest de Deir Al Balah ainsi qu’à Khan Younès. L’artillerie sioniste a pilonné plusieurs maisons dans le quartier de Béni Souhila, Abassan et Al Zeina, à Khan Younès, faisant plusieurs blessés. Dans la ville de Ghaza, des raids ont visé des sites résidentiels à Haï Al Zaytoun, Tall Al Hawa et Cheikh Adjline, entraînant des blessures plus ou moins graves, indique Wafa. 

 La journée d’hier a été également marquée par des frappes qui ont ciblé une foule de déplacés qui tentaient de regagner leur région au nord de la bande de Ghaza. «Cinq citoyens, dont une femme, sont tombés en martyrs et d›autres ont été blessés ce dimanche à la suite de tirs provenant de l›artillerie de l’occupant visant des personnes déplacées dans la rue Al Rashid (dans la ville de Ghaza) alors qu›elles tentaient de retourner dans le nord de la bande de Ghaza», rapporte l’agence d’information palestinienne.  

Selon Al Jazeera, plusieurs blessés ont été évacués hier à l’hôpital Al Awda, dans le camp de Nusseirat, au centre de la bande de Ghaza. Ils ont été touchés par des attaques déclenchées là aussi contre des processions de déplacés qui tentaient de regagner le nord de l’enclave. Le porte-parole de l’armée israélienne cité par Al Jazeera a prévenu que «le nord de la bande de Ghaza est toujours une zone de guerre et nous n’autoriserons personne à y retourner».

 Plusieurs vidéos diffusées par la chaîne Al Jazeera et d’autres images partagées sur les réseaux sociaux montraient hier des cohortes impressionnantes de déplacés issus du nord de l’enclave empruntant massivement la rue Al Rashid, à Ghaza-City, et avançant à pied, malgré les raids, déterminés à retrouver leur foyer, même en ruines, eux qui ont dû fuir leurs maisons aux premiers jours de la guerre. 
 

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