La source thermale de Tifra, à 48 km au sud de Béjaïa, l’établissement, plus connu sous le nom de Hammam n Sillal, est fermé aux visiteurs depuis juin dernier pour des travaux de réhabilitation.
Le parking, surplombant ce bassin d’eau thermale creusé dans la roche, sur une rive d’un ravin, est tristement vide. Plus loin, un commerçant se morfond sur sa chaise. «Depuis la fermeture de cette ancienne station thermale, le commerce a baissé drastiquement dans le chef-lieu communal de Tifra. Ce sont tous les commerçants qui se plaignent, car il faut dire que c’est ce hammam qui draine les clients vers cette commune rurale.
Pratiquement, toute l’activité socioéconomique est construite autour de cette source et elle en dépend fondamentalement», dit d’emblée notre interlocuteur. A une centaine de mètres, le nouvel établissement thermal, lancé en construction vers l’année 2010, et réalisé en R+2+2 sous sols, sur une emprise au sol de 441 m², est à l’arrêt depuis près d’une dizaine d’années.
Gelé au temps des restrictions budgétaires de 2014, suite à l’écroulement des prix du pétrole, le projet a été relancé récemment au grand bonheur de la population locale et des amateurs du tourisme thermal. «Le sous-sol est pratiquement achevé, il ne reste plus qu’à l’alimenter à partir de la source principale. Mais les responsables de l’APC, laquelle est le maître de l’ouvrage, temporisent encore, estimant qu’il est plus judicieux d’achever tous les compartiments de la structure.»
Pendant ce temps, l’activité commerciale est plongée dans une léthargie profonde, à cause de la réduction de la mobilité humaine. Afin de mesurer l’impact et les désagréments de cette cessation temporaire des services du hammam sur le commerce, il suffit de vadrouiller le long de l’unique route, qui traverse la localité, le CW13. Gérants des cafeterias, restaurants et alimentations générales scrutent le moindre client. Il est midi.
Les rares occupants des tables sont des riverains attendant un hypothétique bus pour se rendre vers Sidi Aïch, le chef-lieu de daïra, en ce jour de marché. «Nous servons depuis un moment que quelques ouvriers des chantiers environnant et les usagers du service d’état-civil de l’APC», se désole un commerçant. Les indices de ce déclin de l’activité commerciale sont savamment démontrés par ce gérant de l’unique établissement hôtelier, qui a pourtant pignon sur rue.
Doté de 16 chambres, et situé à un jet de pierre de Hammam n Sillal, ce petit hôtel affichait complet presque à longueur d’année, le thermalisme étant une activité s’étalant sur toute l’année. «Parfois, ils nous arrivent même de rajouter des matelas dans les chambres, car on enregistrait d’importantes demandes d’hébergement de la part des visiteurs du hammam.
Alors, même lorsque les chambres sont pleines, nous nous débrouillons pour installer ceux qui n’ont pas réservé d’avance», se rappelle M. Bounehar, propriétaire de l’hôtel HHS. «Depuis quelque temps, la cadence est ralentie. Les agences de voyages, qui ont l’habitude de proposer ce circuit, reprochent le mauvais état dans lequel se trouve l’ancien bain.
Aujourd’hui, fulminent-il encore : «La suspension temporaire des services du hammam nous a contraints à nous séparer de trois employés, puisque nous n’arrivons à peine à héberger une dizaine de clients, comme ce fut le cas le mois d’août.»
Ce dernier estime que si les choses n’évoluent pas d’ici la fin de l’année, il craint d’abandonner cette affaire qu’il a engagée sous les encouragements des autorités locales, «qui m’ont accordé un crédit bancaire que je peine à rembourser».
Sur la même rue, un autre établissement d’accueil flambant neuf attend des jours meilleurs avant d’amorcer son activité, pour ne pas fonctionner à perte comme la majorité des commerçants du chef-lieu communal de Tifra.